"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Alice Chemama, jeune réalisatrice de films d’animation, excelle aussi dans la bande dessinée. Grâce à Simon, je découvre son talent avec Dans l’ombre du Mont-Blanc, un album graphique qui m’a captivé dès les premières pages.
Pour cette parisienne, la montagne, c’est loin et très mystérieux. Lui restent quelques souvenirs de vacances à la neige en famille alors qu’elle n’avait qu’une dizaine d’années : « Infame cagoule… combi de hipster… et les monos ESF en rouge »…
Une nouvelle tentative, dix ans plus tard, n’a pas été concluante : elle ne sera jamais championne de ski !
En 2019, un projet de résidence artistique, grâce aux Ateliers Médicis qui retiennent sa candidature pour une résidence d’artiste « Création en cours », l’envoie en Haute-Savoie, dans la Vallée de l’Arve. Dans l’ombre du Mont-Blanc est lancé !
Alternant petits dessins humoristiques et belles pages très évocatrices, Alice Chemama refait vivre l’histoire de l’horlogerie après une visite du Musée de l’Horlogerie et du Décolletage, à Cluses. Précisions historiques, dessins détaillés et bien commentés, rien ne manque. C’est concret, précis et très instructif.
L’autrice aborde aussi les légendes savoyardes, fait dessiner les élèves sur ces thèmes. Lorsqu’elle rentre à Paris, surprise : la Savoie lui manque ! Le Mont-Blanc l’attire de plus en plus et voilà qu’elle découvre des tragédies oubliées comme ce drame de novembre 1950 où un Constellation d’Air India s’écrase sur le sommet du Mont-Blanc avec quarante-huit personnes à bord. De plus, le guide dirigeant la cordée de secours décède pendant l’expédition…
En janvier 1966, nouveau drame de l’aviation commerciale avec le Kangchenjunga, un Boeing 707 avec cent dix-sept morts plus des dizaines de singes destinés aux laboratoires et bien des questions. C’est l’occasion pour l’autrice de traiter des secours en montagne avec un passionnant récit des progrès accomplis… tout cela très bien dessiné, bien sûr !
Hélas, le coronavirus frappe aussi en Vallée de l’Arve. Ça se calme et Alice Chemama revient assouvir sa passion pour le Mont-Blanc alors que son projet artistique avec les élèves est suspendu.
En juillet 2020, elle part donc avec une amie, guidées, conseillées par Greg. J’ai suivi cette ascension toujours commentée avec humour, même dans les moments les plus délicats. Alice Chemama détaille bien le vocabulaire montagnard, les séracs, les crevasses, les ponts de neige, le mal des montagnes dans le refuge, la Vallée Blanche jusqu’à l’Italie avant la descente d’abord en télécabine puis par le téléphérique jusqu’à Chamonix.
L’autrice ne s’arrête pas là car un nouveau projet de rando porte son attention sur le plateau des Glières et son histoire. La Résistance s’y était organisée en 1944 malgré les assauts des GMR (Groupes Mobiles de Réserve), police et gendarmerie française aux ordres de Vichy. Puis c’est l’attaque de la Wehrmacht le 27 mars 1944 et l’exécution de tous les maquisards blessés restés sur place.
Petit clin d’œil à l’edelweiss, l’étoile des glaciers et, pour finir, une page magnifique avec notre artiste avouant bien sincèrement son amour pour la montagne, randonnant bâtons en mains, obligée d’y revenir…
Chronique illustrée à retrouver sur : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
Alice Chemama m’avait charmé dans «Les Zola » mais je ne m’imaginais pas transporté par ses aventures savoyardes… Et pourtant !
A la suite d’un choix mûrement irréfléchi, Alice se voit confier un projet de création artistique dans une classe de CM2 savoyarde… Elle questionne alors les légendes locales, les faits historiques qui ont marqué la région, on passe d’une expédition ayant révolutionné le sauvetage en montagne à la Résistance du plateau de Glières … tout ça avec le COVID en fond qui privera Alice de la fin du projet.
Ce récit autobiographique est souvent drôle et on suit les aventures de l’autrice avec un intérêt certain ! Le dessin est très varié, entre les scènes avec Alice elle-même, les récits historiques, on passe d’un dessin parfois naïf à de splendides aquarelles dont elle a le secret !
Au final, ce récit autobiographique a fait mouche, c’est beau, plein d’humour et Alice Chemama parvient à installer une proximité naturelle avec le lecteur… Je suis à nouveau conquis !
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