"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« Ce recueil d'impromptus obéit aux mêmes principes que le précédent, Impromptus, publié chez le même éditeur, il y a une vingtaine d'années : il s'agit toujours de textes brefs, écrits sur le champ et sans préparation, entre philosophie et littérature, entre pensée et mélancolie, sous la double invocation de Schubert, qui donna au genre ses lettres de noblesse musicale, et de Montaigne, philosophe «imprémédité et fortuit». Je m'y suis interdit toute technicité, toute érudition, toute systématisation.
Ces douze textes, dans leur disparate, dans leur subjectivité, dans ce qu'ils ont de fragile et d'incertain, visent moins à exposer une doctrine qu'à marquer les étapes d'un cheminement. Un impromptu est un essai, au sens montanien du terme, donc le contraire d'un traité. Si vous n'aimez pas ça, n'en dégoûtez pas les autres. » André Comte-Sponville
A méditer
Ce recueil comporte 12 articles sur des sujets variés. Ils sont issus de différentes contributions de l’auteur à des revues et n’ont pas de thème général bien défini. Peu habituée à lire de la philosophie, je suis entrée dans cet ouvrage avec curiosité. Si j’ai découvert certains articles avec plus d’intérêt que d’autres, j’ai apprécié la plume limpide de André Comte-Sponville, le cheminement de sa pensée. On y aborde la consolation, la joie de vivre, l’ennui à l’école, Beethoven, le poète Laforgue, les droits des animaux, la Nature, l’isolement, Althusser….
L’auteur s’accompagne des textes des philosophes. Il fait souvent référence à Montaigne, Pascal, Spinoza et bien d’autres pour approfondir, rebondir, à la recherche de la vérité. Dans le premier article, il décrit la douleur et la difficile consolation. On trouverait ainsi plus de réconfort de la part de personnes moins proches de son malheur que de ceux qui le partagent avec nous. Au fur et à mesure de ma lecture, j’ai ressenti un certain désespoir, une certaine noirceur de la condition humaine dont il faut peut-être s’accommoder.
En ce qui concerne l’éducation, l’ennui à l’école ne doit pas être considéré comme un frein à tout apprentissage, mais comme un moteur à toute réussite. Plus loin, le philosophe réhabilite Jules Laforgue, poète touchant et modeste, tombé dans un possible oubli. André Comte-Sponville raconte aussi ses souvenirs avec l’un de ses maîtres Althusser, il revient sur cette amitié, préférant le ton de l’intime, des confidences empreintes d’émotion. Il lui reste beaucoup de respect envers son œuvre continuant de trouver son éclairage toujours important.
Dans sa préface à un livre concernant SOS Amitié, il nous rappelle que la solitude n’est pas l’isolement, que ce dernier est peut-être le plus pénible, le plus douloureux à vivre. L’écoute, cette attention à l’autre devient alors un moyen de mieux supporter les vicissitudes de l’existence. Plusieurs articles sont aussi très intéressants, je pense à celui consacré aux droits des animaux et surtout aux devoirs de l’homme envers eux . À chacun de puiser dans ses impromptus, de suivre le chemin de l’auteur.
Contrairement au recueil Le goût de vivre et cent autres propos, ces impromptus sont relativement longs et moins accessibles, beaucoup plus documentés aussi. Il faut donc se concentrer un peu pour apprécier à sa juste valeur chaque « article ». On lira selon ses centres d'intérêts, car les thèmes étant fort différents, on est invité à faire une sélection. Dans L'ennui et l'école, extrait d'un colloque à la Sorbonne, l'auteur est plein de bon sens et de vérité, sans pour autant livrer une pensée formatée. Avec Jules Laforgue, poète du dimanche, j'avais cru très sottement que j'allais apprendre que le journaliste L. Laforge initiait, dans ses journaux télévisés, les Français à la poésie… Méprise de ma part : je découvre le poète Laforgue, que mes enseignants de lycée n'avaient jamais mentionné, honte à eux, car quel talent ! J'ai moins accroché à l'article sur le joueur de Dostoïevski.
L'article sur Althusser a été pour moi le plus passionnant. On apprend beaucoup sur le philosophe, de la même manière qu'on apprend beaucoup sur Foucault en lisant Lindon.
Enfin, l'article sur les droits des animaux est de grande facture.
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