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Fable minérale ? Conte écolo ? Prose ensablée ? Manifeste féministe à peine voilé ? « Nos corps érodés », est tout cela. Il faut se mouiller, farfouiller parmi les phrases, attendre que Valérie Cibot interrompe ses digressions marines pour y dénicher des trésors de poésie, des passages intéressants (comme celui des maudits blockhaus p65-67). Mais à vouloir crier l’océan, hurler sa haine de l’homme irresponsable, Valérie Cibot enlise le lecteur. L’attention s’érode, l’empathie s’éloigne. Oui, Valérie, nous comprenons votre révolte : les falaises qui s’affaissent, les marées toujours plus vives, l’aveuglement suicidaire devant la menace. Oui, vous avez raison, pour les rivages comme pour les glaciers, la science approuve la nature mais l’homme, désormais réfractaire à la raison, préfère l’ignorer avec pour seul prétexte son égoïsme. Malheureusement vos déferlantes ont fini par me repousser, à défaut de me fasciner. À trop produire d’écume, on ne voit plus l’horizon. Au fil du récit, votre verve sert une longue hallucination qui m’a perdue autant qu’elle m’a frustrée, parce que votre style est prometteur; vous êtes une auteure à suivre.
Votre obsession à faire corps avec les éléments naturels (ex : p31, p52) fait une victime : l’humanité. On la retrouve enfin quand la vague est passée, qu’elle a effacé les dernières présomptions. Alors des hommes et des femmes soudain surgissent, plus vivants que les silhouettes informes qui hantaient jusque-là vos marées basses. Leurs histoires sont touchantes, mais il est trop tard, le livre est terminé.
Bilan :
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