"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Explorateurs 2017 - chronique de la page 200 ...
Je me suis permise de pousser jusqu’à 200 pages avant d’écrire ces quelques lignes, le livre en contenant pas loin de 1000. Natalie est, dans sa vie privée, une jeune femme qui développe une imagination délirante, peuplée d’animaux et de conversations étranges. Elle a en outre des conduites sexuelles déviantes. Dans sa vie professionnelle, elle est auxiliaire de vie dans un centre pour personnes inadaptées, où elle prend en charge un ‘harceleur’ dont l’amour obsessionnel pour un autre homme a conduit la femme de celui-ci au suicide, mais, chose extravagante, le harcelé rend désormais visite régulièrement au harceleur.
J’ai plutôt tendance en général à privilégier la qualité à la quantité, ici je reste sur ma faim. C’est long, très long, et j’ai plus que hâte que cette interminable introduction nous permette d’entrer dans le vif du sujet. L’ambiance malsaine est posée, reste à savoir maintenant ce que nous réserve la rencontre de ces personnages dérangés.
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Avis final
Près de 1000 pages qui nous immergent dans le monde de Natalie, une jeune femme épileptique, anorexique, et un peu déjantée, dont l’imaginaire est très puissant, peuplé d’animaux, de rêveries, et de jeux autours des mots : elle associe des images aux sonorités, et développe ainsi des concepts complexes à partir d’un mot. Elle travaille dans un centre pour personnes inadaptées comme auxiliaire de vie, où l’un des résidents en fauteuil roulant est un ancien ‘harceleur’ : par amour obsessionnel pour un autre homme, à force de lettres, calomnies, pressions, il a poussé la femme de celui-ci au suicide. Dans une atmosphère très malsaine, le harcelé rend désormais visite régulièrement au harceleur, et le torture psychologiquement, ce qui ne semble gêner personne à part Natalie. Peu un peu, elle s’insinue dans cette relation, et entre dans le jeu de la manipulation de ce thriller psychologique.
Très honnêtement, l’introduction est longue, près d’un tiers du livre pour poser le contexte, les personnages, l’ambiance … mais il faut persévérer. Le style est moderne, rythmé, et très vivant, à travers de nombreux dialogues et tchats. J’ai beaucoup aimé son côté imagé, avec des associations extrêmement pertinentes et frappantes. L’une de mes préférées : ‘[…] un secret encore inaccessible, mais dont on devinait l’existence, un petit secret tout rond comme une cerise vermeille sur le sol d’une vaste et sombre cathédrale’.
Lorsque l’imagé est au second degré, c’est franchement drôle : Natalie a des idées qui semblent très naturelles de fendre le crâne de son interlocuteur avec une hache, ou de pousser le fauteuil roulant dans les escaliers. Le personnage en fauteuil roulant est surnommé Superman tout au long de l’histoire.
Maintenant, ces 1000 pages étaient-elles nécessaires ? Il fallait probablement du temps pour permettre une immersion totale dans cet univers. Le dénouement n’a finalement pas d’importance, on vit cette histoire à travers Natalie, presque physiquement et avec beaucoup d’émotion, page après page, au rythme des petites victoires qu’elle remporte auprès des résidents du centre, de la confiance gagnée, avec elle-même autant qu’avec les autres. Pourquoi les femmes sont-elles des guitares ? C’est encore une histoire d’image …
Natalie est une jeune femme bien singulière. Atteinte d’épilepsie, elle entretient avec le langage une relation échevelée drainée par une imagination débordante à la limite de la paranoïa. Les mots pour Natalie ont une tonalité psychique et fantasmagorique, elle élabore dans sa tête à partir d’un simple mot entendu, une situation rocambolesque, parfois loufoque mais aussi poétique : « Primesautière ?... Elle imagina un chien plongeant comme un dauphin dans un champ de blé ». Natalie est une jeune femme bien singulière. Elle enregistre des bribes de conversations des passants, des mots entendus à la volée, elle élabore ensuite avec ce matériau des phrases qui ne font pas sens , pour s’amuser, pour vaincre son isolement.
Elle ne se sent en sécurité que dans son monde intérieur « la chambre à la pièce » qui me fait penser à la chambre à soi de Virginia Woolf, une chambre qui l’encourage, l’aide à surmonter ses chagrins, l’aide à vivre. Les mots sont sa vie, qu’ils prennent la forme de monologues avec le chat ou des échanges dématérialisés avec son ex petit-ami.
