"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Plein Vent, nouvelle maison d’édition dédiée à la bande dessinée et à la littérature jeunesse, propose en un seul volume, deux tomes : La peste et le choléra sorti en 2015 et Septicémie, sous le titre : Herr Doktor – Un destin sans retour.
Juillet 1940, Martin Wisenfall, médecin strasbourgeois rentre chez lui, de retour de cette guerre que l’on a appelée « drôle de guerre » et retrouve sa femme Elisabeth qui est juive et sa fille Solange, 6 ans. Le bonheur est de courte durée car le bruit court que les Allemands vont déporter tous les Juifs d’Alsace-Lorraine. Aussi il n’hésite pas à confier sa petite famille au cousin Samuel qui vit à Paris et a proposé de l’héberger. Déchiré de les quitter aussitôt retrouvés, Martin réussira bientôt à obtenir des laissez-passer grâce à un contact épistolaire qu’il avait avec un ancien confrère parisien au sujet de travaux sur les maladies infantiles. C’est ainsi qu’il pourra profiter de quatre jours semestriels pour les voir.
Mars 1942, il va se retrouver bien malgré lui engagé de force comme médecin militaire dans une division SS sur le front de l’Est et sera confronté aux horreurs de la guerre.
Martin fait la connaissance, en Ukraine, d’un prêtre, aumônier dans la Wehrmacht qui lui raconte ce qu’ont pensé les Ukrainiens à l’été 1941, lorsque les Allemands sont arrivés. Beaucoup les ont pris pour des libérateurs, pensant qu’ils allaient renverser le monstre Staline. Ils ont vite déchanté car aux persécutions staliniennes ont succédé les exactions hitlériennes… C’est là que Martin évoque le choix entre la peste et le choléra, titre du tome 1, et que l’aumônier lui propose alors la possibilité, peut-être, d’une troisième voie ! Ce sera le sujet du tome 2 intitulé Septicémie, cette infection généralisée qu’a été le nazisme et que Martin et son réseau approcheront au plus près afin d’en détruire la tête.
Pendant ce temps, à Paris la surveillance des Juifs s’organise avec, entre les 16 et 17 juillet 1942, la monstrueuse rafle du Vel’ d’Hiv’ dont Elisabeth fera les frais.
C’est un superbe album que le scénariste Jean-François Vivier a imaginé, mêlant fiction et réalité historique, tout en maintenant le suspense jusqu’au bout nous laissant en plus entrevoir dans une dernière bulle très cynique le destin réservé à Martin et du coup le sujet du tome 3 !
Il pose notamment cette question essentielle, à savoir comment il est possible de rester humain dans l’inhumanité. De plus, comment ne pas être interpellés par cette phrase adressée à Martin par un officier SS : « La vérité c’est que vous êtes un faible et que les faibles deviennent toujours complices par leur silence ».
Dans Herr Doktor, l’auteur nous fait vivre de vrais moments d’histoire comme la rafle du Vel’ d’hiv’ en juillet 1942, mettant en scène des actions d’humanité et de de générosité au cœur même de cette arrestation massive des Juifs. Est évoquée la grande famine de 1921 dans l’Ukraine soviétisée pour laquelle deux pages aux dessins très touchants et très explicites lui sont consacrées.
La deuxième partie, axée sur cette mission confiée à Martin et que je me garderai de révéler permet au lecteur de faire plus ample connaissance avec cette Eva Braun, la maîtresse d’Hitler que l’on connaît finalement assez peu et de s’approcher de la résidence privée d’Hitler, Le Berghof, dans les Alpes Bavaroises. C’est aussi Berlin en 1945, avec ses rues, véritables champs de ruines, les femmes allemandes violées par les Russes, des enfants en costumes militaires, armes à la main et cependant un concert à la philharmonie le 12 avril, soirée surréaliste s’il en est, où les musiciens jouent… Le crépuscule des dieux de Wagner ! Dessin de Denoël une nouvelle fois très évocateur.
Les dessins de Denoël colorés par Anna sont d’ailleurs classiques et très réalistes, comme je les aime. les décors sont soignés et les visages expressifs.
Herr Doktor est un album proposé pour les jeunes dès 15 ans, mais il s’adresse en fait à tout public tant il est riche et instructif. J’attends avec impatience la suite.
Je remercie sincèrement les éditions Plein vent et Babelio pour m’avoir permis de découvrir ce superbe album.
Chronique illustrée à retrouver sur : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
Honoré d'Estienne d'Orves est un grand homme, un héros dont l'on connait peu l'histoire. Je savais qu'il était un grand résistant, mais son histoire je ne la connaissais pas. Cette BD permet à ses lecteurs de connaitre la biographie de ce grand résistant, son courage, sa bravoure, ses convictions. le graphisme est très agréable et adapté à cette histoire. Toutefois je n'ai pas accroché.. J'ai eu l'impression de lire un exposé, un résumé chronologique de la vie de cet homme. Faire rentrer sur un volume sa vie de sa naissance à sa mort impose des compromis, le plus grand ici est que l'on n'est pas transporté dans l'histoire, cette liste de faits semble écrite dans l'urgence. J'aurai préféré que les auteurs accentuent certains passages en en omettant d'autres. J'ai beaucoup lu de BDs sur la 2nd guerre mondiale et sur certains résistants et n'ai jamais ressenti cela.
Finalement une BD à faire lire à des ados qui étudient la 2nde guerre mondiale afin d'augmenter leurs connaissances, mais non à des personnes qui souhaiteraient en connaitre plus
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