"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Il s’en passe, des choses dans cette forêt qui porte le doux nom de Forêveuse.
Loubliette le loup qui a autant de mémoire qu’un moucheron, se réveille avec la sensation bizarre d’un changement dans la forêt…et puis il oublie.
Ce sont les oiseaux qui trouveront l’intrus : un hêtre qui est venu s’installer au milieu des autres arbres et qui ne veut pas s’en aller bien qu’il prenne la lumière au dépend des autres. Il y a de la rébellion dans l’air car les chênes, les châtaigniers veulent chasser le nouveau qui les gêne.
« En prenant notre lumière, le hêtre nous fait dépérir. Avons-nous mérité d’être maltraités alors que nous sommes la forêt. ? »
Comment les animaux de Forêveuse vont-ils régler ce problème ?
Tout finira bien, comme dans les contes.
L’écriture est simple, et fait la part belle à l’humour, à commencer par les noms d’animaux en forme de jeux de mots cocasse. Les dialogues fusent, l’intrigue se corse. Cependant, tout est léger dans cette histoire et, d’après le titre, je pensais davantage à une fable écologique. Les animaux craignent que la forêt disparaisse si les arbres s’en vont, mais l’enjeu écologique n’est pas assez expliqué. Donc, oui, cela reste trop léger à mon goût.
Ecrit en 2015, l’auteure dénonce à travers ce livre l’élevage intensif des animaux qui favorisent le développement de maladies et de virus. Elle y dénonce aussi l’abattage massif des bêtes lorsqu’un virus apparait parmi eux par la faute de ces dits élevages intensifs, ainsi que l’usage excessif de produits toxiques diffusés dans la nature.
De manière poétique, elle aborde la relation de l’homme aux animaux et la résistance dans un monde devenu trop excessif dans ses choix pour préserver l’espèce humaine au détriment des autres.
Une belle histoire avec des personnages attachants. Un roman jeunesse intelligent.
***
Linka et sa sœur Oska vivent dans un orphelinat. Leurs parents comme ceux de beaucoup d’autres n’ont pas réchappé à l’épidémie. 1 mort sur 3. Un virus terrible transmis par les animaux. Des animaux il n’y en a plus depuis longtemps. Ils ont tous été abattus, principe de précaution oblige. Seuls restent encore quelques poissons dans les mers il parait. Des oiseaux aussi mais des chasseurs spécialement formés veillent à les faire disparaitre s’ils en voient.
Seuls les insectes ont survécu et proliféré en l’absence de prédateurs. Leurs protéines remplacent celles de la viande qu’il n’y a plus.
Les gens ne s’embrassent plus, ne se serrent plus la main, on se lave les mains régulièrement. Certaines personnes sont équipées d’un ioniseur à ultraviolet pour assainir toute chose.
Les différentes maisons d’orphelinats formatent les enfants, surtout la maison "Zéro", afin de les rendre dociles et accepter d’occuper des postes dont ils ne voudraient pas sans ça.
Un jour, en furetant dans un ancien zoo à l’abandon, Linka découvre un drôle d’animal.
Elle décide de ne pas le signaler et de le garder secrètement. Seuls Oska et Milo son meilleur ami sont au courant que Linka cache «Vive » cette bête qui semble être une espèce inconnue douée de capacités étranges.
C’est à Noël lorsque les 3 enfants quittent leur orphelinat et sont accueillis dans des familles d’accueils que leur vie va basculer.
Et si tous les animaux n’avaient pas disparus ? Qui est le docteur Fury ? Qui sont les enfants sauvages ?
