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A là mort de leur père, Chance et ses frères et soeurs doivent se séparer de la maison familiale. C'est un crève-coeur car cette maison porte en elle tous les souvenirs familiaux, les joies, les peines, les rires les colères. Elle abrite les fantômes du passé, certains gentils d'autres moins. Chance est bouleversée par cette vente. On la retrouve devant son ordinateur, devant la page blanche. Elle essaie de mettre en mots tout ce qu'elle ressent pour cette maison, pour les souvenirs qu'elle abrite pour les garder en mémoire mais aussi pour s'en libérer, passer à autre chose, vivre.
Tour à tour les souvenirs de Chance viennent lui parler. La maison qui a abrité la famille depuis l'arrivée de l'arrière-grand-père, le mur qui donne sur la mer et sur lequel les membres de la famille ont passé tant de temps à contempler l'océan, son frère aîné décédé avant sa naissance mais dont l'absence est si présente, si pesante, tous vont intervenir pour l'aider à se libérer d'eux, à prendre son envol. Chance doit briser ses chaînes pour pouvoir vivre sa vie.
"Notre maison bretonne. C'est chez moi. C'est beau, parfois effrayant. C'est gigantesque, mais suffisamment petit pour entendre l'écho des blessures familiales. Celles qu'on ne règle qu'en famille. Qui touchent le coeur des choses, les culpabilités, les remords, la responsabilité de chacun devant les morts."
"Le poids des choses , mes liens familiaux, ma grand-mère, mon frère, mon père, chez les morts. Ma mère, mes frères et soeurs, les gens que j'aime. Tous me lient. M'enchaînent. M'empêchent d'avancer dans ma propre histoire. Je dois m'en libérer. Je sais je dois me libérer."
Nos maisons d'enfance, nos familles, tous les souvenirs qui y sont liés, jamais nous ne les oublierons. Ils forment un socle plus ou moins solide sur lesquels nous nous construisons. Nos racines poussent dans ce milieu quel qu'il soit, plein d'amour ou de joie, de tristesse de désamour.On a parfois du mal à y trouver sa place et toujours de la peine à s'en extraire. Pour nous épanouir, nous devons transplanter nos racines ailleurs, ne pas nous laisser enfermer dans nos souvenirs, ne pas rester prisonniers d'une vie qui n'est pas la nôtre. Ces souvenirs qui sont en nous, qui vivent en nous doivent servir de base de lancement pour que nous trouvions notre propre orbite. Si nous restons murés dans les souvenirs familiaux, prisonniers de la maison de notre enfance, nous nous étiolons.
Cette nécessité de prendre des distances avec l'histoire familiale pour pouvoir vivre sa propre vie, est le thème de ce magnifique roman d'Anne-Véronique Herter. Un livre qui m'a bouleversé, qui m'a donné la chair de poule, certains passages m'ont tellement ému que les larmes aux yeux, je devais les relire pour être sûr de ne pas en avoir manqué un mot. Un livre qui touche au plus profond car il nous parle de nos racines, de la base sur laquelle nous devons nous construire. Ce roman touche par son universalité. Nous avons tous eu des familles plus ou moins fonctionnelles, plus ou moins aimantes, une maison d'enfance dont il est difficile de se libérer. La plume pleine de sensibilité, de poésie, de nostalgie, mais aussi d'humour, m'a frappé au coeur. Zou ! restera longtemps gravé dans ma mémoire et c'est un livre que je relirai avec bonheur. Un livre à lire absolument.
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