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La première partie du livre s'appuie sur l'essai de J.R.R Tolkien intitulé « Du conte de fée » (1947) pour expliquer comment un style littéraire apparemment déconnecté du monde réel, le style « faërique », permet au contraire d'entrer dans un regard nouveau sur la vie. Le recouvrement du regard est au coeur de cette première partie, ainsi que la dimension créative de la vie, ou encore le sens de l'oeuvre « faërique » comme une consolation qui permet d'assumer la réalité souvent tragique de l'existence.
La seconde partie beaucoup plus développée, démarre avec la dimension la plus dramatique du Seigneur des Anneaux : le sens de la mission que chaque personnage doit assumer à sa mesure. La figure dominante de ce chapitre est le personnage de Frodo, le porteur de l'Anneau, dont la mission démesurée semble impossible à accomplir. Autour de lui, réunis comme dans une constellation, apparaissent les autres « missions », celle de Sam Gamegee, celle d'Aragorn, de Gandalf, de Boromir, de Merry et de Pipin. Au-delà de la communauté de l'Anneau, ce sont tous les personnages du Seigneur des Anneaux qui peuvent être ainsi passés au crible de la « mission » : ceux qui se dérobent pour un temps aux devoirs que leur impose l'existence comme le roi Théoden, et qui cependant reviennent à la vie , ceux qui s'y refusent obstinément comme Saruman, ou encore l'Intendant du Gondor , ceux qui ne peuvent se détacher du pouvoir terriblement séducteur de l'Anneau et qui, par convoitise, perdent quasi totalement le sens de leur existence comme Gollum.
Le second chapitre de la seconde partie aborde la question de l'amitié dans Le Seigneur des Anneaux. Dimension essentielle à l'accomplissement de la mission de chacun des personnages, dimension essentielle de l'existence tout court. Sam apparaît ici dans sa lumineuse figure de véritable héros de l'épopée. La communauté de l'Anneau est ellemême éclairée dans ses dimensions les plus profondes : le sens de l'appartenance, l'infini respect pour le destin de l'autre, la nécessité de se sacrifier pour les autres, sans savoir parfois ce qu'il advient les uns des autres, la solidité à toute épreuve de cette communauté que le Destin a réunie.
Cette seconde partie culmine dans un troisième et dernier chapitre en forme de vibrante méditation sur le sens du sacrifice et de la miséricorde dans Le Seigneur des Anneaux. Parvenus à ce stade, on ne sait plus très bien si l'on est encore dans la « faërie » de Tolkien, ou si ce dernier ne nous y parle pas directement du sens de notre propre vie. Ce dernier chapitre se conclut par un plaidoyer cher à Tolkien en faveur de l'ennoblissement des humbles. Pour le philologue d'Oxford, rien n'est plus émouvant que le rôle caché des personnes les plus humbles et sans lesquelles pourtant, rien n'aboutirait jamais du drame de l'existence.
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