Jonathan Coe fait coup double, rassemblant les grands fans de sa saga anglaise et la problématique du Brexit sous la même bannière.
Le Cœur de l’Angleterre arrive en tête des romans étrangers préférés sur lecteurs.com, grâce au travail estival des explorateurs de la rentrée.
Quelques avis de lecteurs rassemblés ici donnent à comprendre les différents aspects du roman.
Jonathan Coe reprend des personnages de Bienvenue au club et Le cercle fermé qui couvraient les années Thatcher et Blair, et les installe cette fois dans une période allant d’avril 2010 à septembre 2018, englobant donc le référendum du 23 juin 2016 sur le maintien ou non de l’Angleterre dans l’Union Européenne. Une scène d’enterrement, celui de Madame Trotter, permet de faire la connaissance avec les principaux protagonistes. Colin, le mari, Benjamin et Lois, les enfants, Sophie la fille de Lois et les proches amis Philippe et Doug.
Le récit s’attache principalement au parcours de deux personnes. Benjamin, récemment entré dans la cinquantaine, réfugié dans un moulin et ses amours passées, dont le rêve est d’écrire une œuvre qui marquerait son époque, et Sophie qui a les ambitions de son âge : réussir sa vie universitaire, professionnelle et amoureuse. Au travers de petites scènes de la vie quotidienne, l’auteur dépeint une société anglaise multiculturelle réputée pour sa modération et sa tolérance, mais dans laquelle apparaît un sentiment d’injustice, une rancœur contre une élite politico-financière et un sentiment d’appauvrissement général.
En conteur hors pair, Jonathan Coe détaille finement les destinées individuelles de ses personnages, et celle, collective, d’une nation. Les événements qui ont façonné la vie anglaise de ces dernières années s’intègrent tout naturellement au récit, que ce soit les émeutes de 2011, l’euphorie de 2012 des jeux Olympiques (ce qui donne des pages jubilatoires et très perspicaces) ou la crise économique.
Les années s’égrènent, les fractures sociales bien plus profondes qu’il n’y parait au premier regard ébranlent les convictions. On suit les choix personnels, les questionnements des membres de la famille Trotter. Et quand la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne jusqu’alors impensable se profile, elle provoque une béate incrédulité et des remises en question.
Tout cela n’empêche pas nos personnages d’aimer ou de se déchirer, de réussir ou pas, de rêver, de réfléchir, de vivre. Heureusement, car l’auteur n’a pas trouvé le plus petit début de commencement de solution pour réduire la fracture. Personne ne peut lui en faire le reproche. Ce qui est possible pour ses personnages, qui se séparent à cause du Brexit, ne l’est pas pour les deux parties du peuple britannique qui, bien que déjà divorcées, restent contraintes de faire chambre commune. L’impatience des uns, les tentatives de remise en cause de la décision par les autres n’augurent rien de bon.
Par la diversité de ses personnages, par des dialogues éclairants et des mises en situation convaincantes, il réussit, avec talent et pertinence, le tour de force d’évoquer ces tensions et ces rancoeurs, d’une façon assez subtile (la modération anglaise) pour ne pas avoir à s’aliéner une partie de ses lecteurs, qu’ils soient « Leave » ou « Remain ».
Oubliez les éditorialistes et autres « décrypteurs de l’actualité » (il y a un personnage de ce type dans le roman), lisez Le Cœur de l’Angleterre, vous comprendrez tout et passerez, en plus, un excellent moment.
Le menu parait copieux et pourtant c’est d’une légèreté telle que l’on serait prêt à recommencer la lecture dès la dernière page tournée. Car si le fond est un sujet sérieux, la forme prend un peu le chemin de l’école buissonnière, celui des découvertes, de la poésie, du bucolique et des surprises. Sans oublier l’invité d’honneur que l’écrivain a choisi d’accueillir par la grande page : Mister dérision. Une malice tout en finesse mais à faire craquer le plus austère des croque-morts ; par exemple, la scène, disons polissonne, de la penderie est jouissive !
Un roman au cœur de l’actualité sublimé par cette écriture lumineuse qui éclaire même le côté sombre de certaines âmes et réalités d’une époque parfois bien ombrageuse. Avec une noisette sur le livre : celle de se constituer une playlist allant d’Edward Elgar à Amy Winehouse.
Quant à la fin, sans la révéler, elle est porteuse de tous les espoirs…
Scrapbooké par Karine Papillaud
Il est sur ma liste. J'attends de le trouver à la bib
Bravo pour ce coup double que j'ai très envie de lire!
Bonjour et merci pour ces avis qui me donne envie de dévorer ce livre comme un bon scone dans cette famille Trotter!
Demande à decouvrir en plus l angleterre mais origine familiale ce la m interesse beaucoup d'en savoir un peu plus bien sur avec plaisir
je l'ai lu et c'est un vrai plaisir de retrouver jonathan coe ,les deux dernier romans il c'était un peu perdu. on retrouve dans celui-ci ce qui à fait son sucés avec testament à l'anglaise et le cercle fermé un vrai régal
J'ai très envie de le lire et c'est un roman qui tente mon mari aussi, Ce serait une lecture commune, ce qui est génial car on peut ensuite discuter ensemble sur le roman.