Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
« Nous serons présents, mais sous un faux nom, et absurdes, a dit l’inquiet, de notre absurdité étayant la thèse de notre inexistence. » Danielle Mémoire. « Les enfants Corpus ».
« Sur la photo, quatre jeunes gens assis côte à côte sur une banquette. » Sabine Oloron rassemble l’épars. Elle a pour devoir d’écrire un article au sujet de cette photo emblématique qui sera le fil rouge de « L’inexistence ». Historienne et pragmatique, elle va faire des recherches. Déjà, trois sur quatre des personnages ne sont pas des anonymes. Ilya Rehberg jeune dramaturge sensible à l’idiosyncrasie Kadienne, Nina Fischer, résistante, engagée et active pour Le Secours aux réfugiés. Jean Faber, militant au Parti ouvrier, fiché par la police pour terrorisme. Qui est le quatrième homme de la photo du café Ludwig ? Eh bien c’est Carel Ender, fonctionnaire de l’administration impériale à Privine. Fils d’un industriel très aisé au réseau des plus influents. On ressent une ambiance emmêlée de fiction et au réalisme avéré. La trame prend vie dans le génie de David Turgeon. C’est un livre en noir et blanc, cousu d’un passé qui remonte à la surface paraboliquement. Une mise en abîme olympienne et sociétale.
« On a souvent parlé de ce bouillonnement intellectuel qui avait lieu à Privine qui touchait des métiers et des corps sociaux si divers. »
« C’est la matière dont sont faits les grands mythes socioculturels. »
Carel Endel dresse la table de « L’inexistence ». Ses amis assemblés, passionnés et révoltés. Isabelle Van Duck est fondatrice d’une résidence à l’instar de l’auberge espagnole, langage utopique. Elle rassemble ces hommes et femmes en quête d’une révolution pacifique. Les allusions politiques sont troublantes, écorchées vives au fronton des rappels : changer le monde, la question Kadienne est siamoise avec le judaïsme. Le récit-fable bleu-nuit, tremble sous les signaux. Le racisme, le mal qui gronde aux frontières, les ombres dans les ruelles, l’immigration refoulée, les pauvretés et les faux-semblants de Privine qui se dévoile en symbole, la copie fidèle de notre contemporanéité. L’inexistence, flottement entre deux rives, l’invisibilité des actions souterraines, pourtant des points d’appui pour ces êtres en mutation des intériorités sont fabuleux malgré le fait qu’ils soient perfectibles. Mais n’est-ce-pas la vie même qui est perfectible ? Ces êtres vont s’aimer, s’unir en diapason d’idéologie, s’entredéchirer, se risquer au monde et à la fragilité des courants contraires.
« Le vivant en particulier était pétri d’une pensée primordiale, arborescente, qui déterminait la forme et la finalité de chaque espèce. Il y avait même une pensée de la pierre. »
Carel est démystifié. Fragile, malade, un quasi anti-héros et pourtant si lumineux si assuré de sa part de responsabilité. Ce groupe d’hommes et de femmes encerclés, soudés par les conséquences de leurs cheminements sont dans ce grand livre, le voile levé sur nos ombres.
« Cependant il restait pour les Kadiens des groupes qui boudaient leurs efforts : l’homme disaient-ils, n’avait pas le droit de reconstruire le pays perdu. Ces personnages que les Kadiens appellent les derniers justes. Les derniers justes n’y entrent pas, il faut affronter seuls les grandes forêts noires. »
L’inexistence et pourtant tant de cailloux semés sur les voies de traverse. On pourrait annoter des pans entiers de ce miracle d’écriture. Écoutez :
« Les trams dansaient leur chorégraphie du soir. »
L’inexistence, l’effacement, la raison résiste et devient macrocosme. Ce livre des liens, du liant et des convictions est la preuve que l’inexistence est matière et souveraine. Comprendre et saisir cette chance à pleines brassées. Ce récit est d’estime et de devoir « du dernier témoin conservant la mémoire de l’ancienne langue » « ils applaudissaient l’allégorie, ils applaudissaient le symbole, ils s’applaudissaient eux-mêmes dans l’espoir de se donner un peu de courage. »
« Ne pas exister, ça ne se peut pas. Ça ne se peut pas, l’inexistence »
« L’inexistence » est un futur classique, incontournable, précieux. Publié par les majeures Éditions Le Quartanier éditeur.
C'est le moment pour moi d'avouer à la face du monde (enfin plutôt à celle de Lecteurs.com mais reconnaissez que ça en jette moins) que je ne comprends jamais rien aux histoires d'espionnage. Suivre l'intrigue d'un James Bond est pour moi mission impossible. Les romans de John le Carré sont pour moi aussi incompréhensibles qu'une notice de montage Ikéa. C'est qui le gentil, c'est qui le méchant ? Qui est copain avec qui ? Dormant, transfuge, double, je m'y perds très vite.
Par conséquent, si j'avais su que Simone allait m'emmener dans cet univers, je n'aurais pas fait ce choix de lecture… et pourtant j'y ai trouvé mon compte, sans doute parce que les sphères du renseignements ne sont pour l'auteur qu'un prétexte à jouer avec la langue, à créer un roman-farce.
Difficile de résumé ce livre à la trame mouvante mais voici ce qu'il faut savoir :
On rencontre Simone, dessinatrice de nu qui connait le succès. Autour d'elle gravite tout un petit monde. Sa future ex-fiancée Faya, son futur quatrième mari Fabrice Mansamé espion de profession (aussi connu sous le nom de Charles Rose), son galeriste Alban Wouters, un ami prof de dessin, une princesse, une chanteuse de groupe de rock et quelques gars à la mine patibulaire. Tout cela se déroule dans une ville fictive que l'on peine à placer sur la carte et une république qui n'en a que le nom. Ce qui est bien réel par contre c'est l'énorme diamant qui fait envie à tous et qui va passer de main en main.
David Turgeon exécute un véritable numéro d'équilibriste bourré de digressions et de récits gigognes avec une histoire qui semble s'inventer au fur et à mesure, en permanente construction. Tout cela nous donne un récit un brin alambiqué dont je ne suis pas sûre d'avoir tout compris, une histoire légère dont je doute garder longtemps en mémoire tous les détails mais qui a le mérite de m'avoir fait passer moment sympathique.
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