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Tome 1 Du Moyen Âge au XVIIeme siècle
Coup de coeur pour ce très bel ouvrage !
Comme le dit si bien Titiou Lecoq dans la préface, nos souvenirs scolaires des grands noms de la littérature sont masculins. Cela signifie t-il que les femmes n’écrivaient pas ? Si oui, par choix ou par obligation ? Quand ont-elles commencé à prendre la plume et sous quelle forme ? N’y avait-il vraiment que des auteurs masculins ? Ce très beau livre nous prouve le contraire !
J’ai découvert de très beaux textes, accompagnés d’explications historiques et contextuelles.
Des poèmes, des chants, des pièces de théâtre, des nouvelles, des contes, des fables, des ballades, des essais, des romans aux thématiques variées et riches telles que l’histoire, l’égalité, la politique ….
Les femmes étaient bien présentes !
J’ai lu avec beaucoup de plaisir les beaux textes de Marie-Anne Barbier, Catherine Bernard, Marie de France, Marguerite de Navarre, Marie de Romieu, Marie Dentière, Christine de Pizan, Marie de Sévigné…..
Des textes touchants, passionnants et forts qui m’ont fait découvrir ces grandes dames oubliées mais bien présentes dans l’histoire de la littérature.
Un vrai coup de cœur à lire, relire et offrir !
Hâte de découvrir le tome 2 du XVIIIe au XIXe siècle.
Daphné Ticrizenis, la directrice littéraire du présent livre, et qui a travaillé pour des ouvrages scolaires, a fait l’amer constat de la quasi-absence des autrices dans les manuels. L’idée de palier à ce cruel manque est née. « Autrices » est le premier tome consacré à ces « oubliées » de la littérature ; pour commencer, du Moyen Âge au XVII° siècle.
Car les femmes ont toujours écrit, certes l’exercice était plus rare que pour les hommes voire plus dangereux, et ce, depuis le Moyen Âge en commençant par les « Trobaintz », mot occitan pour désigner les femmes qui dès le XII° siècle écrivaient, chantaient et signaient de leur propre nom leurs proses et leurs vers. Les troubadours au féminin.
Titiou Lecoq, qui signe la préface et remet quelques pendules à l’heure, revient sur le vocable qui fait le titre du document. Ce terme n’est pas né d’aujourd’hui, il vient du latin « Auctrix » et est couramment employé jusqu’au XVII° siècle. C’est dans la première moitié de ce même siècle qu’est créée l’Académie française avec l’élaboration d’un dictionnaire aux bons soins d’une confrérie de petits hommes verts – et ce jusqu’à pratiquement la fin du XX° siècle soit dit en passant – qui a décidé de laisser une large place à la domination masculine dans le vocabulaire et la grammaire. Autre fait notoire et révélateur : la règle de proximité qui accorde le genre et éventuellement le nombre de l’adjectif avec le plus proche des noms. Cette règle disparait progressivement, bien que Racine l’utilise encore. Personnellement, si mon pelage se hérisse avec l’écriture inclusive, je souhaiterais de toute ma noisette que revienne cette règle grammaticale de la proximité.
Romans, sonnets, ballades… moult pages oubliées et qui méritent de revenir dans nos cœurs de lectrices et lecteurs. Ces femmes n’étaient pas seulement des artistes de la plume, elles étaient des combattantes en chantant leur féminité et en revendiquant la liberté et l’égalité.
Quelques exemples parmi la cinquantaine de portraits
Christine de Pizan, qui reste peut-être malgré tout la plus connue des autrices du Moyen Âge. Pourtant combien savent que le célèbre proverbe « Qui veut tuer son chien l’accuse de la rage » vient d’une de ses ballades où elle exprime sa colère contre les mensonges des hommes et leurs « faux plumages ». Elle reste aussi celle qui se souleva contre la misogynie, l’attaque la plus virulente reste contre celle du Roman de la rose (la partie écrite pas Jean de Meun). Pour récompense elle fut jusqu’au XX° siècle méprisée et censurée !
Louise Labé – traitée de courtisane pour ses écrits poétiques et sensuels – réclamait au XVI° siècle le droit d’accès à l’écriture pour les femmes et qui deviendrait une émulation collective ; les hommes ne pourront qu’écrire mieux en lisant ce que sont capables ces dames.
Catherine de Parthenay, protestante passionnée, a mis tout son talent au service de la cause des Huguenots et tentée de faire entendre sa voix sur la scène politique comme lors de la prise de La Rochelle en 1627, en vain hélas car la famine a offert la victoire à Richelieu. Néanmoins, elle continue à défendre ses idées jusqu’à la fin de sa vie. Surnommée « La grande Catherine » dans le Poitou elle laisse des innovations féministes littéraires comme la satire politique et le ballet (face à son utilisation royale…).
Marie de Gournay, plus connue comme l’éditrice de Michel de Montaigne, elle publie pourtant en 1622 « Égalité des hommes et des femmes » et reçoit – fait exceptionnel – une pension du roi pour son travail et peut ainsi vivre de ses écrits. Cela n’empêche les sarcasmes de tomber en tempêtes sur cette femme qui brandissait l’oriflamme de l’indépendance en restant célibataire.
Madeleine de Scudery, l’une des pionnières du roman moderne qui a connu un grand succès et qui a même été reconnue, peut-être dû en partie grâce à son succès littéraire qui lui permettait d’être indépendante financièrement. Célèbre est le salon littéraire qu’elle avait créé mais qui entraîna de nombreux sarcasmes de la part de la gent masculine.
Marie-Catherine d’Aulnoy fait partie de ces autrices qui ont publié de nombreux contes de fées, bien plus que leurs homologues masculins le genre étant à cette époque quasi-exclusivement féminin. D’ailleurs Charles Perrault publie anonymement « La belle au bois dormant » en faisant croire qu’il a été écrit par une femme, une façon de « défendre la présence des femmes dans le domaine littéraire ». Pourtant, il restera immortel – dans tous les sens du terme – et Marie-Catherine d’Aulnoy n’accèdera pas à la postérité malgré avoir écrit trois fois plus de contes que le sieur Perrault.
Suite de la chronique sur le blog "Le domaine de Squirelito" https://squirelito.blogspot.com/2022/12/unenoisette-un-livre-autrices.html
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