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"Le diable parle toutes les langues" de Jennifer Richard, l'histoire captivante d'un homme détestable

Basil Zaharoff, puissant homme d'affaires et légendaire marchand d’armes

"Le diable parle toutes les langues" de Jennifer Richard, l'histoire captivante d'un homme détestable

Vous êtes de plus en plus nombreux à partager vos lectures sur ce site. Nous mettons donc régulièrement en avant vos avis éclairés sur des romans de jeunes auteurs. Aujourd'hui, c'est au tour de Nathalie, lectrice, de partager son avis sur Le diable parle toutes les langues de Jennifer Richard (Albin Michel).

 

Partons à la rencontre de Basil Zaharoff, puissant homme d'affaires et légendaire marchand d’armes, qui "parle toutes les langues"...

 

L’avis de Nathalie Bouffioux :

 

Dans Le diable parle toutes les langues, Jennifer Richard nous livre les derniers moments de la vie de Basil Zaharoff, homme d’affaires puissant ayant bâti son colossal empire, regroupant organes de presse, sociétés d’investissement et groupes pétroliers, sur la vente d’armes et son paradoxal corollaire, la création de fondations et l’octroi de généreuses donations. Une façon de se racheter une conscience ou de paraître en être doté ?


Né en 1849 dans une famille de commerçants grecs installée à Constantinople, le petit Basil comprend très vite les rouages du commerce, domaine dans lequel il excellera sa vie durant, ainsi que le fonctionnement de la société au sein de laquelle il grandit et évolue. En effet, à cette époque, l’Empire Ottoman, vacillant, malgré tous les efforts déployés pour demeurer une puissance régionale stratégique, s’essouffle et vit ses derniers instants. Comme dans tout empire en proie à la dislocation, les premiers à payer le prix de l’imminente chute font partie des minorités, nombreuses au sein de ce vaste territoire.

Basil Zaharoff, dès son plus jeune âge, intègre le fait qu’il appartient à l’une d’entre elles en même temps qu’il appréhende les rapports de force régissant son environnement et régulant la marche du monde. Il se fait alors une promesse : issu d’une minorité opprimée, statut qu’il rejette, il accèdera aux cercles restreints des élites oppressantes, pour finir par dominer ces dernières en se rendant indispensable auprès d’elles. Celles-ci, avec une hypocrisie à peine dissimulée, n’hésiteront même pas à le décorer des honneurs les plus distinctifs, presqu’à l’élever au rang de héros, lui qui aura entraîné la mort partout sans jamais avoir foulé la terre d’aucun champ de bataille.

Cette promesse solennelle l’amènera à convoler avec les dirigeants d’Etats de l’époque en jouant sur tous les tableaux sur lesquels il pouvait avancer ses pions, vendant ses armes à tous les camps belligérants, surpassant même ses concurrents, n’ayant d’autre intérêt que la rentabilité de ses activités mortifères.
Cependant, l’ironie du sort voulut que Sir Basil Zaharoff, qui, par ses juteux contrats, avait scellé le destin de milliers d’innocents, se retrouva pétri d’angoisse face à sa propre mort, hanté par les fantômes de sa vie passée, qui ne le laisseront jamais reposer en paix.

Par une volonté d’expiation, par souci de repentance ou simplement mû par le désir de s’expliquer et de laisser une trace, Zaharoff confie ses mémoires à l’une de ses filles adoptives, Angèle, qui, par son sens moral irréprochable, constitue le juge idéal de la figure paternelle. Loin d’être dupe sur l’origine de la richesse familiale, elle découvre entre les lignes de son père un homme froid, calculateur et d’un cynisme sans précédent, comme l’on peut s’y attendre, mais aussi un petit garçon cherchant, à n’importe quel prix, à impressionner celle qui fût son grand amour, en la personne de Pilar, sa propre mère, qu’elle découvre sous un jour beaucoup plus sombre et cruel que l’image qu’elle s’en était forgée.


En donnant la réplique au personnage de Sir Basil Zaharoff, figure de premier plan des conflits qui ont ravagé la fin du XIXème et le début du XXème siècle, étrangement absent de nos livres d’Histoire, Jennifer Richard nous emmène dans un dialogue père-fille où s’affrontent sans relâche la droiture et l’immoralité les plus tranchées. Enfin, l’auteure nous offre le spectacle du déclin d’un homme, autrefois entouré des plus puissants, s’apprêtant à mourir seul, torturé par ses démons, dans l’indifférence générale et la désapprobation d’une des seules personnes qui ait réellement compté pour lui.

 

@Nathalie Bouffioux

 

Pour découvrir les autres avis sur ce livre, c'est ici : Le diable parle toutes les langues

 

 

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