Et pourtant, cette jeune femme bien singulière va aiguiser son sens de l’observation et de la réalité, surpasser ses peurs et mettre à profit sa fine intuition et son imagination débridée afin de cerner le drame qui se joue dans l’institut médical pour personnes handicapées où elle occupe son premier emploi. Tout au long de ces 900 pages, je n’étais pas détendue en raison de la personnalité bordeline de Natalie, j’avais peur pour elle, j’avais peur d’elle, de ses actes, de ses sorties nocturnes « au souterrain », au scénario joué d’avance et qui la met en danger. Un malaise dû également au cadre hospitalier et aux jeux pervers des protagonistes.
Je trouve l’écriture fluide et agréable à lire grâce aux chapitres courts et aérés. Mais le rythme est monotone, l’intrigue n’est pas à la hauteur de ce que j’attendais et que les premières pages faisaient entrevoir. Les dialogues manquent de saveur, n’expriment que le quotidien et sont parfois superflus et redondants ou bien c’est la traduction qui est mauvaise. J’ai également été noyée par des pages complètes de descriptions digressives qui m’ont éloignée du cœur du roman. J’ai été gênée par des phrases en anglais qui ponctuent régulièrement le roman et qui sont pour moi sans intérêt.
Les nombreux personnages secondaires qui gravitent autour de Natalie, des hommes principalement, m’ont empêchée d’atteindre la personnalité complexe de Natalie, je n’ai pas réussi à franchir la distance qui me sépare d’elle.
J’ai quand même aimé la manière dont Natalie appréhende le monde, son imaginaire figuratif souvent drôle et sympathique, un retrait intérieur qui lui fait poser sur les êtres et les choses un regard neuf, curieux et bienveillant.
Mais cela n’a pas suffit pour éveiller mon intérêt et je reste sur une déception.
Mon avis de la page 100.
J'avoue que les 990 pages de ce livre m'impressionnent mais fort heureusement le roman est découpé en chapitres courts et titrés, les paragraphes sont aérés, la lecture n’est donc pas désagréable mais je n'arrive pas à entrer complètement dans l'histoire.
Le décor du roman est un établissement médical où Nathalie est la nouvelle référente de deux pensionnaires dont un stalker autrement dit un harceleur qui écrit des lettres à sa victime, le docteur Hollberg qui étrangement continue à lui rendre visite.
La personnalité borderline de Nathalie me déstabilise un peu, je ne suis pas attirée par l’univers médical qui me fait peur alors je continue pour l’intrigue sous jacente qui est celle du rapport inquiétant et perturbant entre le harceleur et sa victime et si les rôles au final ne vont pas s’inverser.
Je continue pour le mystère psychologique, je verrai par la suite si le roman se construit en profondeur et si j’arrive à m’attacher vraiment à Nathalie.
Natalie a été sujette quelques années plus tôt à de graves crises d'épilepsie; luttant souvent pour en éviter le retour, elle vient de terminer avec succès une formation annuelle très éprouvante pour être auxiliaire de vie dans une résidence médicalisée pour handicapés physiques et mentaux.
Elle devient l'auxiliaire référente de deux patients lourdement handicapés qu'elle assiste dans leur vie quotidienne. Le premier reçoit régulièrement la visite de son épouse et de ses enfants mais les visiteurs restent à l'extérieur de la résidence et n'échangent avec lui que des sourires et signes de la main qu'il leur retourne en s'appuyant au rebord de la fenêtre de sa chambre..."invisibles pour ces gens sur la pelouse,ses jambes bougeaient, se tordaient, se crispaient...maintenir un contact visuel avec sa famille pendant quelques minutes l'exténuait"
Le second s'apprête longuement, une à deux fois par semaine, pour accueillir le seul visiteur qu'il reçoit et dont il est follement amoureux. Nathalie apprend auprès de ses collègues que cet amour harcelant et obsessionnellement pervers qu'il a développé vis à vis du visiteur a conduit quelques années plus tôt l'épouse de celui-ci au suicide...personne parmi le personnel ne semble trouver à redire au curieux "arrangement" qui unit quelques années plus tard le stalker bourreau dans son fauteuil roulant et la victime sur ses deux pieds. Elles admirent toutes la grandeur d'âme de la victime..."H passait un moment à côté de celui qui avait détruit sa vie et parvenait à respirer normalement". Natalie va constater au fil des rencontres que la réalité n'est pas aussi simple "il y avait une erreur, quelque chose clochait"; la tension psychologique entre les trois personnages ira crescendo jusqu'à l'explosion.
