"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
1630, Cologne, Saint Empire germanique, Garance est sage-femme. Elle exerce avec passion ce métier à haut risque, surtout depuis que l’Inquisition condamne des femmes pour sorcellerie dès qu’elles usent de plantes pour soigner et soulager. Et notamment la Belladone, récemment définie comme l’herbe du diable.
Scénario de Benjamin Laurent qui, habilement, le rend très moderne. Alors, bien sûr, on ne parle pas d’IVG, mais du combat des femmes pour jouir elles-mêmes de leurs corps, de ce très long parcours qui a été le leur pour arriver à ce qu’aujourd’hui l’IVG soit inscrite dans la Constitution. L’histoire est documentée, il y a même un court dossier en fin d’ouvrage. Les souffrances des unes, les sacrifices des autres… C’est bien fait, bien mené et sans temps mort : la tension monte ainsi que le suspense quant à l’avenir de Garance.
Tout cela est rehaussé par le superbe dessin de Claire Martin qui, dans des tons ocres et verts et les traits nets, m’a parfois fait penser à des images anciennes. Les visages sont expressifs, les décors soignés et eux-mêmes très documentés (cf.le dossier final) et les arrière-plans des cases ont parfois des détails intéressants qui montrent la vie de l’époque dans Cologne.
"L'herbe du diable " nous plonge en 1630 à Cologne, en pleine épidémie et Inquisition où nous suivons les pas de Garance, accoucheuse réputée. Compte tenu du climat politiique, religieux et social, elle va se retrouver dans une bien mauvaise posture.
Cette BD historique, fondée sur des personnages réels, est bien documentée et mise en scène. Elle restitue avec fidélité certaines problématiques religieuses à l'aune des femmes, des persécutions subies avec cette opposition entre la médecine autorisée et la sorcellerie, qui revêt en réalité les caractéristiques d'avancées scientifiques. L'hypocrisie sociale autour de l'avortement est ainsi dénoncée.
Le développement du dilemme entre les convictions religieuses et le sens du devoir (un embryon de la déontologie médicale) est intéressant car il évite de sacrifier la rigueur historique en mettant en avant des problématiques d'actualité. L'équilibre est bien dosé et évite un écueil commun : juger une époque passée en se fondant sur le logiciel d'analyse de notre époque. Le résultat permet une analyse historique qui n'est pas anachronique.
j'ai apprécié cette lecture et j'ai appris des choses. C'est une preuve supplémentaire que la BD historique fonctionne à merveille, et peut divertir sans tomber dans le purement descriptif.
Lu dans le cadre du Prix Orange de la BD 2024, je remercie Lecteurs.com et les Editions Jungle Ramdam pour l’envoi de cet album.
Une histoire inspirée de fait réelles, une bonne construction, des beau graphismes, l'entraide et la solidarité des femmes alors qu'elles sont prises pour cibles lors des sombres heures de l'inquisition. Les personnages sont attachants. Des sages femmes prises pour des sorcières car elle ne suivaient pas les règles que la croyance dicté. Authenticité, Humanité et Crédibilité.
Un bd entre fiction et histoire tout en résonance avec l’actualité
Si le récit est en grande partie inspiré par des personnages réels, l’histoire qui nous est livrée à travers ces planches reste romancée et nous ouvre les portes de temps obscurs.
Le lecteur se trouve transporté à Cologne, en 1630, en pleine chasse aux sorcières. Famine et épidémies font rage. Il faut des coupables, sans parler du poids des religions et des pressions sociales qui s’exercent sur les femmes. Obscurantisme et sciences s’opposent. Le rôle societal des sages-femmes questionne, inquiète. La méfiance envers celles qui entrent dans l’intimité des femmes et en connaissent parfois leurs secrets prend vie dans de nombreux esprits. Elles paieront le prix fort.
Écrire un tel album a demandé un grand travail de recherches documentaires préalablement. L’écho à l’actualité est fort, le droit à l’avortement étant régulièrement remis en question par certains individus et pays.
En suivant l’histoire de Garance, sage femme, c’est la société du XVIIeme siècle qui est donc depeinte et la place des femmes à cette époque. Solidarité et résistance sont mises à l’honneur. L’intrigue est quelque peu simpliste, sans réel suspense ou fantaisie narrative, mais elle reste bien construite et adaptée au propos.
Le cahier pédagogique en fin d’ouvrage est pertinent et possède un réel intérêt pédagogique. L’album peut être lu sans problemes par des jeunes et servir de bases à certains échanges.
Graphiquement, on reste sur un découpage, un trait assez classiques. Les décors bien travaillés participe à l’immersion historique.
Lu dans le cadre du Prix Orange de la BD 2024, merci à Lecteurs.com et aux Editions Jungle Ramdam pour l’envoi
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