"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Elle a treize ans. Elle est odieuse, en classe, à la maison. Elle profère des insultes d’une violence étonnante pour une si jeune fille. Et cela, depuis de nombreuses années, alors que les tentatives de résolution du problème chez différents psychologues ont juste abouti à la cataloguer comme enfant précoce. Précoce, intelligente, mais ingérable.
Séduite par quelques échanges avec Sergio, sur Internet, elle se sauve. Pour aller au devant d’une rencontre à mille lieues de ses rêves : le séducteur au scooter rouge n’est qu’un vieux pervers, et elle doit son salut à l’intervention d’un passant, présent au bon moment. Il s’agit de Tony. Clarisse s’accroche au jeune homme, qui la recueille. Mais elle est recherchée et tous les deux s’enfuient au Portugal où Tony a un appartement.
On parviendra peu à peu les écueils de la vie familiale de Tony. Malgré la différence d’âge, quelque chose de fort se crée entre les deux et l’amour détruit les barrières du convenable.
Malgré tout, les hasards de l’existence les feront émerger de leur idylle et de leur rêve d’absolu.
Histoire forte, violente, avec des personnages blessés par la vie. On se laisse emporter par la narration, bousculé par la sincérité des deux jeunes gens mais conscient de l’impasse dans laquelle ils se sont engouffrés.
Quelques invraisemblances mais qui ne nuisent pas au récit.
Après Nos corps étrangers, un deuxième roman marquant, avec un sujet sensible, qui devrait susciter des réactions très diverses.
240 pages La manufacture des livres 2 juin 2022
Clarisse, 14 ans, adolescente difficile, en opposition permanente au collège et laissée sans vraiment de limites à la maison franchit la ligne rouge et devant l'impossibilité de retour en arrière décidé de fuguer. Arrivée a Paris après une agression qui heureusement tourne cours, elle est recueillie par Tony, un jeune homme d'une vingtaine d'année qui vit seul.
Ils vont apprendre à se découvrir, à partager leurs fêlures et connaitre les plus beaux moments de leurs vies bousculées .
Carine Joaquim franchit l'épreuve du second roman sans problème.
Je connais déjà Carine Joaquim pour avoir lu son précédent roman Nos corps étrangers qui m’avait profondément remuée. J'avais été touchée par sa grande sensibilité, son style fluide, précis, son amour des mots. Ce second roman, que je lis d'elle, me conforte dans ce même sentiment.
Clarisse est une jeune ado de treize ans et demi, c'est une gamine pleine de colère et de rancoeur, une écorchée vive comme il est dit dans le résumé. Elle est éternellement en opposition avec ses professeurs, avec ses parents, c'est encore pire. Il faut dire que sa mère est une femme stressée et dépassée, et son père un homme plus que laxiste qui se fiche complètement de ce que peut faire sa fille. Ils ne s'occupent pas de Clarisse, et petit à petit sont complètement dépassés devant ses paroles et ses agissements. Elle se sent seule. Un jour, après une énième bêtise faite au collège, elle décide de fuguer. Elle part. Au début, elle doit rejoindre un garçon qu'elle a rencontré sur le net...il va s'avérer qu'il n'est pas celui qu'elle croyait...mais dans son malheur, elle va trouver une personne sur qui s'appuyer. Et ensemble, ils vont partir, quitter Paris pour rejoindre le Portugal. Va s'en suivre une fuite infernale, une sensation de liberté folle que Clarisse voudra garder le plus longtemps possible. Mais la vie et ses malheurs sauront la rattraper…
Dans ce roman, Carine Joaquim m’a emmenée voyager au Portugal avec Clarisse. J’ai retrouvé avec plaisir sa façon de décrire les paysages, les villes, les plages, les routes avec les parfums, les goûts, les habitants. Une immersion totale dans ce pays. De même, on retrouve une nouvelle fois le domaine de l’enseignement avec les différents problèmes que l’on connait surtout dans les grandes villes, l’impossibilité pour certains profs de se faire entendre et avoir de l’autorité, la délinquance. C’est un thème qui revient et l'autrice en parle toujours aussi bien.