Le monde dérangeant et terrifiant dans lequel l'héroïne évolue, sa fragilité mentale, ses émotions, ses inventions sont le véritable thème du roman. Sortie du travail, elle promène sa silhouette androgyne (et asymétrique selon un de ses patients) entre son appartement, son ordinateur et le "Souterrain" bar coopératif underground où elle se réfugie entre deux "maraudes". Trois hommes traversent son parcours, le premier est un soupirant qu'elle a décidé de laisser soupirer et qui lui sert, quand tout va mal, de déambulateur de secours. Elle aime le second mais en vain; quant au troisième il finira par mourir de l'avoir aimée.
Si l'on réussit à franchir la lenteur du début, si l'étrange ne fait pas peur, si la curiosité est la plus forte alors un univers parallèle s'ouvre, peuplé de choses, d'animaux et de pensées extravagants:
Des chocolats fourrés à la souris, le principe de la caméra cachée, les « cum cookies » dont je vous laisse découvrir la traduction p 260, des guitares, une souris blanche sur l'épaule pour vaincre l'arthrose, "une voiture de police...vide, (qui) se reposait seulement au soleil" ou "le regard de Dieu qui était une prise de courant" ne sont qu'un tout petit échantillon des trouvailles dont ce roman foisonne.
Décalé, déconcertant, déroutant, dérangeant ce roman volumineux ne m'a pas laissé indifférent.
Même si j'avoue avoir eu envie aux environ de la cinquantième page de le déposer définitivement, cet univers a fini par prendre beaucoup de place; il pose sans cesse des questions et donne envie de lire le chapitre suivant (dix pages de plus, allez encore un petit effort !) pour y trouver (peut-être) la réponse (qui n'y est pas)... et les chapitres s'enchainent jusqu'au dernier. En y réfléchissant, une fois la lecture terminée, j'ai aussi l'impression d'avoir lu en creux une sorte de Germinal des aides-soignants. La dimension sociale n'est pas apparente (elle ne se plaint jamais, il n'y a aucune lutte sociale, elle est peu payée mais s'en contente et vit de très peu) mais sous-jacente sur le monde de ceux que les syndicats de la fonction hospitalière mettent toujours en première ligne des manifestations parce que personne n'oserait les traiter de privilégiés. Ceux qu'on ne croise que le jour où le malheur nous frappe, nous ou un très proche; ceux qui restent quand le visiteur s'éloigne, ceux à qui on demande tant pour donner si peu; ceux qu'on n'espère ne jamais revoir.
Ce gros pavé m'a dérangé mais, au final, je me suis arrangé pour aller au bout d'un voyage qui en valait la peine! Comme le dit une des collègues de Natalie à propos de "l'arrangement", "ça prend un moment...avant d'être dedans".
Mon ressenti à la 100ème page:
Natalie l'héroïne de cet effrayant pavé trouve un emploi d'auxiliaire de vie dans une résidence médicalisée pour handicapés physiques et mentaux. Son monde intérieur riche et baroque, ses rapports peu conventionnels avec les autres, sa fragilité et la description de ses nouveaux collègues sont l'objet essentiel de cette longue, très longue introduction.
C'est bien écrit avec quelques formules percutantes (H correspondait à l'idée qu'on se faisait d'un veuf...un homme en train de jouer les arrêts de jeu du match de sa vie) mais j'avoue ne pas avoir vraiment apprécié les animaux et cadeaux aussi virtuels qu'imaginaires, les maraudes et les tchats devant le chat (qui lui me semble t'il est réel).
J'ai repensé à mon impatience d'adolescent devant l'interminable description de la pension Vauquer inconscient que j'étais que la publication en était faite en feuilleton et que Balzac était rémunéré à la copie et donc à mes dépens.
L'envie d'égarer définitivement ce kolossal ouvrage ayant été fort heureusement refoulée, je formule le voeu, avant de me lancer à l'assaut des 800 dernières pages, de sinon réussir à apprécier le monde onirique des personnages au moins y découvrir l' intrigue qui semble pouvoir se nouer autour de la relation d'un patient et de son unique visiteur régulier.
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