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Nous faisons la connaissance de six amis, à Ayrshire, en Écosse, en 1986, sous la férule de la dame de fer alias Miss Maguy comme dirait Renaud, sur fond de misère économique, l’Écosse doit faire front à la crise des mineurs. Ils vont fêter la fin des études en se rendant à un concert mythique à Manchester, la Mecque du punk rock, avec musique à fond, drogues en tout genre, c’est l’époque du speed et durant ce week-end ils font un peu n’importe quoi.
Les familles, en butte au chômage, à la vie difficile ont plus ou moins démissionné, celle de Tully et celle de de Noodle, en particulier. Ils se quittent avec quelques décisions pour l’avenir, comme reprendre les études pour Tully et divorcer de ses parents pour Noodle, le narrateur.
On les retrouve trente ans plus tard, en 2007, ils ont plus ou moins garder les liens de l’adolescence, mais Tully est atteint d’un cancer et il demande à son ami, de l’aider à mourir dans la dignité… Il a bien repris ses études pour devenir professeur, alors que Noodle est écrivain.
Les deux parties sont très inégales, pour ma part, j’ai trouvé la première plutôt imbuvable, la musique alternant avec les beuveries, les drogues, les réflexions de gamins mais ils ont à peine vingt ans. J’ai failli ne pas continuer la lecture, mais je ne regrette pas une seconde d’avoir insisté car la deuxième partie est nettement plus intéressante, car elle aborde outre l’euthanasie en Suisse pour Tully, et les conditions dans lesquelles le patient est pris en charge, les formalités …
L’auteur évoque avec tendresse les liens que tisse l’amitié, les promesses qu’on fait à l’adolescence, l’acceptation ou non de l’entourage, car Anna la femme de Tully refuse d’accepter cette décision, ce qui provoque des tensions avec Noodle ; ceux que l’on désigne pour gérer la situation, les choses que l’on a envie de faire avant la mort, alors qu’on les a plus ou moins évitées, remises au lendemain. Et tout simplement le temps qui passe.
Andrew O’Hagan que je découvre avec ce roman, aborde bien les réflexions, les hésitations de Noodle, qui doit contacter l’association Dignitas, et lutter entre le désir de respecter le choix de son ami et sa propre éthique.
Ce qui pouvait irriter lors du séjour à Manchester, les prises de position intempestives de Tully, qui clame haut et fort ses idées gauchistes par exemple ou évoque ses goûts musicaux trouvant les autres musiciens nuls, prend une tout autre épaisseur, trente ans plus tard. Tully, le meneur de la bande, doit affronter l’issue et se révèle plus fragile, qu’on ne pouvait le penser et Noodle davantage un pilier.
Une image touchante : Tully récupérant des produits alimentaires ou autres, les conditionnant et allant les distribuer aux familles des mineurs en grève, les encourageant à tenir bon…
Un conseil, il ne faut pas se laisser déstabiliser par la première partie, car la deuxième est vraiment belle, bien écrite, comme si la plume avait pris de l’épaisseur avec les personnages.
Un grand merci à NetGalley et aux éditions Metaillié qui m’ont permis de découvrir ce roman et la plume de son auteur
#LesEphémères #NetGalleyFrance !
https://leslivresdeve.wordpress.com/2024/09/25/les-ephemeres-andrew-ohagan/
Andrew O'Hagan place les jeunes de son roman, Les éphémères, dans le Ayrshire, en Ecosse, juste après les grandes grèves de mineurs de la période thatchérienne. Le narrateur, Jimmy,18 ans, n'a pas encore terminé le lycée tandis que son ami, Tully, a abandonné l'école et travaille déjà. Ce sont des passionnés de musique que leurs problèmes familiaux rapprochent. Avec un groupe de copains, ils passent un week-end délirant dans un festival musical à Manchester.
Ce n'est que beuverie, défonce, musique et provocations lourdingues pendant une centaine de pages pour 6 copains nourris à la musique anglaise, rock, punk etc… Je n'y connais rien et ça m'a passablement saoulée. A cela il faut ajouter des jeux de mots et des répliques culte de films que je n'ai pas vu. J'étais prête à abandonner ma lecture quand, 30 ans plus tard, j'ai retrouvé Jimmy devenu écrivain et Tully prof d'anglais. La maturité ne les a pas complètement transformés. Les souvenirs de leur adolescence prolongée plein la tête, ils mettent toujours l'amitié au-dessus de tout quand le drame intervient. Cette partie du récit est, pour moi, beaucoup plus intéressante et très émouvante. Il y a toujours une certaine légèreté dans l'écriture mais le fond est grave. J'ai beaucoup aimé l'approche de l'auteur pour ce nouveau cap dans leur vie.
Que ceux qui n'ont pas connu la déconne des années 1980, ou ne s'y intéressent pas, survolent la première partie pour vite se retrouver dans la seconde et sa magnifique ode à l'amitié.
https://ffloladilettante.wordpress.com/2024/08/20/les-ephemeres-de-andrew-ohagan/
J’aurai aimé dire que j’ai adoré ce livre, car le sujet, les époques et les lieux m’intéressaient, mais je suis un peu mitigée.
Si l’histoire de ces deux amis, à deux moments de leur vie, était attirante, j’avoue que je n’ai pas été transportée.
J’ai trouvé ces deux parties distinctes assez inégales, avec un style d’écriture que je n’ai pas forcément trouvé limpide.
