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Il arrive que nous côtoyions des gens qui nous paraissent un peu… bizarres. Mais nous ne savons pas identifier leur singularité. Ces personnes pourraient-elles alors être autistes Asperger ?
Autiste, nous pouvons en avoir quelque idée. Mais Asperger ? De quoi s’agit-il au juste ?
Anne Lise, dans son livre-témoignage « Le Lien », nous raconte, se raconte… et c’est passionnant !
C’est à 38 ans qu’elle a découvert que sa différence avait un nom. Car oui, il s’agit bien d’une différence.
Mais Ange Lise n’est pas une « Asperger » qui écrit, elle est auteure avant tout, une auteure qui est aussi Asperger. Et s’il s’agit bien d’un témoignage, le ton donné au récit de cette différence, dans les divers aspects quelle prend, n’est pas à la morosité, bien au contraire. Sérieux, oui, mais avec beaucoup d’humour aussi et un style particulièrement savoureux.
Chaque titre de chapitre reprend une particularité, parfois avec un jeu de mot, parfois un clin d’œil à nos chères études :« Félins pour l’autre » en l’honneur du minet qui accompagne sa vie sans aucun dérangement, « Mais où est donc Ornicar ? » au sens propre… est-ce que quelqu’un l’aurait enfin trouvé ? chapitre d’une page, charmant, très drôle, et édifiant !
Et c’est si joliment écrit, comme la dégustation de cette tomate mure à point, somptueuse, une expérience sensorielle magnifiquement décrite. Ou encore le chapitre intitulé « Je suis un W » sur la difficulté d’écrire lorsqu’on est une gauchère, contrariée de surcroît, et le moyen d’y remédier en finissant par avoir « de l’affection pour chacune de ces vingt-six lettres qui s’harmonisent à merveille sans jamais se chercher querelle ».
Grâce à bien des exemples très parlants pris de son expérience d’Asperger, Ange Lise nous fait comprendre à quel point nous risquons, dans nos détours, nos raccourcis et nos allusions, de n’être pas compris : « En tant qu’Asperger - nous dit Ange Lise – je vis dans un paysage crypté pour décoder les intentions de mes congénères »
Plutôt que de paraphraser, je préfère citer cette belle image d’Ange Lise pour nous montrer les difficultés auxquelles elle est confrontée : « Asperger ressemble à une route barrée qui nous force à prendre des déviations au lieu de s’embarquer sur l’autoroute de la normalité sans se poser de questions. Le trajet est considérablement rallongé, parfois, à force d’emprunter les itinéraires bis ou de tenter des raccourcis qui finissent dans un cul-de-sac. »
Enfin, Ange Lise nous révèle qu’« une des spécificités des personnes autistes est qu’elles ne sont pas dans le jugement. »
Me permettez-vous de trouver que c’est une très bonne chose !
Clara est comédienne. Sa spécialité, la mort de ses personnages. Une carrière sous le signe du deuil éclatant qui finit par la faire sortir du placard. Mais l’obsolescence programmée des comédiennes n’est jamais loin.
« Cent morts sinon rien » est une pièce enlevée, tour à tour drôle et émouvante, aux répliques qui rebondissent et se répondent très bien.
La présence de Clara seule sur scène aurait pu au bout d’un moment s’avérer monotone. Heureusement la construction de la pièce avec les interventions de Marco, son agent, de sa mère, mais aussi de Clara elle-même en off, ainsi que l’utilisation des scènes filmées et projetées en fond, rendent l’ensemble très dynamique et agréable à suivre. On prend plaisir à suivre cette héroïne qui semble ne s’épanouir que dans la mort des personnages qu’elle interprète.
Au travers de cette pièce, Ange Lise nous propose une plongée dans l’univers du cinéma, où les actrices semblent dotées d’une date de péremption qui les éloignent des rôles, passé un certain âge. Un petit monde fonctionnant en vase clos dans lequel la jalousie n’est jamais bien loin et où tout est analysé et disséqué. Un texte enlevé qui donne envie de le voir adapté sur les planches !
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