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Clemence Renard

Clemence Renard
Clémence Renard, née en 1991, a enseigné le français à Chicago et l'enseigne aujourd'hui à Athènes. Elle est la co-fondatrice du projet « Une fois, une voix », un concours de podcast documentaire pour les ados francophones du monde entier.

Avis sur cet auteur (1)

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    Couverture du livre « Dans l'oeil de la tempête » de Clemence Renard aux éditions Fugue

    Evlyne Léraut sur Dans l'oeil de la tempête de Clemence Renard

    Le charme d’un livre qui dévore l’imprévisible. Une fresque contemporaine, sensible et réaliste. Une immersion sociétale, juste et implacable. Les tragédies « dans l’œil de la tempête ». Le roman se situe en Amérique à Chicago. L’histoire dépasse les frontières et les océans. Elle pourrait être...
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    Le charme d’un livre qui dévore l’imprévisible. Une fresque contemporaine, sensible et réaliste. Une immersion sociétale, juste et implacable. Les tragédies « dans l’œil de la tempête ». Le roman se situe en Amérique à Chicago. L’histoire dépasse les frontières et les océans. Elle pourrait être sur le rebord de nos fenêtres, entre nos murs et nos cœurs.
    Témoin critique de notre monde, Clémence Renard, observe avec attention, les trois protagonistes principaux.
    Céleste, une jeune fille en proie à la folie de son père, pervers et fou amoureux de sa propre fille.
    Anthony qui sombre dans l’addiction technologique. Compte les battements de son cœur au rythme des messages reçus avec des petits cœurs pour toile de fond.
    Suzanne piégée par son mari, complètement embrigadé dans une communauté évangélique.
    Nous les suivons comme notre ombre. Le récit est de pluie et d’authenticité. Les sentiments vifs, exacerbés, contrôlés par la main de maître de Clémence Renard.
    Les croisements sont des miscellanées, des fulgurances de nos troubles sociologiques. L’ère moderne attise l’œil de la tempête. Souffrir pour mieux se relever. S’émanciper pour atteindre la voie. Personnages si vivants, dans un huis-clos où chacun (e) se heurte à ses propres turbulences.
    Céleste, dont l’amie Zoé sera son sauveur. L’amitié soupape, contre les risques d’un père paranoïaque qui filme sa fille jour et nuit en cachette ou pas. Il pense côtoyer sa femme décédée. Le transfert malsain est une détonation. Céleste étouffe, ploie comme le roseau, pétrie d’angoisses et de souffrances. Le tête à tête avec son père machiavélique devient un tsunami. Le vent s’engouffre sur son corps frêle d’adolescente, jusqu’au jour où.
    « Mr F. sort la caméra de son sac à dos. Céleste ne l’avait pas vu l’emporter. Gros plan yeux et visage ».
    « Bon, bon, allez, ça suffit. Mais je t’aime, ma grande. Si tu savais comme je t ‘aime. Dis-moi que tu le sais, tu le sais, hein, que je t’aime ? Sans toi, je n’ai plus rien. C’est bien simple, je n’ai plus rien ».
    Céleste est le rocher de Sisyphe. Une danseuse étoile dans le sombre de ses jours. On admire ses courages et la montée des eaux qu’elle retient au creux de ses mains coquilles et guerrières. La caméra premier signal d’une tempête dévorée par les authenticités.
    Anthony est un garçon fragile et solitaire, courbé sous les affres d’une quête d’identité. Il se percute contre ses déboires amoureux. Il a le complexe de l’Albatros, il se prend les pieds (ailes) dans le tapis. Son allié, son téléphone, son ordinateur, sa puissance virtuelle contre ses échecs amoureux. C’est un anti-héros lisse et effacé qui frôle les murs et ne tient qu’au fil de j’aime sur son profil. Les réseaux sont son double, la traversée du miroir. Hyperconnecté, sa mère fuyante et absente, il est une brebis égarée en plein courant d’air, dans l’œil d’une tempête qui va tout bousculer. « Un incel » comme le dit la quatrième de couverture. Un jeune homme qui n’a en main qu’un as de pique. Un être perdu dans les méandres flous d’une émancipation impossible. Les relations virtuelles sont à l’instar d’un frigo vide. Il se pressent affamé, mais persiste dans son addictologie virtuelle. Jusqu’à quelle avancée de la tempête résistera-t-il ?
    Suzanne. Ah ! Suzanne, celle dont la vie est réglée comme une horloge. Ou plutôt au rythme d’une maison connectée à outrance. Figée dans un conformisme au paroxysme avéré, elle est embrigadée, elle aussi. Ses sentiments comme ceux de Céleste et Anthony dévorés, tous, par une société virtuelle. Son mari est membre (elle aussi), d’une communauté évangélique. Il est sous emprise mentale. Ne pense qu’à agir en fonction de cette dernière. Suzanne, mère au foyer, humiliée et ignorée, pressent l’heure d’un vent violent. Les rouages s’affolent. Son cœur bat la chamade. Elle est prisonnière dans une cage dorée qui vole dans tous les sens. Les courants d’air comme des soupapes de sécurité. Elle comprend, réagit et fuit. Tant son mari est un bloc d’une religiosité malsaine. Il va se marier avec sa fille. Un rituel digne d’un conte incestueux. Le gourou a frappé. Mais dans ce récit, il y a aussi des belles envolées de tendresse, d’amitiés, des chasses aux éclairs, l’œil du cyclone photographié en instantané, comme une rédemption. On aime se serrer au chaud entre Suzanne et Kyle dont je ne dirai rien.
    Lisez ce livre ! Sensible, perspicace, terriblement humain. Magistral, poignant, un premier roman qui dépasse largement ses grands frères. Un antidote aux addictions psychologiques. Publié par les majeures Éditions Fugue.

Bibliographie de Clemence Renard (1)

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