Les Cantiques spirituels constituent l'unique recueil musical aujourd'hui conservé de Charles de Courbes. Ces compositions peuvent compter parmi les plus originales inventions du premier baroque français en matière de musique religieuse, ce qui n'empêche pas la vie de leur auteur d'être fort mal...
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Les Cantiques spirituels constituent l'unique recueil musical aujourd'hui conservé de Charles de Courbes. Ces compositions peuvent compter parmi les plus originales inventions du premier baroque français en matière de musique religieuse, ce qui n'empêche pas la vie de leur auteur d'être fort mal connue, entourée qu'elle est d'un épais voile de mystère et d'anonymat. La vie de de Courbes ne se distingue guère en cela des biographies de la plupart de ses contemporains musiciens de la première moitié du xviie siècle en France, y compris des plus illustres, et dont la connaissance n'est souvent due qu'à quelques faits lacunaires.
Charles de Courbes est d'abord l'auteur d'un recueil de vers publié en 1613, Le Parisis. Insérée dans ce recueil, une mention d'hommage à la mémoire de la reine Louise de Lorraine, veuve d'Henri III, permet de déduire que l'auteur est vraisemblablement né vers 1585 et que ses jeunes années ont eu pour cadre le château de Chenonceau, dans le proche entourage de la reine Louise. Resté par la suite attaché aux cercles ayant gravité à proximité des souverains, de Courbes se signale à nouveau lors de l'annonce des futures noces de Louis XIII avec Anne d'Autriche. Cet événement, survenu le 29 janvier 1612, forme la trame principale du Parisis, de pair avec une série de révérences poétiques dont les dédicataires nous permettent de reconstituer le milieu fréquenté par de Courbes. Outre la famille royale, une imposante série de magistrats, médecins et parlementaires vient pointer vers la noblesse de robe, en association avec quelques représentants de la haute bourgeoisie. Ces mentions sont toutefois complétées par des références amicales aux chantres de la Chapelle royale, ainsi qu'à des musiciens, amis et amies qui viennent achever le tableau par une touche artiste. De Courbes appartient de fait aux trois cercles représentés dans le Parisis â¯: la famille royale a été son univers depuis l'enfance â¯; artiste, il l'est par des compositions de poète musicien qui lui valent de flatteuses comparaisons à Orphée dans les poèmes liminaires du Parisis â¯; et quant au milieu de la magistrature, Charles l'intègre de façon certaine en faisant l'acquisition d'offices royaux d'élu et lieutenant particulier à une date inconnue, située entre 1613 et 1622. Il devient alors responsable juridique de la levée et du paiement des impôts dans une élection particulière, c'est-à-dire d'un territoire administratif situé au sein d'une élection principale, mais éloigné du siège central de ladite élection. On ignore où se situaient les territoires couverts par les offices de de Courbes, ce qui n'empêche pas ce dernier de mentionner son statut d'élu et lieutenant particulier avec une certaine ostentation sur la page de titre des Cantiques spirituels. On doit y lire la fierté, peut-être l'orgueil de leur détenteur, mais sans doute aussi un sentiment inavoué d'incertitude quant à la stabilité de leur valeur. La politique de Louis XIII en matière d'offices et de charges devait en effet rapidement évoluer pour les besoins d'un contrôle accru des finances de la couronne, menant à la suppression de ces offices d'élu particulier et de lieutenant particulier quatre ans seulement après la parution des Cantiques. On perd ensuite complètement la trace de Charles de Courbes. Un office du saint sacrement à cinq voix et luth portant son nom, mais aujourd'hui perdu, est publié en 1623. Des documents d'archives ont par ailleurs permis de trouver la mention d'un certain Charles de Courbes en 1628, organiste parisien à l'église Saint-Sauveur, dont il est probable, mais non certain, qu'ils concernent notre musicien.