"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Bob Garcia, ami journaliste people de Guy Lefranc part pour Hollywood interviewer Margareth Morrison, la star la plus connue au monde. En fait, il y va pour interviewer la doublure de l'actrice, Estelle Roma, celle qui parfois prend la place de la star sans que personne ne le remarque.
Mais à peine arrivé sur le sol étasunien, Bob disparaît. Guy Lefranc sent que son ami est en danger et il s'envole pour Los Angeles, bien décidé à le retrouver et le ramener à Paris.
Guy Lefranc, le journaliste de Globe créé par Jacques Martin (qui a aussi créé Alix), survit à son créateur grâce à d'autres bédéistes ; cet album est dédié à François Corteggiani, le scénariste, décédé en 2021.
Il y a très longtemps que je n'ai pas lu d'aventure de et il y a longtemps que je n'ai pas ouvert d'album de BD franco-belge, au trait très réaliste, aux histoires en 48 pages... Et ça fait du bien de revenir aux classiques, parfois un peu mis de côté, à tort. J'avoue que dans ma jeunesse, j'étais plus Ric Hochet que Guy Lefranc, le hasard d'un prêt ou d'une bibliothèque amie qui l'était elle aussi. Pourtant, je retrouve dans cet album, tout ce qui me plaisait dans ces albums que je lisais : de l'aventure, des poursuites, des bagarres, de beaux garçons et de belles filles, de l'humour, du suspense...
Guy Lefranc évolue dans les années 60, et Margareth Morrison est très inspirée de Marylin Monroe, dans son mal-être, ses fréquentations -jusqu'à celle du Président, qui, ici, ne s'appelle pas Kennedy. Le scénario est assez tortueux, parce que la vie de Marilyn n'était pas lisse et parce que son suicide fait encore parler, douter certains de la version officielle. C'es donc une source d'inspiration riche pour des écrivains ou scénaristes.
Dans le genre classique, cette bande dessinée est très bien faite et très agréable à lire, et je me demande même pourquoi je n'ai pas relu depuis si longtemps les aventures de Guy Lefranc ou de ses collègues de BD.
François Corteggiani est mort il y a un an en septembre 2022 ; le jour de ses 69 ans. Il était un grand nom de la BD avec de multiples scénarii et séries à son actif dans de multiples registres. Il nous a laissé une brillante queue de comète avec ce scénario du 34 ème album de Lefranc qui nous laisse un souvenir ému de ses capacités narratives.
Corteggiani a construit une histoire sur un air de Marylin (avec une autre MM : Margareth Manson) en complexifiant à souhait avec une doublure de MM qui vient ajouter un champ des possibles sur le "suicide" de MM. Cette histoire est un vrai « thriller » pour reprendre les terminaisons à la mode. Et il ne faut surtout pas développer l’histoire pour laisser le lecteur embarquer dans cet univers tordu avec des coups à plusieurs bandes (au sens et au figuré).
« Un imbroglio artistique et crapuleux », c’est Guy Lefranc, autre héros créé par Jacques Martin, qui, à la fin, caractérise le mieux ce trente-deuxième album de la série LEFRANC, Les Juges intègres.
Ces quelques mots définissent bien cette histoire bâtie par Christophe Alvès et François Corteggiani qui poursuivent et font vivre ce journaliste du quotidien « Le Globe », Guy Lefranc.
Je dois avouer que je découvre ici un nouveau héros créé par Jacques Martin, comme Alix, Jhen, Orion, Keos, Arno et Loïs.
Remarquablement dessinée, cette aventure artistico-policière semble se passer à la fin des années 1960. Les voitures servant aux déplacements des principaux protagonistes ou celles figurant dans le décor sont des Peugeot 203, Traction Citroën, Dauphine Renault, Dyna Panhard mais, attention, Guy Lefranc roule en Alfa Romeo rouge du plus bel effet.
Tout commence de nuit, à Gand, dans la cathédrale Saint-Bavon, où un individu déterminé dérobe le polyptique des frères Hubert et Jan Van Eyck : « L’Agneau mystique ». Le voleur ne va pas très loin car il remet l’œuvre d’art à un complice qui n’hésite pas à lui tirer dessus ! Un homme, bien caché, a tout observé.
À Paris, quelques jours plus tard, voici Guy Lefranc et sa jolie collaboratrice, Mélanie, qui l’emmène à la galerie Marleb exposant la collection Machiel, une vieille famille de Bruges.
Tout irait bien mais débarque Marie Portefaix, conservatrice au Musée du Louvre. Elle fait un scandale, affirme que tous les tableaux sont des faux ou des copies, la différence étant minime.
Me voici donc en plein débat à propos des peintres et des artistes, souvent aussi doués, qui s’ingénient à copier des chefs-d’œuvre. Justement, Les Juges intègres est le nom d’une partie du polyptique cité plus haut. Ce tableau des frères Van Eyck a été volé et jamais retrouvé. C’est pourquoi il a été remplacé, en 1945, par une copie peinte par l’artiste belge Jef Vanderveken.
La suite me fait rencontrer des personnages peu recommandables qui n’hésitent pas à sacrifier la vie de ceux qu’ils ont utilisés pour parvenir à leurs fins : un trafic international de tableaux.
Avec quelques détails techniques, Les Juges intègres plonge dans les vols perpétrés par les Nazis afin de satisfaire la mégalomanie d’Hitler. Se mêlent aussi les Oustachis, une organisation fasciste et terroriste qui a massacré plus de cinq cent mille personnes en quatre ans, en Croatie, durant la Seconde guerre mondiale, les Nazis fermant les yeux. Ces Oustachis, pas tous disparus, ont convoité le trésor de guerre, tableaux et l’or de la Reichsbank. Avec un certain Arnold Fischer, leurs manigances font froid dans le dos.
Heureusement, Guy Lefranc, notre blond journaliste qui ne rédige pas beaucoup d’articles… ne se laisse pas effrayer, n’écoute que son courage et… Je vous laisse le plaisir et l’angoisse de la lecture de cette BD aux belles couleurs dont les textes sont fournis, très bien lisibles malgré la petite taille des caractères. J’ai apprécié aussi les informations historiques apportées par les auteurs.
Lefranc, dans Les Juges intègres, édité par Casterman BD, une belle découverte !
Chronique illustrée à retrouver sur : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
Il n'y a pas encore de discussion sur cet auteur
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !