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Une mère morte, un père sur le front républicain, une nourrice devenue impotente, un collège qui la renvoie et voilà Matia obligée d’aller vivre chez sa grand-mère, sur une île des Baléares. Dans la maison, au pied d’un côteau couvert d’amandiers, vivent déjà sa tante Emilia et son cousin Borja dont le mari et père se bat dans les troupes de Franco. Les deux adolescents vont faire front commun pour échapper à la surveillance incessante d’une grand-mère autoritaire qui aime régenter son monde. La guerre est loin, les seules nouvelles proviennent des journaux et Matia et Borja semblent préservés de tout. Pourtant, leur enfance est sur le point de s’achever. Au village, la guerre exacerbe les jalousies et les rancœurs, le conflit est larvé et entre dans le monde enchanté des cousins.
Ana Maria Matute aime évoquer l’enfance et les mondes imaginaires que se fabriquent les enfants pour éviter de se confronter aux tristes réalités du monde des adultes. Dans ses brûlures du matin, Matia et Borja ont quatorze et quinze ans. Ils jouent aux adultes en dérobant alcools et cigarettes mais ils restent ancrés dans le monde de l’enfance quand ils font le mur pour s’isoler sur une plage où ils cachent leurs trésors ou quand ils investissent le village pour se battre avec une bande rivale. La guerre civile qui déchire l’Espagne les atteint très peu, si ce n’est par la présence de leurs pères sur le front dans des camps opposés. Complices mais aussi rivaux, les deux adolescents vont faire la découverte du mensonge, des dissimulations, de la jalousie et de la trahison. Le temps suspendu de l’enfance va prendre fin brutalement les envoyant de plain-pied dans le monde adulte où l’on meurt, on saigne, on tue.
L’autrice excelle à décrire les sentiments contradictoires de la période charnière qu’est l’adolescence. Elle sait aussi décrire merveilleusement la beauté sauvage de cette île isolée des Baléares.
Une plume de qualité, des phrases très travaillées, un vocabulaire recherché…peut-être trop de perfection dans l’écriture pour emporter le lecteur. Tout cela manque de tripes.
Aurélie Janssens recommande ce livre au micro d'Augustin Trapenard, dans Le Carnet du libraire, sur France Culture, en partenariat avec Lechoixdeslibraires.com
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