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Un jardin à Gaza
Dans son nouveau roman Anne-Sophie Subilia nous propose de découvrir le quotidien d'un couple d'expatriés partis à Gaza pour le compte du CICR. Une chronique douce-amère depuis l'un des points les plus chauds de la planète.
Un couple d'expatriés emménage dans sa nouvelle affectation, une maison un peu à l'écart à Gaza, en Cisjordanie. Employés par le Comité International de la Croix Rouge, ils bénéficient d'un statut particulier et savent qu'ils ne sont là que le temps de leur mission. Ce qui ne les empêche pas d'engager Hadj, un jardinier, afin que ce dernier plante des arbres, des légumes et des fleurs dans leur cour qui n'est que sable et poussière. Accompagné de son âne et quelquefois de ses fils, le vieil homme s'acquitte de sa tâche sous les yeux de Piper Desarzens, la maîtresse de maison.
Expatriée, elle tue le temps en attendant le retour de Vivian, son mari, parti inspecter les prisons de la région. Son occupation principale consistant à retrouver tous les expatriés au Beach Bar pour y faire la chronique de leur quotidien, se raconter et se distraire en buvant force verres, si les coupures de courant ne viennent pas mettre prématurément un terme à leur programme. Elle profite aussi du bord de mer pour se baigner. Quelquefois, quand l’emploi du temps de Vivian le permet, ils bénéficient de quelques jours pour faire un peu de tourisme, aller visiter Israël.
Si les paysages désertiques du Néguev ou les bords de la mer morte n’ont rien à voir avec ceux du cercle polaire où Anne-Sophie Subilia avait situé son précédent roman,
Neiges intérieures, on y retrouve cette quête de l’intime derrière l’exploration de la planète. Il n’est d’ailleurs pas anodin que la meilleure amie de Piper soit Mona, une psychiatre palestinienne. C’est avec elle qu’elle essaiera de comprendre la difficile situation de ce peuple sans pays, la «drôle de vie» qu’il mène. C’est en lui rendant visite à l’hôpital qu’elle constatera la situation difficile des orphelins et qu’elle se prendra d’affection pour l’un d’eux. Jusqu’au jour où on lui annonce qu’il a trouvé une famille d’accueil. Une nouvelle qui pourrait la réjouir, mais qui va la laisser en plein désarroi.
Paradoxalement, cette chronique douce-amère d’un quotidien peu enthousiasmant fait la force de ce roman. Ici, il n’est pas question de politique, encore moins de prendre parti et pourtant, au détour d’une chose vue, d’une difficulté rencontrée pour se procurer telle ou telle chose, on saisit parfaitement le drame qui se noue ici. La vie n’est pas seulement en suspens pour Piper et Vivian, mais pour tous ces habitants qui les entourent. À la différence que pour les expatriés, il existe une porte de sortie…
https://urlz.fr/kbaM
Nous sommes en 1974, à Gaza. Peper et Vivian vienne d’y arriver. Lui est un délégué humanitaire ; il s’absente souvent pour sillonner la région pour y inspecter notamment les prisons et aider la population. Peper, son épouse n’a pas de métier ; en tout cas, ici, elle ne travaille pas. La semaine, elle s’ennuie ; et le week-end, elle sort en couple et entre amis. Peper n’a pas encore tous les codes de la région.
Voilà un bien étrange roman où il ne se passe pas grand-chose. L’auteur s’attarde à suivre le spleen d’une femme un peu désœuvrée qui tente par le biais de ses rencontres de combler sa mélancolie, de trouver sa place dans son couple et son pays d’adoption.
Voilà un bien étrange roman où il ne se passe pas grand-chose. L’auteur s’attarde à suivre le spleen d’une femme un peu désœuvrée qui tente par le biais de ses rencontres de combler sa mélancolie, de trouver sa place dans son couple et son pays d’adoption.
