"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Depuis que je participe aux challenges lecture de l'association des 68 premières fois, il me semble que c'est la première fois qu'un recueil de nouvelles s'y trouve. Mais commençant un peu à connaître les organisatrices et leurs élans magiques respectifs, cela n'a rien d'étonnant en fait tant les sept nouvelles de ce recueil signé Antoine Desjardins chez La Peuplade sont universelles et parlent à chacun de nous.
Bien qu'un peu décontenancée par le ton de la première "A boire debout", je n'ai pas voulu rester sur le sentiment d'inachevé et/ou d'inaccompli de ma dernière lecture 68 et j'ai persévéré. Bien m'en a pris tellement j'ai été subjuguée par l'écriture d'Antoine Desjardins, sa parfaite maîtrise de ce genre littéraire difficile et la qualité toute entière de ces histoires qui nous parlent d'environnement, de protection, d'actions, de conséquences, de liens de cause à effet entre ici et ailleurs, plus loin, quand nos attitudes et nos comportements interagissent de l'autre côté de la planète.
De ces sept nouvelles qui m'ont littéralement transportée, je retiens cet élan formidable qui les soulève dans le meilleur et parfois dans le pire. Il est aussi question de vie, de mort, de maladie, de temporalité entre présent et futur possible. Les éléments terre, feu, eau, vent en sont une partie prenante active et leur impact sur l'humanité (et réciproquement celui des hommes et femmes sur les éléments) nous démontrent que les uns et les autres sont intimement liés quoi qu'on en pense ou dise. La dernière nouvelle "Ulmus Americana" est d'une efficacité édifiante si jamais quelques doutes subsistaient.
J'ai vraiment apprécié cette lecture et je remercie nos fées des 68 de l'avoir inclus dans la sélection 2021. Bien sûr ce recueil mérite amplement sa place pour La bonne nouvelle du lundi. Par sept fois!
Alors que l'on peine toujours à rendre opérationnelle la transition écologique, Indice des feux peint les incertitudes d’un avenir où tout est encore à jouer. Antoine Desjardins aborde à travers sept tableaux la détresse existentielle des humains associée aux dramatiques conséquences du changement climatique. L'humanité et son écosystème s'effondrant, l'auteur réunit les deux avec habileté dans chacune de ses nouvelles. Par de subtiles métaphores poétiques et sans jamais être moralisateur, l'auteur nous rappelle combien il est urgent de préserver notre relation à notre environnement parce que c'est de celle-ci que dépend la vie. Ce n'est qu'en la choyant que nous resterons vivants. Dans cette perspective, il met en avant comment la disparition des baleines noires peut impacter la vie amoureuse d'un couple, ou encore comment un enfant hospitalisé tue le temps en écoutant les nouvelles à la radio. Il n'est question que d'inondations, de fonte des glaces. Ce sont autant d'ours polaires qui à l'instar de cet enfant atteint d'un cancer incurable, risquent de disparaître. Vous l'aurez compris, la problématique écologique traverse chacune des sept nouvelles.
Indice des feux est un livre subtil, très dense, intelligent et malgré quelques pointes de désenchantement, il demeure un recueil optimiste et lumineux. De plus, il déborde d'expressions québécoises qui rendent le tout encore plus poétique vu de ce côté-ci de l'Atlantique, mais n'ayez la chienne, un glossaire vous permet de vous y retrouver.
Aucun doute, Indice des feux vaut toutes les conventions citoyennes pour le climat. Ce livre invite -s'il en était encore besoin- à une prise de conscience sans pour autant tomber dans l'éco-catastrophisme. Tout est encore possible ! Indices des feux est à lire par tous les climatosceptiques et les autres.
https://the-fab-blog.blogspot.com/2021/05/mon-avis-sur-indice-des-feux-dantoine.html
Dans ce recueil signé Antoine Desjardins, sept courts récits invitent à réfléchir à notre relation à l’environnement, à la manière dont l’homme, minuscule, est lié à l’infiniment grand dans un monde qu’il est en train de faire disparaître. Sept récits pour mettre à jour les indices d’un désastre annoncé : fonte des glaces, montée des eaux, destruction des habitats naturels, disparition des espèces … Sept fragments de la vie des personnages, des moments clés de leur existence où il faudra pour les uns, faire face à la maladie, pour d’autres accueillir un enfant à venir, accepter un divorce, faire des choix sans appel, transmettre un héritage… Sept fictions qui mettent en lumière les sentiments, les émotions des personnages, en résonance avec les catastrophes écologiques.
