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Pour commencer, parlons de l'objet livre.
La nouvelle est subtilement et élégamment illustrée par les dessins, peintures, photos, et collages de Anne Attali et Marie van Roey qui nous plongent dans l'univers fascinant de ses objets inanimés qui s'attachent à l'âme de John, l'un des deux protagonistes.
Le format à l'italienne, la première de couverture blanc et sable sur fond noir avec rabat, la mise en page aérée contribuent à la qualité de l'ouvrage,
On peut toutefois regretter une certaine fragilité de la couverture qui aurait gagné à être plus rigide,
Passons maintenant à la nouvelle de Virginia Woolf.
Animés par une violente discussion, deux hommes , se promènent sur la plage quand l'un d'eux s' écrie : « Au diable la politique ! », Ils s'assoient près d'un sardinier échoué. Charles fait des ricochets, John trouve dans le sable un morceau de verre poli et le glisse dans sa poche. Et c'est là que tout va basculer.
Il le place sur sa cheminée en guise de presse-papier.
Peu à peu, il va s'enfermer dans son monde , délaisser l'avenir brillant ausquel il pouvait prétendre dans la société et va partir à la recherche d'objets qui lui rappellent ce morceau de verre …
Une nouvelle magnifique.
On ne peut s'empêcher de penser que sur John en quête de ses objets plane l'ombre de Virginia Woolf en quête de sa place dans le monde.
Avant d'entrer dans le vif du sujet, je tiens à remercier Babelio ainsi qu'Esperluète éditions pour ce Masse Critique qui m'a permis de lire pour la première fois un texte de Virginia Woolf. Je connais bien entendu cette grande dame de la littérature, de nom, ses oeuvres les plus célèbres et dans ma bibliothèque est même soigneusement rangée "Romans et nouvelles" mais je n'avais jamais, jusqu'à présent, franchi le pas. La faute peut-être au magnifique film de Stephen Daldry, "The hours" qui l'a rendue intimidante à mes yeux.
J'ai donc saisi l'opportunité que représentait cette opération pour contourner l'obstacle par un biais plus ludique, en l'occurence découvrir "Objets massifs", une nouvelle centenaire de l'auteure illustrée par deux artistes, Anne ATTALI et Marie VAN ROEY. À cet égard, soulignons toutefois que si l'objet demeure unique, singulier et original, il s'inscrit pourtant dans le sillage du travail de l'écrivain. En effet, comme nous l'apprend la postface de Geneviève BRISAC, Vanessa BELL, soeur de Virginia, avait réalisé des gravures pour illustrer cette même nouvelle.
L'ouvrage se présente dans un format paysage qui évoque certains albums jeunesse, un choix idéal pour les illustratrices qui peuvent ainsi matérialiser leur imaginaire dans un espace privilégié. Le texte ressort magnifié par cette configuration. Il est plus aéré, facile à lire et son caractère étrange, comme absurde avant l'heure, garde toute sa singularité.
Avant de démarrer la lecture, j'avais une légère appréhension. N'allait-on pas subtiliser mon imaginaire ? Ces images n'allaient-elles pas faire obstruction à l'irruption des miennes ? La réponse tient en trois mots : en aucune façon ! Et c'est d'ailleurs tout l'intérêt du projet, confronter son interprétation visuelle avec celles des deux artistes.
J'en oublierai presque d'évoquer cette nouvelle alors qu'elle m'a plutôt conquise. J'ai aimé le personnage principal, son basculement, son obsession, l'écriture de l'auteure que j'ai trouvée étonnamment accessible ainsi que le dénouement de l'histoire.
Une question demeure en suspens toutefois. L'écrin a-t-il eu une influence sur mon ressenti ? La réponse lorsque j'aurai lu "Romans et nouvelles".
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