Après plusieurs années de « faux départs », l’heure du déménagement semble enfin avoir sonnée pour de bon : au moment où j’écris ces quelques lignes, cela fait une bonne dizaine de jours que nous enchainons remplissage de cartons sur démontage de meubles, intensivement, compulsivement presque. Jour après jour, la maison se vide de son âme de foyer pour se remplir de labyrinthes de cartons : c’est à la fois éprouvant, car c’est assez difficile de se dire que nous allons bientôt quitter « pour de vrai » cette demeure dans laquelle nous avons passé quatorze années de notre vie, et plutôt excitant, car nous allons enfin concrétiser un rêve datant de presque dix ans … Autant vous dire que je trouve rarement le temps et l’énergie pour me plonger dans un roman : chaque minute de notre journée est consacrée à ce déménagement imminent, et le soir, je n’ai plus la force de me concentrer sur quoi que ce soit. Il m’a donc fallu pas mal de temps pour venir à bout de ce magnifique petit roman, mais le côté positif, c’est que j’en ai amplement profité !
Comme tous leurs camarades de la 16ème Maison des Enfants, Linka et sa jeune sœur Oska ont perdu leurs parents au cours de la terrible épidémie qui déferla sur le monde quelques années auparavant. Entre les murs de cet orphelinat dirigé d’une main de fer par la terrifiante Mme Loubia, la jeune fille a bien souvent le sentiment d’étouffer : elle doit sans cesse veiller à ne pas laisser sortit les idées qui s’agitent dans ses pensées, s’assurer qu’elle ne laisse rien filtrer de la révolte qui grandit peu à peu en elle. Car Linka ne supporte plus le quotidien monotone et rigide de la 16ème Maison, elle rêve de spontanéité et de liberté, elle rêve d’inconnu et d’inattendu … Son rêve va être exaucé par la découverte d’une drôle de bestiole qui change de forme à volonté, et qu’elle décide de garder au mépris des règles et du danger. Mais l’apparition de Vive dans sa vie marque aussi le début de toute une série de bouleversements auxquels Linka, Oska et leur ami Milo n’étaient pas préparés …
Qu’il est difficile de trouver les mots justes pour parler de cette dystopie post-apocalyptique pas tout à fait comme les autres, qui n’hésite pas une seule seconde à sortir des sentiers battus pour nous offrir une histoire d'une beauté et d'une puissance à couper le souffle ! Le postulat de base reste pourtant assez classique : une terrible épidémie propagée par les animaux qui décime un tiers de la population humaine, la réaction immédiate des autorités qui décident de noyer le poisson dans l’œuf en abattant sans sommation tous les animaux pour stopper le virus, la mise en place d’une nouvelle société plus aseptisée pour rebâtir l’humanité … De la même manière, nous retrouvons le « cliché » de la jeune orpheline un peu rebelle qui refuse de se laisser endoctriner par la propagande bien-pensante de ses professeurs et éducateurs … Mais faites-moi confiance, au bout de quelques pages à peine, vous aurez complétement oublié que ce schéma a déjà été exploité à de nombreuses reprises auparavant : l’autrice a vraiment su sublimer ces codes du genre pour offrir à son lectorat un récit profondément innovant et poignant, original et génial.
Contrairement aux autres auteurs du genre qui se sentent souvent obligés d’en « faire des tonnes » pour poser le contexte du post-apocalyptique ou de la dystopie, en nous présentant tantôt un monde qui tombe totalement en déliquescence, tantôt une société si réglementée que cela en devient absurde, Alice de Poncheville a tout misé sur la sobriété, la simplicité, et cela rend ce récit autrement plus crédible, plus tangible. On s’y croit vraiment. Il n’y a qu’un tout petit pas à franchir pour passer de notre réalité à ce futur qui a tout de probable, de plausible, de possible. La surexploitation des terres agricoles pour alimenter l’élevage intensif, l’utilisation grandissante des produits phytosanitaires pour augmenter le rendement, les conditions déplorables dans lesquelles « vivent » et meurent les animaux d’élevage … Voilà ce qui est à l’origine de l’effondrement dépeint dans cet ouvrage, et c’est quelque chose que nous n’avons pas besoin d’imaginer car nous savons tous pertinemment que c’est la sombre réalité de notre monde, une vérité que l’on tente pourtant à tout prix d’oublier pour ne pas avoir à changer nos habitudes. Mais viendra un jour où nous n’aurons plus le choix : c’est dans la douleur que s’opérera ce bouleversement, et il sera bien plus radical. Ce futur, c’est le nôtre. Dans un avenir pas si lointain que cela.
