"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Un autre Eden nous emporte sur les traces d'un type génial et malgré tout méconnu, Jack London, accompagné de notre fils Martin car tous les deux sont nés un jour de janvier 76. On y découvre des femmes magnifiques, une robe en feuilles de cocotier, des aventures hors du commun, une machine à best-sellers, la permanence d'une pauvreté qui devrait nous être insupportable, un vélo, des grandes poudreries et les mers vertes du Sud, le poids du chagrin, une joie supérieure, des contradictions en tout genre, l'Enfer et l'Éden, les illusions et les désillusions du socialisme, des eucalyptus et des phoques, des invités surprises, le tumulte des relations entre parents et enfants, des vies, des capricornes, l'impératif « Je me souviens », la route, le bord de la route, un vieux chien avec des yeux mouillés, notre incurable légèreté.
« Aux morts pour qu'ils vivent. Aux vivants pour qu'ils aiment ».
Voici deux bonnes raisons d'écrire un roman.
B. C.
En exergue cette citation de Joseph Delteil : « Aux morts, pour qu’ils vivent. Aux vivants, pour qu’ils aiment. » Hommage rendus à tous les anonymes morts pour la France en 14-18.
Cette citation, comme une seconde peau à tous ceux qui ont vécu l’innommable : la perte d’un enfant.
Janvier 1976, à un siècle d’intervalle naissait Martin Chambaz, fils de l’auteur.
Etoile filante, décédé accidentellement à l’âge de 16 ans.
Comment vivre avec ?
Partir sur les traces du grand Jack, parce que Martin aurait eu 40 ans, âge auquel est décédé Jack London.
« Je sais que nous allons suivre le chemin que Jack London avait suivi à l’âge de dix-huit ans, en sens inverse. »
Nous, l’auteur et son amoureuse, lui à vélo, elle en auto.
En chapitres portant les noms du lieu, découpés en textes courts, l’auteur s’adresse à Jack et Martin, il entremêle les liens, nous découvrons un Jack London par des anecdotes, des portraits finement tracés, un Martin jeune vie fugace. L’auteur adopte le ton de la familiarité qui donne aux lecteurs la sensation de faire partie de la famille et d’écouter les différentes histoires d’une épopée.
La musique de cette histoire serait l’appétit insatiable de London pour la littérature, une manière pour Bernard Chambaz d’une revisite et d’une incitation à nourrir notre vie de littérature, les références sont toujours judicieuses et ponctuent agréablement ce livre.
D’une belle écriture, pudique mais aussi facétieuse l’auteur tisse sa toile pour notre plaisir.
Un match entre le grand Jack et Bernard pour affronter leurs démons ?
On sent le combat de tous les instants, on sait combien les livres, les mots sont là pour apaiser les maux.
Il y a des fantômes plus lumineux que d’autres, surtout ceux qui sont éclairés par une écriture magnifique pour ne pas dire somptueuse.
Parce que pour Bernard Chambaz et ceux qui ont lu ce livre, ici et pour toujours : « Martin est là, tout près, du moins ai-je la faiblesse de le croire. La faiblesse ou la force, je ne vois pas la différence. Ce n’est pas une question de volonté, pas davantage que le mouvement des planètes, ce n’est pas non plus un pari où je n’aurais rien à perdre, c’est comme s’il était là, comme les nuages et le vent dans l’herbe… »
©Chantal Lafon-Litteratum Amor 11 février 2020.
Le point de départ de ce récit est puissant.
Janvier 2016. Martin, le fils de l'auteur, disparu dans un accident de voiture à 16 ans, aurait eu 40 ans … âge auquel Jack London est décédé. Tous deux sont nés en janvier 76, à un siècle de distance. Avec son amoureuse, Bernard Chambaz trace la route à vélo dans les pas du grand Jack, 5000 km de périple entre Etats-Unis et Canada. Mais ils ne sont pas seuls, Martin et Jack, tels deux anges tutélaires, les accompagnent.
Les admirateurs de Jack London ( j'en suis, Martin Eden est mon roman préféré de tous les temps ) plussoieront cette proposition qui s'affranchit des codes poussiéreux de la biographie avec une liberté jouissive tout en offrant mille anecdotes pertinentes pour comprendre ce grand humaniste, ce grand révolté, ce grand aventurier qu'a été Jack London. Quel plaisir de plonger dans les coulisses de la rédaction de Radieuse Aurore, du Talon de fer, de Martin Eden and co !
Les autres seront emportés dans le tourbillon des mille vies de Jack London en plus que celle d'écrivain : balayeur de jardins publics, menuisier, agriculteur, éleveur de poulets, chasseur de, pilleur d'huîtres, patrouilleur maritimes, blanchisseur, chercheur d'or au Klondike !
Et puis, il y a ces passages où Martin et Jack cheminent ensemble en potes complices : cette amitié imaginaire est solaire, empreinte de poésie, bourrée de tendresse. Qu'elle est belle cette littérature lorsqu'elle devient un autre Eden. Qu'elle est belle cette littérature lorsqu'elle pousse des personnages vers l'assomption. Plus forte que le paradis ! avec elle le deuil s'efface devant la pulsion de vie, même si elle se teinte d'une douce mélancolie. Plus de conditionnel, plus de « si », la littérature comme une aventure où tout est réel, où le fils de l'auteur campe avec Jack et s'amuse à faire des ricochets avec lui.
« Aux morts pour qu'ils vivent. Aux vivants pour qu'ils aiment » nous dit la citation en exergue de Joseph Delteil. Bernard Chambaz ne pouvait pas mieux choisir tant ce récit surprenant, entre introspection et biographie, est perfusé à l'amour et à la vie.
Je ne connaissais pas les ouvrages de Bernard Chambaz. Je viens de le découvrir avec la lecture de son dernier roman, “un autre Eden”, reçu à l'occasion de ma participation en tant que jurée du Prix FNAC 2019 : eh bien, en voilà une petite merveille !
Martin (l'autre Eden ?…) Chambaz, le fils de l'auteur est mort en 1993. Il est venu au monde en janvier 1976, un siècle exactement après la naissance de Jack London …
Dans ce beau récit - mi-roman, mi-biographie - Bernard Chambaz alterne les chapitres entre fiction et réalité, imaginant des conversations ou des rencontres amicales entre son jeune fils Martin et le grand Jack London puis nous confiant des anecdotes sur la vie de l'illustre écrivain.
L'écriture est superbe, la construction originale. Les passages réservés à son enfant prématurément disparu sont emplis de pudeur, sans pathos. Ceux consacrés aux aventures de Jack London le “baroudeur” sont tout simplement passionnants.
J'ai dévoré ce formidable roman d'une traite, sans une seule minute de lassitude ! Un livre que je recommande fortement !
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