Autant j’ai apprécié la première (sur ces jeunes, la fin du lycée, avec une sortie à Manchester, et ses références musicales ou cinématographiques) ; autant je me suis un peu ennuyée dans la seconde (qui est pourtant plus dramatique).
D’ailleurs, ce qui est curieux c’est que la quatrième de couverture annonce cette deuxième partie de l’acte, qui intervient bien en son milieu, sans qu’il y ait eu de mélange dès le début de l’histoire.
Le deuxième roman des Éditions Métailié de la rentrée littéraire est écossais, il nous vient de l'auteur Andrew O'Hagan, et a su emporter tout mon enthousiasme. Et celui d'autres encore, nettement plus prestigieux que le mien, je parle de critiques littéraires qui vont à The Guardian, The Sunday Times, jusqu'au Financial times, The Independent et The Scotsman, et enfin le supplément littéraire du Times, Times Literary Supplement, qui titre son article d'un joli Brief lives but an endless summer (De courtes vies mais un été éternel). Il s'agit du sixième roman de l'auteur écossais, et si on prend le temps de lire sa biographie, ne serait-ce que sur Wikipédia, on sera frappé par les points communs qu'il a avec les jeunes – puis moins jeunes – gens de son roman.
S'il y a bien un protagoniste principal, Jimmy Collins, sous l'angle duquel nous découvrons l'histoire, tout reste néanmoins centré autour d'une petite bande de garçons écossais, originaires du comté d'Ayrshire, situé au sud-ouest du pays. Deux parties découpent ce roman comme le récit de Jimmy, la première se déroule dans les années quatre-vingt, en pleine thatchérisation de la société, ce qui se traduit par la fermeture massive des industries qui faisaient vivre les gens du coin, et donc par du chômage, par la paupérisation de la société, l'alcoolisme et les violences, avec les manifestations qui vont avec, le train habituel des choses lorsque l'ultralibéralisme fait des siennes. La seconde se passe quelques décennies plus tard, lorsque les jeunes Écossais délurés, biberonnés au rock et à la new-wave anglais, un peu punk sur les bords, sont devenus des hommes bien propres sur eux, parfaitement intégrés dans la société, titulaires d'un poste plus ou moins prestigieux dans une université.
C'est l'été 1986, et le tout premier garçon à apparaître, en pleine lumière sur la scène, est Tully Dawson l'ami de notre narrateur, un jeune homme de dix-huit ans, plein de fougue, d'humour et de générosité, qui pourtant porte pas mal de boulets, à commencer par sa relation défectueuse avec son père Woodbine, et le milieu ouvrier dans lequel ils vivent tous et qui fait les frais de la politique de la Dame de fer. La fougue de Tully est contagieuse et entache le récit de son ami, plus posé, tout le long du roman jusqu'à l'épisode final – que je me garderai bien de révéler ici. Si c'est Jimmy qui raconte, après tout, ces jeunes adultes sont peu ou prou dans la même situation et ne diffèrent pas tellement, tant dans leurs goûts footballistiques que musicaux, ils évoluent également à la même condition sociale, c'est justement pour mettre en exergue Tully et sa personnalité lumineuse, et bien éphémère. L'une de ces personnalités qui rayonne sur tout son entourage. C'est ainsi le roman d'une formidable amitié qui se lie assez tôt, qui se déliera au fil des années comme bien souvent, mais qui finira par se retrouver. Et c'est la célébration de cette amitié, ou chacun a contribué l'autre à s'élever, pour mieux sortir de leur condition de départ, avec le rock, le punk et l'amour de la littérature qui les accompagne sur le chemin de vie.
Le contraste entre les deux parties est saisissant, deux écosses séparées par trente années, dont ces années quatre-vingt, où les mines des mineurs à bout de souffle ont connu des débâcles retentissantes, à force de manifester pour leurs droits, et de se faire rejeter par le coup de grisou du système de façon encore plus retentissante, laissant les travailleurs K.O. sur le carreau, exsangue de volonté et d'envie, maintenus par la perfusion de whiskys du terroir et les pintes de bière, les Tories n'ont jamais aussi bien porté leur nom face au Labour, le parti travailliste.
Une grande histoire d'amitié jalonnée par de multiples drames, à commencer par ceux de tous ces travailleurs étouffés et écrasés par le politique individualiste matraquée par cette première ministre, qui entraîne la désintégration de familles entières, aux parents qui sombrent, les enfants qui se perdent eux-mêmes dans l'alcool, ou la drogue, avant de pouvoir prétendre à quoi que ce soit dans la société qui était pourtant la leur. Les drames sociaux qui ont marqué l'ère de Margaret Thatcher, et puis les tragédies plus personnelles, celle qui concerne cette deuxième partie de roman, celle qui renoue intensément le fil des amitiés un peu négligées. L'auteur a su, ici, justement doser l'humour, la dérision des jeunes Écossais et la gravité qui ressort forcément du tableau social qu'il nous dessine en arrière-plan, plus de cette malédiction de seconde partie qui renvoie chacun des hommes que les jeunes garçons sont devenus à leur propre fugacité. J'ai eu quelques éclats de rire – et ma foi, cela est toujours bon à prendre – et il a toujours su trouver le bon équilibre, celui qui maintient la vie, pour ne pas sombrer complètement d'un côté comme de l'autre. Et toujours avec la pudeur adéquate, particulièrement en ce dénouement très touchant....
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