Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
Le hasard fait parfois bien les choses. C'est la cas dans la rencontre en milieu de la nature du jeune Auguste Renoir (qui n'est pas encore l'impressionniste reconnu) et Raoul Rigault, homme politique engagé/révolutionnaire opposant au régime de Napoléon.
Deux hommes que tout oppose et qui pourtant vous se lier d'amitié.
Raoul est traqué et Auguste va l'aider à se cacher. Une amitié sans faille va se créer entre les deux hommes, peu bavards. Plus tard, les rôles sont inversés et c'est Raoul qui sauvera Auguste, en pleine Commune.
Avec une plume fluide et riche, l'auteur nous retrace leurs moments passés ensemble, en toute justesse.
On se retrouve bien dans l'ambiance décrite, la France de l'époque (le Paris en pleine ébullition de 1871).
Deux hommes passionnés, aux univers différents mais ayant au cœur cette envie de vivre.
Même si ce roman, relativement court, relève d'une fiction, je pense que l'auteur a du faire un important travail de recherches sur les deux protagonistes. L'auteur est historien, et cela s'en ressent.
La scène au Louvre est un des mes préférées.
Je connais bien entendu le peintre (connu pour sa façon si personnelle de capter la lumière), mais je ne connaissais pas R. Rigault. J'ai donc apprécié cette lecture pour la description de ces deux destins qui ont marqué leur époque et la France. ce roman est prenant.
« Quel est le secret de la ronde
Qui mène le diable et son train
Quel est le secret de ce monde
Où le travail n’a pas de frein
Comme l’enthousiasme inonde
Son incompréhensible cœur
L’avenir ici qui se fonde
A la vertu d’une liqueur »
Ce sont les poèmes de Louis Aragon dans « Hourra l’Oural », écrits lors du long séjour en URSS du poète, qui ont inspiré Bernard Chambaz pour son voyage à travers la Russie, principalement dans la région de l’Oural, en train et en car. Mais d’Aragon, la critique est parfois rude notamment par rapport à son aveuglement sur le régime soviétique et ses piques contre Boris Pasternak. Ce sont donc les empreintes de l’auteur du Docteur Jivago qui vont davantage accompagner le lecteur dans un récit où se mêlent les références incontournables de l’histoire russe avec ses œuvres d’art se comptant à l’infini, l'histoire politique et la vie des citoyens russes d’aujourd’hui.
Point de vélo mais des déplacements en train, car, tramways et taxis pour parcourir l’immense région où se trouve l’invisible frontière entre Europe et Asie établie par Pierre le Grand. Cette façon de voyager permet à l’auteur de faire des rencontres inattendues et d’avoir une vision authentique sur la société russe d’aujourd’hui, toujours confronté à son histoire avec cette âme tant tournée vers la tragédie.
Des monts Oural, peu de sommets vertigineux – aucun ne dépasse les 2000 mètres – mais cette vieille formation géologique regorge de richesses dans son sous-sol et d’histoires sur sa partie émergée.
Un périple totalement dépaysant et narré de façon directe, sans fioritures et effets de plume. Même sans connaître la région on imagine des paysages façonnés à l’image du peuple russe, entre magnificence et résignation, entre richesse et désespoir. Sans langue de bois aucune, sont abordés les années « rouge » les années Eltsine, avec la visite soit de musées, soit l’immersion dans des lieux où se sont formés les personnages, soit sur des sites où ont coulé et coulent encore la sueur ouvrière.
Empruntons avec Bernard Chambaz les chemins des vestiges du camp de Perm-36, des lieux saints comme le monastère de Verkhotourié, de l’assassinat des Romanov ou des fantômes radioactifs de la centrale de Majak, première catastrophe nucléaire de l’empire soviétique.
Entre deux trajets, entre un paysage de neige ou quelques mois plus tard une atmosphère pluvieuse, c’est un Kalinka qui sonne à nos oreilles – son auteur Larionov étant né à Perm – ou bien la voix de Chaliapine, ami de Gorki
Mais reste avant tout Boris Pasternak et sa descente aux enfers, de ses lieux d’écriture jusqu’à sa dernière demeure où frémissent encore les ultimes instants du poète maudit.
Un voyage par monts et par mots.
Blog => https://squirelito.blogspot.com/2020/09/une-noisette-unerentree-litteraire-14.html
En exergue cette citation de Joseph Delteil : « Aux morts, pour qu’ils vivent. Aux vivants, pour qu’ils aiment. » Hommage rendus à tous les anonymes morts pour la France en 14-18.