J’aurais aimé que l’auteur s’attarde davantage sur la situation politique et sociale de Gaza, qu’elle mette le doigt sur un sujet trop effleuré à mon sens : le sort des prisonniers à Gaza. Mais peut-être n’étais-ce pas le but de son propos, qui à froid m’a largement échappé. L’ensemble est élégamment écrit et construit, mais sans vraiment de consistance. Un roman qui raconte l’ordinaire, et qui à force de vouloir rester en marge finit par devenir ordinaire. Dommage !
https://leblogdemimipinson.blogspot.com/2022/08/lepouse.html
«Le bruit d’un torrent près des tempes
le bruit du vent dans le cou
je suis seule
pour un moment
j’écris vite et mal
dans ma tête il y a un bourdonnement de corde tendue
je ne comprends pas ce que c’est
si c’est positif ou négatif
peut-être un reste d’excitation.
Pour le moment rien ne me rassure ici, le paysage m’est hostile.»
Le journal de bord d’Anne-Sophie Subilia tient en quatre cahiers qu’elle nous livre au retour d’une expédition en Arctique. Durant plusieurs semaines, elle a voyagé du côté de la Terre de Baffin, à bord d’un voilier en aluminium. Si le bateau de 16 m est «taillé pour les mers de glace», il est bien loin d’être confortable. Ce serait même tout le contraire. L’humidité qui fait moisir les couchettes, l’exiguité des cabines, la place réduite dédiée aux réserves ou encore les toilettes qui méritent bien des surnoms mais pas celui de lieu «d’aisance» vont faire de ce périple tout autre chose qu’une aventure joyeuse. Reste à définir la chose.
C’est ce à quoi va s’atteler Anne-Sophie Subilia dans ce récit dont le titre annonce déjà combien il va davantage être introspectif que descriptif. Mais c’est aussi ce qui en fait tout l’intérêt. Car au sein de la maison d’édition qui revisite l’œuvre de Nicolas Bouvier (La Guerre à huit ans, à paraître en février en poche), on a compris depuis fort longtemps que les voyages formaient – et déformaient – d’abord les voyageurs eux-mêmes.
Outre la narratrice, cinq autres personnes font partie de cette expédition au pays des glaces Z. le capitaine, T. son second, N. et S., deux autres hommes, ainsi que C. une jeune femme. Ces derniers sont architectes, à la recherche d’idées pour élaborer une cité alpine. Des compagnons de voyage plutôt indifférents, quand ils ne sont pas désagréables, qui vont la pousser à chercher un moyen de s’évader. Dès que l’ancre est jetée, elle part courir, même si le paysage lui est hostile. «Mes camarades ont bien compris que c’était nécessaire. J’ai besoin de me défouler et quand je reviens je suis plus calme. Ce n’était pas prévu. Maintenant c’est devenu une habitude. Quand je cours je reprends une sorte de pouvoir. C’est sans doute une chose de civilisation.» C’est ce même besoin vital qui la pousse à écrire. En phrases courtes dont on ne sait si elles sont le fruit de la géographie – un désert blanc – ou le fruit de la nécessité dans un espace confiné de s’en tenir à l’essentiel, sans fioritures.
« J’écris tout simple. Pas la force de faire mieux pour le moment. On vient de me déposer. Les autres restent sur le bateau. Le soir est en train de venir, je ne ferai pas long, juste le temps de l’inventaire. C’est une cabane de chasse peinte en vert olive, sur des pilotis, à environ 30 mètres du rivage. J’ai peur qu’ils ne reviennent pas me chercher. C’est étrange d’avoir cette pensée.»
Si Anne-Sophie Subilia nous touche autant, c’est que derrière le récit de voyage, on sent les blessures secrètes, les peurs et la colère. Cette peur de l’abandon, on va le découvrir, vient de bien plus loin que de cette nuit polaire. Elle vient de l’enfance, elle vient de son parcours de vie, de ces «neiges intérieures» qui peuvent vous glacer en un instant.
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