Il est impossible de ne pas s’attacher à Clarisse. C’est pourtant, au début du roman, une fille ingérable, qu’on ne sait pas comment prendre sans se récolter une réflexion, mais elle reste pour autant fragile sous ses allures de grande dure. Et plus son histoire va passer, et plus on aime cette gamine. J’ai eu envie de la consoler, de la guider, de l’aider à se confier, car on devine vite qu’elle cache un fait qui s’est passé dans son enfance. Et ces sentiments qu’on a envers elle vont en augmentant au fil des pages pour atteindre son paroxysme à la fin. Le personnage avec qui Clarisse fait sa fugue est aussi attachant…
La grande force de Carine Joaquim est la manière tellement réaliste qu’elle met dans ses romans. On découvre au début Clarisse avec un parler d’adolescente difficile, avec des gros mots, des expressions type de ces jeunes en difficultés. Plus Clarisse se sent mieux dans ses baskets, plus elle se détend, et plus son vocabulaire change, s’adoucit pour révéler la véritable belle gamine qu’elle est au fond d’elle. Carine Joaquim a su rendre Clarisse tellement réelle que j’avais presque envie de connaître son adresse pour aller la voir. Son histoire est bouleversante, elle va vivre des moments atroces, difficiles, à se demander comment elle va arriver à garder la santé et à se sortir debout de tout cela. Un très beau geste final lui permettra de continuer à aimer la vie malgré tout. Ça devient rare les romans qui me touchent, mais alors celui-ci...j'étais effondrée, j'ai versé ma larme, je me suis même exprimée à voix haute…j’étais tellement prise dans ce malström d’émotions que je n’arrivais pas à lever mes yeux de ma lecture.
Carine Joaquim m’a touchée en plein cœur plein de fois le temps d’un livre. Après lecture, je comprends la couverture, avec cette personne devant l’océan, comme au Portugal. Le titre prend lui aussi toute sa signification au fil de l’histoire, et surtout après cette phrase « Et alors il ne restera plus de nos rêves que des souvenirs lacérés. »….des rêves échoués…le mot est fort mais si bien trouvé quand on sait ce qu’il va se passer dans la vie de Clarisse…L’auteure nous transmet de très beaux messages d’amour, d’espoir, de liberté avec un grand L, elle nous parle aussi de la délinquance, des déséquilibrés sexuels, de la maltraitance…et tout ceci avec beaucoup de justesse, sans en rajouter de trop.
La lecture se fait avidement, à cause de l’histoire mais aussi par sa construction, avec ces chapitres en italique qui reviennent sur l’enfance de la jeune fille et ses souvenirs…on comprendra plus tard leurs douloureuses significations…
Je ne vais pas oublier de sitôt Clarisse..oh non…mon cœur de maman a saigné me rappelant en même temps mon adolescence…
J’espère avoir pu vous faire passer à travers cette chronique tout ce que j’ai ressenti en lisant ce rêve dévoré. Je ne peux que vous conseiller ce très bon roman. Si vous ne connaissez pas encore Carine Joaquim, n’hésitez pas à la découvrir. J’ai envie de me plonger à nouveau dans l’univers de Carine Joaquim, et hâte de la lire à nouveau.
« Depuis dix ans, elle jouait le rôle de l'épouse satisfaite et de la mère heureuse, mais qui y croyait encore ?
Son corps n'avait de cesse de lui montrer qu'elle faisait fausse route, il avait failli disparaître à force de maigrir, effacé à mesure qu'Elisabeth renonçait à ses désirs et aspirations propres, il s'était révolté dans les vomissements, et quand, penchée sur la cuvette des toilettes, elle rendait le repas ingurgité, elle refusait toujours d'entendre ce que chaque spasme lui criait depuis le fond de son estomac :
« Pars. Vis. Sois toi-même »»
Ce roman m’a complètement bouleversée. Je ne m’attendais tellement pas à ça.
L’autrice y aborde la maternité, le couple, la résilience et l’épanouissement.
On y retrouve une famille nouvellement installée dans une banlieue parisienne pour un nouveau départ, créer de nouvelles bases plus saines et solides.
Ce fut une de mes belles découvertes de cet été dont le nom du livre raisonne encore.
Quand le corps rattrape l’esprit…
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