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Alexandra Brijatoff nous propose une mise en image de la période adolescente, du point de vue adulte, mais avec des saynètes de tranches de vie d'ado.
Les dessins sont plutôt sommaires, dans le style dessin de presse. Les couleurs très contrastées, les traits un peu grossiers et l'esthétique générale en font un album très facile et rapide à lire. Au prétexte de distiller son savoir et des règles tacites ou des astuces de survie, l'autrice dessine avec humour les clichés et les contradictions de cette période pour le moins tendue.
Sans avoir "surkiffé" cette lecture, j'ai souri quelques fois et apprécié quelques sarcasmes amusants. L'album se lit très vite, mais ne nous apprend pas grand chose sur l'adolescence des "moins de 20 ans" en 2020... Sans doute ne suis-je pas encore suffisamment "dans la cible" avec mes enfants en bas âge...
Tim est un jeune garçon prisonnier de son monde. Depuis qu'il est tout petit, c'est sa mère qui s'en occupe seule. Mais pour elle, c'est devenu trop dur... Elle n'y arrive plus. Malgré les appels à l'aide, restés sans réponse, à Marc le père qui est un modèle d'absence, rien ne bouge. Alors un jour, elle se voit dans l'obligation de lui poser un ultimatum. Il doit la rejoindre le soir même à Paris (il vit à Bruxelles) avant 21H. Ce qu'il ne sait pas, c'est qu'elle ne sera pas là à son arrivée... Et il va devoir se débrouiller seul, le temps qu'elle reprenne pied. Ce n'est pas un abandon, elle doit simplement assurer elle aussi sa survie. Marc n'a aucune envie de s'occuper de Tim... Il va devoir trouver des solutions, plonger dans un quotidien qu'il n'imaginait pas.
Comment ne pas penser à "Ce n'est pas toi que j'attendais" (même s'il n'aborde pas véritablement le même sujet) de Fabien Toulmé, et encore plus à "Les petites victoires" d'Yvon Roy, en lisant cette BD. Ces deux titres sont, pour moi, deux incontournables et surtout deux histoires intenses, fortes, merveilleusement bien écrites et extrêmement touchantes. Alors quand j'ai commencé ce récit, forcément j'avais peur qu'il ne soit pas à la hauteur de ces deux très grands coup de cœur qui m'ont profondément ému. Et bien c'est tout le contraire. En prenant le prisme d'un père absent (et détestable) qui va devoir trouver des solutions par lui-même pour son fils, Bernard Villiot nous embarque totalement sans que nous puissions décrocher de cette lecture. Avec un graphisme, majoritairement en noir et blanc, mais également de nombreuses touches de couleurs véritablement bien pensées, Alexandra Brijatoff arrive à accompagner le récit en lui donnant un supplément d'âme.
Loin d'être éprouvant ou même de vouloir faire "pleurer dans les chaumières", les deux auteurs manient l'humour tout en conservant la sensibilité et la force nécessaire pour traiter ce sujet. Un délicat équilibre, sans faille (pas comme Marc) et qui renforce le plaisir de lecture. Chapeau bas, un énorme coup de cœur pour cette lecture.
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