Entrevoir le monde différemment, amener à se questionner sur les transformations qui s’y opèrent, ses injustices ou ses mutations sociétales, voilà l’un des nombreux rôles de la littérature.
Si l’essai est le vecteur privilégié de cette exploration, le roman n’est pas en reste et ancre la fiction dans de nombreuses préoccupations actuelles. Voici une sélection de dix titres pour se plonger dans de nouveaux points de vue.
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Dix essais et romans pour envisager autrement la société contemporaine
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Le Buzuk de Marie Kelbert
Pour la première fois, Joséphine passe l’été seule avec son Buzuk, le teckel fugueur de la maisonnée. Sur l’îlot Sainte-Anne, surnommé la « Couette de plumes », tout reste dans son jus breton. Malheureusement, un projet de golf bouleverse cet équilibre, suscitant la révolte de jeunes campeurs déterminés à protéger cet écrin de verdure. Par une situation quelque peu rocambolesque, la septuagénaire et Le Buzuk se retrouvent au cœur de ce conflit.
Marie Kelbert manie extrêmement bien le comique de situation tout en y intégrant certaines préoccupations environnementales. -
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Les os noirs de Agnes Jesupret
Pour Clara, il est bientôt temps de tirer sa révérence. Dans l’ultime souvenir de son existence, elle conte à la narratrice de ce court roman le récit de ses propres grands-parents, venus s’installer en Tunisie pour fuir la misère sicilienne. Un exil porté par davantage de violence que de calme. Dans cet immense brassage de migrations et de colons, Agnès Jésupret met en lumière un segment de l’Histoire peu connu et dont les événements peuvent en expliquer d’autres aujourd’hui. Particulièrement bien amené, c’est une réussite.
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Julia de Sandra Newman
Imaginez rouvrir le célèbre roman 1984 de George Orwell soixante-quinze ans après, tout en changeant de point de vue. C’est le pari fou de Sandra Newman qui en fait une réécriture à travers les yeux du personnage de Julia. Ici aussi, les protagonistes évoluent dans une dystopie complète sous la férule de Big Brother. Si le roman risque de voir s’ériger deux groupes, adeptes contre détracteurs, il est fascinant d’observer la perpétuelle actualité de ce texte, et ici, on valide !
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La femme habitée de Gioconda Belli
Gioconda Belli publie un premier roman semi-autobiographique dans lequel activisme et lutte contre la dictature sont propulsés au premier plan. Dans les années soixante-dix, Lavinia retrouve l’Amérique centrale après ses études en Europe. Beaucoup de choses ont changé, à commencer par ce territoire désormais complètement bouleversé par des problématiques sociales. Elle fait la connaissance de Felipe, un révolutionnaire qui l’initiera à ses propres aspirations militantes pour libérer le pays. L’autrice dresse le portrait de toute une nation avec brio. En 2023, le régime Ortega lui retire sa nationalité nicaraguayenne.
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Terres promises de Benedicte Dupre La Tour
Terres promises porte bien son nom tant la ruée vers l’or a convoqué son lot de richesses et de fantasmes au péril de tout. Dans le premier roman, c’est la voix des invisibilisés que l’on porte haut : celle d’Eleanor Dwight, une prostituée, celle de Kinta, une autochtone, ou encore l’orpailleur bien décidé à défendre son dû. Tout éclaire les dynamiques et le rapport de force entre les hommes et les femmes, mais également entre colonialisme et avilissement. Chaque chapitre s’attache à un personnage que l’on se délecte de découvrir davantage du fil du roman.
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Les Mains pleines de Guillaume Collet
Lorsqu’un couple de vieilles personnes voit leur petit-fils s’inquiéter pour lui après une alerte des voisins, cela passe mal. Ils n’ont jamais eu besoin de personne et l’autonomie est leur plus grande fierté. Ensemble, ils ont traversé le globe, en faisant passer la famille au second plan. Pourquoi auraient-ils désormais besoin d’aide ? Les mains pleines décortique la démence, analyse ses faux-semblants, invoque des certitudes et repousse les limites du possible. Guillaume Collet ouvre la réflexion encore plus loin en mettant le doigt sur les problématiques qui sclérosent la vieillesse.
