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" La littérature de la seconde moitié du XXe siècle est un terrain maintes fois traversé : y découvrir quelque chef-d'oeuvre oublié, dans l'une ou l'autre des langues majeures ratissées avec tant de zèle, semble pour le moins improbable.
C'est pourtant ce qui m'est arrivé à Londres, il y a une dizaine d'années. Je tiens Un été à Baden-Baden pour l'une des oeuvres les plus belles, les plus exaltantes et les plus originales de son siècle en matière de récit et de fiction. Outre la description de l'incomparable Dostoïevski, le roman de Tsypkin offre un extraordinaire parcours mental de la réalité russe. Les souffrances de l'ère soviétique, des purges de 1934-1937 au présent de la quête du narrateur, semblent aller de soi (si l'on peut dire) et le livre palpite à leur rythme.
Un été à Baden-Baden est aussi un portrait retentissant et vivant de toute la littérature russe. Pouchkine, Tourgueniev (qu'une scène féroce oppose à Dostoïevski) et les grandes figures de la littérature du XXe siècle et de la lutte pour la justice - Tsvetaeva, Soljenitsyne, Sakharov et Bonner - sont également convoqués, déversés dans la narration. On sort d'Un été à Baden-Baden purifié, secoué, fortifié.
" Susan Sontag, juillet 2001.
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