L’unité du recueil se construit autour des bouleversements écologiques qui détruisent le monde alors qu’une véritable prise de conscience se fait parfois attendre. Ce qui en fait sa force c’est la manière, jamais moralisatrice, qu’a l’auteur de sensibiliser à ce phénomène. Chaque récit est une histoire singulière, humaine portée par une écriture superbe, alerte, très visuelle et d'une grande force émotionnelle.
Le ton est donné avec un premier texte, « À boire debout », glaçant. Un adolescent hospitalisé, atteint de leucémie écoute à la radio ce qui se dit des maux du monde. L’évolution de sa maladie fait écho à ce qui ravage la Terre. Cet adolescent dont la voix résonne du phrasé québécois bouleverse par le drame qu’il vit, par ce qui occupe ses pensées. Condamné par la maladie dans un monde voué à disparaître.
Très émouvant, ce couple qui attend un enfant, bouleversé par la disparition d’une baleine qu’il avait l’habitude d’apercevoir à Cape Cod. Serait-ce un mauvais présage ? Tragique, l’histoire de cet homme divorcé, chassé de son « chez lui » tandis que les coyotes envahissent la ville pour se nourrir. Comment partager un nouvel écosystème ?
Lumineuse, l’histoire de Louis, jeune homme promis à un brillant avenir qui change radicalement de voie pour se reconnecter à la nature et fuir une société en proie au profit et à l’éco-anxiété…
Ma préférence va au dernier récit. L’histoire de Grand qui a veillé toute sa vie sans relâche sur un orme, Ulmus america, un arbre qui avait une place essentielle dans son cœur, qui le liait avec tendresse à son petit-fils. Leur histoire, très émouvante, vient clore une sorte de cycle avec une infinie douceur et beaucoup d’émotion.
Antoine Desjardins aborde une problématique contemporaine, plus que jamais d’actualité, avec beaucoup d’acuité et de finesse. Il nous place face au quotidien, face à nous-même qui sommes à la fois ceux qui ont provoqué et ceux qui subissent la colère de la Terre. Il dessine avec beaucoup d’humanité de très beaux portraits de personnages qui nous sont familiers et interrogent notre rapport au monde. Et face au désastre et aux incertitudes, aucun ton sentencieux, mais des convictions tournées vers l’avenir, de l’amour, de la lumière et souvent, de l’espoir.
On ne les voit pas forcément venir, ces feux qui couvent entre les pages du premier roman d’Antoine Desjardins. Premier roman qui n’en est d’ailleurs pas tout à fait un puisqu’il s’agit d’un recueil de sept nouvelles dont le fil conducteur se révèle peu à peu, comme on voit s’allumer de loin en loin une ligne de feux. Repères dans la nuit ? Signaux d’alerte ? Lumières tremblantes d’un espoir qu’il nous appartient de prendre en charge et d’entretenir ? C’est un peu tout cela que nous propose ce jeune auteur canadien, avec un sens de l’image et de l’humour affuté et cet inénarrable accent de la Belle Province qui semble jaillir de chaque page pour nous inviter au voyage. À sept reprises, il réussit l’exploit de nous amener dans un autre univers, plantant son décor et son regard tour à tour dans la chambre d’hôpital d’un tout jeune homme atteint de leucémie, au tournant de la vie d’un jeune couple observateur de baleines, au cœur d’une banlieue proprette aux côtés d’un ivrogne d’une nuit, dans une famille banale surprise d’avoir nourri un presque hippy dans son sein, sur les trottoirs d’ une rue avec vue sur l’un des derniers bouts du monde, dans le jardin d’une vieille dame veillant sur son coin préservé de campagne ou entre les racines d’un arbre à histoires. En toute délicatesse mais avec conviction, Antoine Desjardins parvient à créer une atmosphère, une empathie, une familiarité autour de ses personnages à la genèse si bien travaillée qu’on jurerait les connaître déjà et partager certains de leurs souvenirs. Beaucoup de leurs inquiétudes également, funambules du même fil tendu entre aujourd’hui et notre avenir, fragile, si fragile. Avec une bienveillante insistance, il nous invite à cesser de détourner le regard de notre maison en proie aux flamme et à ouvrir enfin les yeux sur les Indices des feux qui jalonnent notre quotidien.
Sans doute est-ce là la plus belle prouesse de ce livre, cette force militante qui sait se faire légère, cet humour qui nous arrache des larmes, ces références rigoureuses amenées comme par hasard au détour d’une histoire, cette acuité du regard sous la nonchalance.
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