"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Ce livre est un roman autobiographique autour d’une jeune femme qui veut absolument faire de la com. On va la suivre dans la recherche de son premier stage puis pendant le-dit stage pour valider son diplôme. Si l’on a toutes les contraintes et l’humour liés à son fauteuil électrique, le handicap est un point parmi d’autres, le principal est la vie d’une stagiaire.
C’est trépident et très drôle. Sous couvert d’humour et d’autodérision on a des scènes du quotidien des personnes handicapées très réalistes.
Les choses mises en avant sont tous les « petits détails » dont on a globalement pas conscience quand on n’est pas concerné. L’exemple le plus frappant et le plus récurrent est le besoin d’organisation.
Parce que oui croire un site annonçant qu’un restaurant est accessible est risqué. Il va falloir appeler pour vérifier car 99% des lieux considérés accessibles sur Paris permettent en fait un accès pour manger mais les toilettes seront au sous-sol sans accès ascenseur donc en fait ce n’est pas accessible. Quant à l’accessibilité des transports en commun, on n’en parle même pas (y en a pas). Il y a beaucoup de choses très drôles et sans langue de bois qui apparaissent dans ce petit livre.
Je vais mentionner certains éléments importants, peu connus et bien amenés dans ce texte. Tous ces détails qui faute de les connaitre créent des a priori sur les personnes handicapées et influe sur notre vision de la personne handicapée au travail sont très bien mis en avant.
Déjà, la contrainte de la voiture adaptée avec chauffeur. Pas de taxi minute pour les personnes en fauteuil, il faut anticiper, réserver et dépendre des horaires des chauffeurs ce qui limite l’autonomie et la spontanéité. Comment s’intégrer quand on a des contraintes de temps, donc qu’aller boire un verre ça s’organise alors que pour les valides « c’est déprimant car ça perd tout son côté spontané » ?
Toujours lié au transport, le soucis de l’insertion au travail.
En effet, en tant qu’étudiante, le transport pour avoir le diplôme est pris en charge. En revanche, sans sésame étudiant, la prise en charge du taxi disparait, tout est pour ta poche. Pas de transports en commun adapté, pas d’aide pour un taxi, comment travailler si une somme plus importante qu’un salaire doit passer en taxi ?
Toujours autour du travail et du handicap, il est question des jobs fictifs et de la caution handicap.
Le premier concerne le fait que certaines entreprises préfèrent embaucher des personnes handicapées sans réel besoin d’utiliser leurs compétences juste parce que c’est moins cher que de payer la taxe.
Pour la caution handicap, c’est l’aspect vitrine qui prime avec le « on est cool on emploie de la diversité » ou le « notre campagne sera bonne le handicap ou connait la preuve voilà notre employée ». Comme si le seul moyen de travailler pour une personne handicapée est de choisir un secteur lié au handicap. Et la principale conséquence de ces comportements malsains et validistes est bien présenté : le doute.
Comment être sure de soi et de ses compétences quand on ne peut pas s’empêcher souvent à raison de se poser des questions sur les intentions des employeurs et collègues ?
Est-ce-qu’on me fait confiance ? Est-ce-que ce sont mes compétences qu’on recherche ou veut-on utiliser mon handicap ? Est-ce que c’est une vraie tache qu’on me demande ou une façon de m’occuper ? Suis-je une vitrine ? etc etc
Tous ces questionnements sont abordés franchement, avec humour, sans langue de bois avec un ton assez proche du mien. C’est une très bonne lecture qui devrait aller dans toutes les mains car il regorge de beaucoup d’autres éléments qui permettent à la fois de se détendre et de mieux comprendre son prochain.
Avec humour et finesse, Charlotte de Vilmorin raconte sa vie de personne en situation de handicap, comme on dit.
La fillette qu’elle était rêvait de devenir trapéziste, parce que « le justaucorps à paillettes c’est joli ». Elle est devenue une jeune femme brillante, drôle , talentueuse et pétillante.
De son blog totalement et résolument optimiste, est né ce livre, hymne à la vie, qu’elle soit vécue sur deux pieds ou sur deux roues.
Point de pathos, d’auto-lamentation, de larmoiement ou de colère.
Juste des mots lumineux, des instants à pleurer…de rire et une bouffée d’air frais, un ouragan de bonne humeur, de courage (quand même) et de drôlerie .
Alors, oui, peut-être bien que tout ça cache un tout petit peu la souffrance de se trouver confrontée à des difficultés quotidiennes, mais, au bout du compte, ce que j’en ai retenu, c’est cette force vitale, cette extraordinaire capacité à dépasser ce que d’aucuns considèrent comme un handicap absolument rédhibitoire et inconciliable avec le bonheur d’Etre.
Avec une force incroyable, une écriture tout en légèreté digne de cette artiste du cirque qu’elle aurait aimé devenir (bon y’avait aussi le plan B, celui d’épouse d’un riche rentier), Charlotte de Vilmorin nous livre un bonbon sucré, un rayon de soleil, une leçon d’Existence.
"Je repensai à mes rêves de petite fille. À la trapéziste. Et je me dis que finalement, c'était exactement ce que j'étais devenue. Une trapéziste, suspendue dans le vide entre deux trapèzes, m'a crochant malgré la gravité et les limites de mon corps, attendant sereinement la stabilité prochaine, en prenant garde de ne surtout jamais regarder dans le vide."
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