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Chronique précédemment parue sur le blog www.sambabd.net
Bon, je crois qu’on peut dire que deux sur trois c’est pas mal, non ? Je dis deux sur trois parce que sur les trois premiers tomes de cette nouvelle série triple, il n’y en a qu’un seul auquel je n’ai pas vraiment accroché et ce n’est pas celui-là. Non, cette série Jihad démarre sous les meilleurs auspices sous la plume de Philippe Richelle et le crayon d’Alfio Buscaglia. Il faut dire qu’avec Les mystères de la quatrième République, ces deux-là avaient déjà fait preuve d’une certaine maîtrise de ce type de bande-dessinées de semi-fictions très ancrées dans la réalité.
D’abord, et toujours dans les comparatifs, je trouve cela bien mieux construit et bien plus lisible que Passage à l’Ouest, le premier tome de Guerre Froide. Même si les scènes s’enchaînent également à un rythme très important, on comprend facilement ce qui se passe, quels sont les enjeux et tout fait sens sans trop de difficultés. Bref, le storyboard fonctionne correctement.
Accessoirement, le dessin réaliste, à la fois sobre et clair de Buscaglia, permet une identification précise des personnages, ce qui facilite d’autant plus la compréhension globale. Et puis j’aime bien ses cadrages, ses angles, les visages de ses protagonistes et la mise en couleur de Claudia Boccato. Bref, c’est un dessin qui, sans être particulièrement marqué au niveau du style, est totalement approprié à ce genre de sujet, notamment par une forme de neutralité un peu froide. Attention, cette dernière remarque est à prendre de manière positive !
En tout cas, je ne sais toujours pas sur quelle affaire s’appuie cette série, mais j’ai bien hâte de le découvrir en feuilletant les prochains tomes.
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Le premier tome avait très bien entamé cette série et le deuxième est parfaitement dans la continuité du premier. Si la trame principale d’une vente d’arme contournant l’embargo sur l’Iran par une entreprise française suit bien son cours, le développement des personnages principaux et secondaires n’en est pas délaissé pour autant. On continue donc à en apprendre un peu plus sur chacun, notamment les agents de la DST. On sent d’ailleurs que les auteurs ont souhaité humaniser ces hommes et ces femmes qui nous protègent collectivement (en tout cas, qui ont pour mission de le faire) en donnant toujours un peu plus de corps à leurs vies personnelles… Et ça fonctionne.
Pour le reste, même si l’affaire principale est fictive, elle emprunte ses caractéristiques à plusieurs scandales ayant secoué le camp occidental ces dernières décennies : L’affaire des ventes d’armes à l’Iran, impliquant les Etats-Unis, et, plus proche de nous, autant géographiquement que dans le temps, l’affaire de la vente, par la France, de sous-marins au Pakistan, et qui s’est malheureusement terminée par l’attentat de Karachi.
Mais pour l’heure, nous n’en sommes qu’au tome 2 (sur 4) et même si le final donne très envie de lire la suite, il va falloir faire preuve de patience. RDV l’an prochain, a priori.
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Voilà une série dont la qualité ne faiblit pas au fil des tomes, bien au contraire. Si l’on entre dans une période encore plus dure du conflit, la population civile est touchée de plein fouet, les auteurs continuent d’esquiver admirablement les écueils si dangereux de la caricature et de l’absence de nuance. Ils nous montrent l’horreur d’un conflit larvé, de jeunesses sacrifiées au beau milieu d’une période d’insouciance générale (on est en pleines Trentes Glorieuses !) mais font tout de même une vraie place à tout ceux qui ont su, ou ne serait-ce que tenté, refuser la violence comme unique solution, et ce, bien entendu, des deux côtés.
D’ailleurs, de quels côtés parle-t-on ? En effet, c’est Mo, l’agent dormant du FLN (avec malgré lui du sang sur la conscience à défaut de sur ses mains…), qui résume parfaitement cette question quand il se rémémore ses années de jeunesse au côté d’André, fils de colon, et qu’il les qualifie de « meilleurs moments de [sa] vie ». Au final, c’est bien la pression insupportable que mettent les grands colons sur un pouvoir politique pas spécialement motivé pour que ce dernier continue de refuser ne serait-ce que l’égalité basique entre tous les citoyens, les colons, blancs, d’origine métropolitaine, et les populations musulmanes indigènes, qui finit par entraîner tout ce beau monde vers une violence grandissante et inexorable. Quel gâchis !
On en est donc là, dans cette histoire tragique : la fameuse Bataille d’Alger, où les indépendantistes commettent des attentats à la bombe et où les paras français les harcèlent à coups de rafles, torture ou exécutions extra-judiciaires… Ce n’est pas beau à voir mais ce n’est pas fini… Le pire reste à venir, une fois que l’OAS va entrer en jeu… Probablement dans le prochain tome très attendu, aux côtés d’un autre invité de marque… ou de Gaulle devrais-je dire…
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Eh bien, pour une fois, je suis assez d’accord avec le résumé de l’éditeur… J’ajouterais même le côté très ambitieux de la démarche des auteurs Richelle et Buscaglia. En effet, s’attaquer à la Guerre d’Algérie (qui, dans les textes de loi en France, n’en est toujours pas une…), n’est certainement pas une mince affaire. De nombreux protagonistes sont encore vivants, vieux, mais vivants, et il reste à la fois de nombreuses zones d’ombre (tortures, exécutions sommaires, attentats, massacres, etc.) et de nombreuses cicatrices entre deux pays qui ont partagé une histoire commune pendant plus d’un siècle. C’est donc tout à leur honneur que de se lancer ainsi dans une série de fiction en cinq tomes (normalement) sur cette période charnière de l’Histoire de l’Algérie et de la France.
Et donc, il s’agit bien d’une fiction. C’est plutôt une bonne nouvelle car cela permet aux auteurs de ne pas tomber dans une chronique un peu rébarbative et trop linéaire de ce qui s’est passé durant ces années. Au contraire, ce récit est incarné par des personnages auxquels on peut s’attacher, voire s’identifier assez facilement, que ce soit par quelques touches d’humour (toujours bienvenues quand il s’agit d’aérer une ambiance un peu tendue) ou par le déploiement de situations aussi intemporelles qu’universelles, notamment les amours de jeunesse.
Côté scénario, donc, on assiste à la genèse du conflit par de petites touches qui nous rappellent à la fois les injustices sociales dont étaient victimes ceux que l’on appelait « les indigènes » mais aussi que tous les métropolitains (les blancs, pour faire court), colons ou non, n’adoptaient pas la même attitude (raciste) envers les populations musulmanes d’Algérie. Les auteurs nous montrent également que l’ordre établit convenait aussi à une partie d’algériens « indigènes » qui profitaient de ce système (tout en restant eux-mêmes des citoyens de seconde zone… il ne faut pas pousser non plus, hein…).
Et puis, comme on est dans une fiction, il va de soi que l’on va assister à des déchirements de tragédie grecque, entre amis d’enfance aux chemins différents (indépendantistes contre militaires français) ou encore au sein de mêmes familles (comme c’est déjà le cas dans ce tome avec Slimane renié par son père jusque dans sa tombe).
Bref, si l’on ajoute à cela que le dessin est à la fois propre, discret et assez lumineux (la lumière de l’Algérie !), on obtient un premier tome de qualité qui donne bien envie de lire la suite quand elle sortira.
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