"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
(Lu dans le cadre du Prix Orange de la BD 2024)
Même si j'étais potentiellement intéressé par le sujet, j'avoue que je ne serais pas allé lire cet album sans le prix Orange de la BD… et j'aurais eu tort ! Le récit de l'histoire de cette première AMAP est passionnant, et soulève des problématiques tout à fait d'actualité. La lecture est fluide et agréable malgré un sujet qui pourrait sembler un peu technique, le découpage en saisons est très bien vu, et l'intégration de recettes de cuisine comme parenthèses nous permet de ne pas oublier l'essentiel : le combat pour une alimentation saine. Claire Malary réussit brillamment à mettre en images des propos qui n'étaient pas forcément très visuels, et ses lavis de vert donnent une vraie identité à cet album, qui a bien mérité ton prix Tournesol.
https://www.instagram.com/p/C639XP2t7Tn/
Superbe BD sur la genèse des amaps en France à travers l'exemple d'un producteur qui a subit tous les changements successifs depuis les années 50 (généralisation de la grande distribution et son emprise, fin des marchés, industrialisation, concurrence internationale, plans urbains et environnementale...).
On vit avec cette famille qui a éssayé de tout le temps s'adapter et qui a finit par faire magnifiquement vivre cette idée d'un lien direct et solidaire entre producteur et consommateur. étant moi même membre (consommateur et organisateur) d'une amap depuis 12 ans je me retrouve complétement dans cette histoire. A lire absolument.
Une jolie bd documentaire autour des circuits courts agricoles, re-développés au début des 2000, en réaction à la disparition inéluctable des petits commerces - au profit du gros Mammouth et des chaînes de grande distribution.
Depuis, Creutzfeldt-Jakob, le SRAS, le H1N1, les lasagnes de cheval.... nous ont prouvé que l'appat du gain, le tout profit, ne va pas bien avec le qualitatif attendu pour notre alimentaire.
Aujourd'hui, les fruits et les légumes des commerces sont souvent calibrés, peu de variété, peu de goûts.
L'alternative proposée par les AMAP est intéressante. Je vais jeter un oeil sur les offres dans la région.
Circuit court ( Tristan Thil - Claire MALARY) Prix Orange BD 2024
Voici une bande dessinée qui résonne particulièrement avec notre actualité et montre que le combat de nos paysans n’est malheureusement pas encore terminé.
Tristan Thill et Claire Malary nous racontent l’histoire de Daniel et Denise Vuillon, agriculteurs bio dans le Var. En 2001, ils ont importé des Etats-Unis le concept de l’AMAP ( Association pour le maintien d’une agriculture paysanne), ce nouveau système de relation directe entre producteurs et consommateurs. Ce concept est apparu au Japon dans les années 1960 sous le nom de Teikei pour garantir une sécurité alimentaire menacée par la pollution industrielle.
« Circuit court » raconte à la fois l’histoire de la paysannerie française dans la mondialisation et le néolibéralisme, et celle de la première AMAP . C’est le récit illustré des combats de Daniel et Denise des années 1980 à nos jours, contre les expulsions, la grande distribution, la malbouffe, et pour des produits bios et la dignité des paysans. Un plaidoyer pour une nourriture saine et une économie solidaire en bande dessinée, servi par un dessin monochrome en lavis gris-vert qui s’efface devant le message à faire passer.
Tristan et Claire, adhérents à l’APAM vont ici en retracer son histoire en allant interroger Daniel et Denise Vuillon qui en sont les pionniers.
Au départ en retraite de leur père , Daniel et Denise ont repris « Les Olivades », exploitation familiale depuis deux siècles. Autrefois entourée de vergers et de champs, elle est aujourd’hui littéralement ceinturée par le béton de la ZAC de Toulon, les parkings et l’autoroute. Dans ce décor, elle fait figure de citadelle verte assiégée mais résiste.
Daniel et Denise ont toujours réussi à s’adapter pour ne pas sombrer comme bien d’autres paysans. Leur produits cueillis le matin étaient vendus à Paris l’après-midi. Tout cela pris fin avec les importations mondiales, les primeurs espagnols envahirent les étals avec l’aval de la FNSEA qui en échange écoulait ses céréales en Espagne.
Lors de l’implantation des hyper marchés, ils passèrent des accords pour que la production locale soit prioritaire, mais le modèle développé par la grande distribution fut soutenu et encouragé par la ministre de l’agriculture Edith Cresson et François Mitterrand. Alors, comment lutter contre les hyper ouverts tous les jours de 8h à 22h qui s’approvisionnaient dans des centrales d’achat pratiquant les prix les plus bas sur des produits qui venaient du monde entier. La fin des années 80 amène la standardisation de la production, plus de cultures en pleine terre, que du hors sol calibré, identique, de nombreuses variétés de légumes disparurent. Daniel Vuillon fit tout le contraire, il réintroduisit des variétés anciennes de tomates, courgettes, choux. Pour cela, il fut approché par de grands chefs étoilés, tel Alain Ducasse, puis d’autres par la suite, qui recherchaient ce genre de produits rares et authentiques pour leur table. Durant la période 1988-1999, la grande crise de la filière fruits et légumes vit disparaitre 15 000 exploitations rien qu’en Provence.
La crise de la vache folle amène dans le sud de la France un groupe d’agriculteurs à s’interroger sur notre modèle d’alimentation qui montre ses limites et ses dangers et à chercher des alternatives.
Mais c’est en se rendant chez leur fille aux Etats-Unis pour le nouvel an 2000 qu’ils découvrent le concept du CSA ( Community Support Agriculture) qu’ils vont ramener en France, et créer l’AMAP. Les adhérents passent un contrat avec un agriculteur, ils paient en s’inscrivant et chaque semaine ils vont récupérer une part de récolte. Ainsi les consommateurs savent d’où vient leur nourriture et qui la cultive.
En vingt ans le modèle lancé par Daniel et Denise a fait ses preuves et c’est largement diffusé et structuré dans toutes les régions de France. Il a sauvé de nombreuses exploitations , suscité bon nombre de vocations pour les métiers agricoles et sensibiliser les consommateurs à l’agriculture paysanne.
« Lu dans le cadre du Prix Orange de la BD 2024. Je remercie Lecteurs.com ainsi que les Editions Futuropolis pour cet envoi. »
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