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Le chagrin moderne de Quentin Jardon
Après un sketch sur le réchauffement climatique, une carrière d’humoriste qui vole en éclats et un départ en vacances, Paul, le personnage principal, est violemment tenté par l’idée de tout quitter. Il le sait, ce « chagrin moderne » ne le concerne pas seulement lui, alors avant de quitter femme et enfant, une remise en question s’impose. Entre fatalité, anxiété et quête de sens, Quentin Jardon explore, par le biais des routes que l’on parcourt, toutes les ramifications d’une société en déclin. Est-ce possible de trouver la plénitude dans un monde qui se meurt ?
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Tombée du ciel de Alice Develey
Tout est poignant, dans ce premier roman d’Alice Develey. Alors qu’elle n’a que quatorze ans, la narratrice, du même prénom que l’autrice, est internée du jour au lendemain en hôpital psychiatrique pour un trouble anorexique. De son jeune âge, elle confie une lutte à travers les mots : un chant des sirènes perpétuel entre son cerveau et son corps. De la façon dont sont traités les troubles du comportement alimentaire en France à l’intimité d’une vie, chaque détail compte. Un livre indispensable.
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Ce que vous trouverez caché dans mon oreille de Mosab Abu Toha
Avec minutie, le poète et universitaire Mosab Abu Toha déroule le quotidien des habitants de la ville assiégée de Gaza. Si une immense poésie compose le texte, la réalité de la guerre ne quitte aucun mot. L’écrivain déroule la violence, la peur, la mort mais également l’immense beauté de ce lieu qui l’a vu naître. Jouant avec les cinq sens de son lecteur, l’identité palestinienne y est esquissée avec beaucoup de justesse. Dans l’espoir permanent d’une justice et d’une paix durable, le recueil est une ode à un pays d’espérances et de ruines.
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Une sélection proposée par Marie Jouvin
J'ai lu et aimé Tombée du ciel. J'aimerais lire Les Os Noirs: je travaille sur la notion d'exil (dans le cadre du prix: des Racines et des mots qui fête ses dix ans) et je n'ai jamais entendu parler de cet exil Sicile/Tunisie.
Une belle sélection, me semble-t-il, merci Marie. Pas convaincue par "Tombée du ciel" Si je comprends la colère de l'auteure, je trouve l'ouvrage trop à charge envers les parents et les soignants. Ce n'est pas la vision que j'ai de ces derniers. En revanche un véritable coup de foudre pour "Terres promises", VERITABLE roman de Bénédicte Dupré La Tour.
Pas ma tasse de thé! La société contemporaine est majoritairement triste, sinistre, remplie de témoignages déprimants d'enfants abusés, de femmes battues, de fuites, de luttes et de combats en tous genre.
Pour moi, une lecture doit être un moment d'évasion, hors du temps et de la sinistrose ambiante. Même si je lis des polars des plus noirs, j'aime m'évader, rêver, comme aux côtés d'Orsola dans La fileuse de verre de Tracy Chevalier, des personnages de Pierre Lemaître ou de Michael Mc Dowel pour ne citer que que ceux-là.
Question de goût, mais les témoignages de la noirceur du monde et les bouquins sur la "résilience" (un mot galvaudé jusqu'à plus soif, non merci, ce n'est pas mon trip.
Chacun ses goûts !
J'ai très envie de découvrir Tombée du Ciel , un premier roman qui m'attire par sa couverture hypnotique et son sujet.
Bonjour Merci pour cette mise en avant c'est toujours très intéressant !
La femme habitee est tombé du ciel deux sujet très différents mais très intéressant, un vivre sous la dictature ,le 2eme le problème anorexique, et les troubles ,les troubles du comportement à lire car est très complexe à suivre surtout
Ce que vous trouverez caché dans mon oreille a ma préférence