Et la petite Oska, la jeune Linka, le jeune Milo, c’est toi et c’est moi, ce sont nos enfants ou les enfants de nos enfants : des gamins qui portent sur leurs frêles épaules d’orphelins les erreurs des générations passées, nos erreurs également. Dans ce futur, ce ne sont plus les animaux qui s’entassent dans des bâtiments insalubres, sans jamais voir la lumière du jour, ployant sous la crainte de recevoir un coup s’ils n’avancent pas assez vite. Dans ce futur, ce sont les enfants qui se massent dans des centaines d’orphelinats, à l’emploi du temps implacable et intenable, où le moindre écart est sévèrement puni et où la moindre incartade est durement réprimée. Ces orphelins, ces moins que rien, sont destinés à alimenter le système, à se payer les sales boulots pour que les privilégiés puissent continuer à vivre dans leur petit cocon confortable … Provoquant parallèle avec ces bestiaux nourris aux hormones de croissance pour finir plus rapidement dans notre assiette et faire tourner l’économie. Pauvres innocents, pauvres bêtes et pauvres enfants, qui se confondent progressivement au fur et à mesure que nous découvrons ces fameux enfants sauvages du titre …
Car les enfants sauvages, ces Déserteurs qui ont fui le système pour se réfugier dans les forêts où vivent encore en secret quelques écureuils, quelques oiseaux ayant réussi à échapper à l’abattage systématique, nous rappellent à quel point nous avons besoin des animaux et à quel point ils ont besoin de nous. Ils nous réapprennent cet équilibre brisé, cette harmonie rompue. Ils nous inventent à retrouver cet émerveillement face à l’envol d’un moineau, ce ravissement face au sautillement d’un lièvre, cet enchantement face à la vie qui danse dans le regard de n’importe quel animal. Aussi étonnant que cela puisse paraitre, alors même que la pauvre Linka lutte contre le reconditionnement, alors même que la pauvre Oska se retrouve seule au monde, alors même que le pauvre Milo hésite à tourner le dos à l’ordre bien établi, c’est un roman incroyablement lumineux que nous offre l’autrice. C’est une petite étincelle d’espérance au milieu de la nuit de la peur, c’est l’insouciance enfantine qui se dresse face à l’intransigeance des adultes. C’est par la douceur qu’Alice de Poncheville délivre son message, bien plus que dans la violence … et croyez-moi, c’est autrement plus porteur !
En bref, vous l’aurez bien compris, j’ai tout simplement été subjuguée par ce récit profondément poignant, admirablement émouvant, et particulièrement prenant. Avec beaucoup de délicatesse et de simplicité, de tendresse et de sobriété, l’autrice nous fait vivre une aventure bouleversante dont on ne ressort pas tout à fait indemne. C’est une histoire qui coupe le souffle, qui nous serre le cœur, qui nous tire les larmes aux yeux. C’est une histoire désarmante, saisissante, touchante, qui ne peut pas laisser indifférent. Car ce n’est pas seulement une histoire, c’est aussi une lettre d'amour envers le monde animal qui souffre de la folie des hommes, une lettre d'excuse à destination de notre terre mutilée par notre démesure et une lettre d'espoir et de courage pour les générations à venir incarnées dans le lecteur. C’est un livre qui nous rappelle que l’essentiel n’est pas toujours là où on le pense, qu’il peut se cacher dans les toutes petites choses oubliées. C’est un récit qui m’a vraiment beaucoup émue, un récit très beau et profond magnifié par une plume très riche et poétique. Un vrai coup de cœur, que je conseille sans la moindre restriction : c’est une vraie merveille qui devrait vraiment être lue par le plus grand nombre !
http://lesmotsetaientlivres.blogspot.com/2020/10/nous-les-enfants-sauvages-alice-de.html
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