"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
En littérature il y a les nouveautés, les classiques et les textes oubliés. Ceux qui ont rencontré le succès à leur époque ou déchainé la chronique, mais qui petit à petit ne se lisent plus jusqu'à devenir inconnu.
Les éditions Séguier viennent de rééditer un roman incroyable pour les années 20, classique de la littérature gay.
Publié en 1929 et introuvable depuis, « Au Poiss' d'Or » nous plonge dans les bas-fonds parisiens, sur les traces de Chouchou.
Battu par son beau-père pâtissier, P'tit Pierre fuit Saint Germain-en-Laye pour fuguer vers la capitale, vers le Paris des Années Folles.
Il rêve de faire le tour du monde, il restera à Pigalle.
Avec sa gueule d'amour et son air innocent, il se fait vite remarquer par la faune des boulevards.
Adieu P'tit Pierre, bonjour Chouchou.
Il découvre la vie tourbillonnante des nuits parisiennes, la fête, le sexe.
Mais son attirance pour les garçons et l'urgence à gagner de quoi survivre l'amène bien vite à fréquenter toutes les petites gouapes de Montmartre et Barbès, les petits voyous, les gavroches, les prostituées, les arnaqueurs.
La réalité lui revient en pleine face. Il faut payer sa chambre Au Poiss' d'Or, il faut se nourrir.
Paname Paradis devient Paname Enfer.
Commence alors une vie de prostitution, faite de passes dans des draps crasseux ou dans le bois de Boulogne, d'orgies chez de riches artistes. Tout cela avec la peur permanente de la police qui rode pour coffrer « les invertis ».
Tout un monde se déploie sous les yeux du lecteur. Un monde peuplé de personnages fort en caractère et en gouaille. On pénètre le milieu underground des années 20, on explore la marge. Ça sent les pavés parisiens humides, les fonds de bistrot, le stupre et l'alcool. C'est truculent mais le plus souvent sordide, malsain et violent. La misère et la mort rodent.
Roman initiatique, roman d'atmosphère, chronique d'une époque où l'homosexualité était un crime et d'un Paris qui n'existe plus.
On ne peut qu'être surpris de la date de parution de ce livre et on imagine aisément le culot qu'il fallait pour écrire un texte de ce genre.
L'auteur Alec Scouffi (Alexandre Scouffos) était poète, écrivain mais aussi chanteur lyrique. Né à Alexandrie dans une famille grecque fortunée, il deviendra un figure de ce même milieu souterrain qu'il nous décrit dans son livre et des milieux littéraires. Son parcours atypique se conclura par une mort tout aussi atypique, en 1932, assassiné dans sa garçonnière parisienne. L'assassin n'a jamais été identifié.
Merci aux Editions Séguier pour cette lecture. Je vous avoue que je ne connaissais cette maison que de nom jusqu'il y a quelques mois.
Mais il m'aura suffi de lire deux titres de leur collection L'IndéFINIE - je vous invite d'ailleurs à lire ma chronique sur Monsieur Amérique lu il y a peu - pour être particulièrement admirative du travail effectué et je vais suivre avec beaucoup d'attention les prochaines parutions.
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