"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
11 essais pour dégriser la vie et 1 essai pour accepter la sienne.
Après l’avoir écouter exposer son dernier livre, André Comte-Sponville m’est apparu plus attachant qu’à son habitude, à savoir moins dirigiste et moins rude que ces dernières années. J’ai eu le sentiment d’avoir décelé plusieurs étapes et donc plusieurs attitudes depuis son premier grand livre « Petit traité des grandes vertus ».
Au début il était tout en retenue, je lisais ses livres comme ceux d’un philosophe accessible et contemporain. Puis durant quelques années, son ton péremptoire m’a détourné de lui. Et le voilà maintenant, à 70 ans, se révélant sous un jour plus fragile, plus humain. Le tout pourrait bien être en lien avec le fort impact qu’auront eu son enfance et son adolescence aux côtés d’une mère psychologique malade et ayant fait plusieurs tentatives de suicide.
Le 12ème essai parle de sa famille et de la fragilité de sa mère ; on comprend ainsi la portée qu’à pu avoir ce départ dans sa vie d’homme.
Les autres « impromptus » comme il les nomme, ne sont guère plus joyeux. Pour sa défense je dirais qu’il aura eu le mérite d’en tirer quelque chose de moins dramatique qu’il le présente au premier plan.
Les thèmes évoqués sont : l’euthanasie, la pandémie, Anne-Lyse dans son fauteuil roulant, Athos, Alfred Dreyfuss, des lettres à Blaise Pascal ou Marcel Conche ou encore mourrir sans Dieu.
Ça reste du Comte-Sponville avec tout ce que cela sous-entend de philosophie rationaliste et humaniste.
A méditer
Ce recueil comporte 12 articles sur des sujets variés. Ils sont issus de différentes contributions de l’auteur à des revues et n’ont pas de thème général bien défini. Peu habituée à lire de la philosophie, je suis entrée dans cet ouvrage avec curiosité. Si j’ai découvert certains articles avec plus d’intérêt que d’autres, j’ai apprécié la plume limpide de André Comte-Sponville, le cheminement de sa pensée. On y aborde la consolation, la joie de vivre, l’ennui à l’école, Beethoven, le poète Laforgue, les droits des animaux, la Nature, l’isolement, Althusser….
L’auteur s’accompagne des textes des philosophes. Il fait souvent référence à Montaigne, Pascal, Spinoza et bien d’autres pour approfondir, rebondir, à la recherche de la vérité. Dans le premier article, il décrit la douleur et la difficile consolation. On trouverait ainsi plus de réconfort de la part de personnes moins proches de son malheur que de ceux qui le partagent avec nous. Au fur et à mesure de ma lecture, j’ai ressenti un certain désespoir, une certaine noirceur de la condition humaine dont il faut peut-être s’accommoder.
En ce qui concerne l’éducation, l’ennui à l’école ne doit pas être considéré comme un frein à tout apprentissage, mais comme un moteur à toute réussite. Plus loin, le philosophe réhabilite Jules Laforgue, poète touchant et modeste, tombé dans un possible oubli. André Comte-Sponville raconte aussi ses souvenirs avec l’un de ses maîtres Althusser, il revient sur cette amitié, préférant le ton de l’intime, des confidences empreintes d’émotion. Il lui reste beaucoup de respect envers son œuvre continuant de trouver son éclairage toujours important.
Dans sa préface à un livre concernant SOS Amitié, il nous rappelle que la solitude n’est pas l’isolement, que ce dernier est peut-être le plus pénible, le plus douloureux à vivre. L’écoute, cette attention à l’autre devient alors un moyen de mieux supporter les vicissitudes de l’existence. Plusieurs articles sont aussi très intéressants, je pense à celui consacré aux droits des animaux et surtout aux devoirs de l’homme envers eux . À chacun de puiser dans ses impromptus, de suivre le chemin de l’auteur.
Contrairement au recueil Le goût de vivre et cent autres propos, ces impromptus sont relativement longs et moins accessibles, beaucoup plus documentés aussi. Il faut donc se concentrer un peu pour apprécier à sa juste valeur chaque « article ». On lira selon ses centres d'intérêts, car les thèmes étant fort différents, on est invité à faire une sélection. Dans L'ennui et l'école, extrait d'un colloque à la Sorbonne, l'auteur est plein de bon sens et de vérité, sans pour autant livrer une pensée formatée. Avec Jules Laforgue, poète du dimanche, j'avais cru très sottement que j'allais apprendre que le journaliste L. Laforge initiait, dans ses journaux télévisés, les Français à la poésie… Méprise de ma part : je découvre le poète Laforgue, que mes enseignants de lycée n'avaient jamais mentionné, honte à eux, car quel talent ! J'ai moins accroché à l'article sur le joueur de Dostoïevski.
L'article sur Althusser a été pour moi le plus passionnant. On apprend beaucoup sur le philosophe, de la même manière qu'on apprend beaucoup sur Foucault en lisant Lindon.
Enfin, l'article sur les droits des animaux est de grande facture.
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