Cette citation, comme une seconde peau à tous ceux qui ont vécu l’innommable : la perte d’un enfant.
Janvier 1976, à un siècle d’intervalle naissait Martin Chambaz, fils de l’auteur.
Etoile filante, décédé accidentellement à l’âge de 16 ans.
Comment vivre avec ?
Partir sur les traces du grand Jack, parce que Martin aurait eu 40 ans, âge auquel est décédé Jack London.
« Je sais que nous allons suivre le chemin que Jack London avait suivi à l’âge de dix-huit ans, en sens inverse. »
Nous, l’auteur et son amoureuse, lui à vélo, elle en auto.
En chapitres portant les noms du lieu, découpés en textes courts, l’auteur s’adresse à Jack et Martin, il entremêle les liens, nous découvrons un Jack London par des anecdotes, des portraits finement tracés, un Martin jeune vie fugace. L’auteur adopte le ton de la familiarité qui donne aux lecteurs la sensation de faire partie de la famille et d’écouter les différentes histoires d’une épopée.
La musique de cette histoire serait l’appétit insatiable de London pour la littérature, une manière pour Bernard Chambaz d’une revisite et d’une incitation à nourrir notre vie de littérature, les références sont toujours judicieuses et ponctuent agréablement ce livre.
D’une belle écriture, pudique mais aussi facétieuse l’auteur tisse sa toile pour notre plaisir.
Un match entre le grand Jack et Bernard pour affronter leurs démons ?
On sent le combat de tous les instants, on sait combien les livres, les mots sont là pour apaiser les maux.
Il y a des fantômes plus lumineux que d’autres, surtout ceux qui sont éclairés par une écriture magnifique pour ne pas dire somptueuse.
Parce que pour Bernard Chambaz et ceux qui ont lu ce livre, ici et pour toujours : « Martin est là, tout près, du moins ai-je la faiblesse de le croire. La faiblesse ou la force, je ne vois pas la différence. Ce n’est pas une question de volonté, pas davantage que le mouvement des planètes, ce n’est pas non plus un pari où je n’aurais rien à perdre, c’est comme s’il était là, comme les nuages et le vent dans l’herbe… »
©Chantal Lafon-Litteratum Amor 11 février 2020.
Le point de départ de ce récit est puissant.
Janvier 2016. Martin, le fils de l'auteur, disparu dans un accident de voiture à 16 ans, aurait eu 40 ans … âge auquel Jack London est décédé. Tous deux sont nés en janvier 76, à un siècle de distance. Avec son amoureuse, Bernard Chambaz trace la route à vélo dans les pas du grand Jack, 5000 km de périple entre Etats-Unis et Canada. Mais ils ne sont pas seuls, Martin et Jack, tels deux anges tutélaires, les accompagnent.
Les admirateurs de Jack London ( j'en suis, Martin Eden est mon roman préféré de tous les temps ) plussoieront cette proposition qui s'affranchit des codes poussiéreux de la biographie avec une liberté jouissive tout en offrant mille anecdotes pertinentes pour comprendre ce grand humaniste, ce grand révolté, ce grand aventurier qu'a été Jack London. Quel plaisir de plonger dans les coulisses de la rédaction de Radieuse Aurore, du Talon de fer, de Martin Eden and co !
Les autres seront emportés dans le tourbillon des mille vies de Jack London en plus que celle d'écrivain : balayeur de jardins publics, menuisier, agriculteur, éleveur de poulets, chasseur de, pilleur d'huîtres, patrouilleur maritimes, blanchisseur, chercheur d'or au Klondike !
Et puis, il y a ces passages où Martin et Jack cheminent ensemble en potes complices : cette amitié imaginaire est solaire, empreinte de poésie, bourrée de tendresse. Qu'elle est belle cette littérature lorsqu'elle devient un autre Eden. Qu'elle est belle cette littérature lorsqu'elle pousse des personnages vers l'assomption. Plus forte que le paradis ! avec elle le deuil s'efface devant la pulsion de vie, même si elle se teinte d'une douce mélancolie. Plus de conditionnel, plus de « si », la littérature comme une aventure où tout est réel, où le fils de l'auteur campe avec Jack et s'amuse à faire des ricochets avec lui.
« Aux morts pour qu'ils vivent. Aux vivants pour qu'ils aiment » nous dit la citation en exergue de Joseph Delteil. Bernard Chambaz ne pouvait pas mieux choisir tant ce récit surprenant, entre introspection et biographie, est perfusé à l'amour et à la vie.
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