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Dans Rue des Pâquerettes (Hors d'atteinte, 2019), Mehdi Charef revenait sur son arrivée en France en 1962, dans le bidonville de Nanterre. Une fois celui-ci détruit, Vivants décrit la cité de transit dans laquelle il est relogé. Au sein de ce provisoire que les pères rêvent encore de quitter pour rentrer chez eux, la vie s'organise peu à peu. Mehdi Charef, qui voit son expérience de l'Algérie natale se transformer progressivement en souvenirs, consignés comme autant d'impressions sensibles, prend conscience des injustices qui l'entourent. Il le sait : seules l'école et la maîtrise du français lui permettront d'échapper à l'usine, avenir auquel on le destine, et de transmettre sa colère, mais aussi sa joie d'être en vie.
Vivants certes, mais en France, dans le bidonville de Nanterre, ou dans la cité toute proche, posée là et non bâtie correctement en haut d'une côte difficile à monter par les petits et les grands, et surtout dans la boue, cette boue qui colle aux semelles des chaussures, loin des semelles de vent dont chacun rêve !
Ahmed, 11 ans s'adapte plutôt vite à cette nouvelle vie sous un ciel gris, après avoir d'abord quitté les montagnes algériennes et le bled de Maghnia où ils vivaient, ses sœurs et sa mère et lui depuis le départ du père pour les usines en région parisienne.
Les enfants s'adaptent vite, l'école les y aide, la volonté de ne pas rester illettrés comme leurs pères ! ou de ne pas comprendre le français comme leurs mères « je me laisse attraper par la grammaire » , l'instit de gauche ou la bonne sœur en « burqa bleue » se pointent toutes les semaines pour leur faire franchir le pas ! L'instit commence très vite à faire comprendre que seule l'éducation va les sortir de là, les garçons ET les filles, qu'un enfant par an n'est pas la règle !
Je connais ou reconnais certains lieux, moi aussi je suis née en 52 et j'habitais Courbevoie, cette ville de « rupins » , pas si rupin que cela avec tous ces petits ateliers devant lesquels nous passions pour aller à l'école, certes sur des trottoirs propres où l'on croisait peu de petits arabes !
Des petits flashes, des brefs commentaires, une certaine nostalgie mais surtout une envie de s'intégrer, que tous ses copains n'avaient pas.
Avec un regard tendre sur ses parents, amusé pour sa mère qui sans parler un mot de français et dans les conditions difficiles qui sont les leurs, trouve du positif partout, utilise l'aide de son fils les jeudis pour passer du bon temps à Monoprix, profiter au maximum de ce que lui a apporté cette immigration et compenser ainsi les inconvénients majeurs auxquels ils ont à faire face.
Certaines phrases bien senties, mots bien choisis, idées suggérées à peine développées mais énoncées clairement nous mettent sur la piste de ces difficultés à hauteur d'enfant.
Roman ou document, à vous de décider !
Dans Rue des Pâquerettes (disponible dorénavant en format poche chez Pocket), Mehdi Charef revenait sur son arrivée en France en 1962, dans le bidonville de Nanterre. Une fois celui-ci détruit, les familles ont été relogées dans une cité de transit en attendant de pouvoir accéder aux habitations à loyer modéré. Vivants est le récit de cette période.
Vivre dans des préfabriqués constitue une vraie progression pour ces familles d'immigrés. Finie la promiscuité, l'eau coule à flot et chaque baraque dispose de ses propres toilettes. Même si tout n'est pas encore parfait, si cette avancée est cher payée et que le provisoire s'éternise, la vie s'organise. Des femmes et des hommes se marient, des enfants naissent et le progrès technologique s'invite dans les baraques. Les télévisions et les machines à laver révolutionnent le quotidien. Et puis chaque jeudi matin, parce que les enfants ne sont pas à l'école et qu'ils traduisent ses propos, une bonne sœur faisant office d'infirmière et d'assistante sociale déboule sur son Solex pour parler santé, hygiène et contraception aux mères pendant que leurs maris sont sur les chantiers ou dans les ateliers d'usine. Malgré tout ce qu'ils ont enduré, ces hommes, ces femmes et ces enfants sont Vivants. Ils connaissent de réels moments d'insouciance et de joie. Ils sont solidaires et forment une communauté soudée.
Vivants est parsemé d’anecdotes du quotidien au sein de cette cité de transit, de souvenirs du bled et de réflexions personnelles. Oui parce que les français ne sont pas si accueillants que cela, ils font peur. En dépit de son jeune âge, Mehdi Charef a conscience du monde qui l'entoure. Il sait que le retour en Algérie est un leurre, que seules l'école et la maîtrise du français l'émanciperont. Alors, malgré tous les obstacles, les préjugés, il fera tout pour s'intégrer.
Vivants est un témoignage à la fois touchant de sincérité et révoltant. Avec émotion et une certaine candeur, Mehdi Charef de sa plume alerte raconte cette période de sa vie à hauteur d'enfant et c'est là tout son talent. Ce n'est pas l'adulte érudit qu'il est devenu qui s'exprime, mais l'enfant qu'il était alors, tiraillé entre insouciance et crainte. Espoir et volonté de s'en sortir dominent le récit. Un vraie leçon d'humilité et de vie. On ressort de cette lecture, Vivants.
https://the-fab-blog.blogspot.com/2020/12/mon-avis-sur-vivants-de-mehdi-charef.html
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