Les conseils de la librairie "Obliques" sont autant de pépites littéraires...
« Certains, ou plutôt devrais-je dire certaines, se sont étonnées du peu d'artistes femmes citées dans notre programme d'histoire de l'art. Je leur ai donné carte blanche aujourd'hui. Mesdemoiselles, c'est à vous ! » Térébenthine met en scène les débuts dans la vie d'une jeune étudiante qui s'inscrit aux Beaux-Arts avec l'ambition de devenir peintre. Elle rencontre Luc et Lucie qui partagent le même rêve. Ils vont former ensemble le groupe des Térébenthines. C'est dans un sous-sol de l'École qu'il se réunissent, travaillent, discutent. Et où naissent des sentiments entre Luc et la narratrice. Mais, en France, à la fin des années 90-début des années 2000, la peinture est considérée comme morte. Aux Beaux-Arts, les profs découragent les vocations, les galeries n'exposent plus de peinture. Le Conceptuel est l'unique voie.
Les trois amis vont en faire amèrement l'expérience pendant leurs trois années d'apprentissage. Ils sont cassés, humiliés et découragés. Sortis des Beaux-Arts, aucun d'eux ne sera peintre. Lucie renonce pour être enseignante. Luc vit de petits boulots, malgré un talent immense. La narratrice a, quant à elle, retourné ses toiles contre le mur pour tenter l'écriture. La peinture semble bel et bien morte et enterrée. Et pourtant... Carole Fives signe avec Térébenthine un livre extrêmement émouvant qui jette un regard féministe et critique sur l'art et la société. C'est aussi une quête sentimentale portée par des dialogues d'un grand réalisme, alternés avec un monologue intérieur intense.
Les conseils de la librairie "Obliques" sont autant de pépites littéraires...
C'est l'histoire d'un trio de jeunes qui font leurs études aux Beaux Arts. Malgré les remarques des profs, ils veulent peindre et n'en démordent pas. On suit leurs procesus créatifs malgré les humiliations des professeurs et les moqueries des camarades.
Je ne sais pas si cela se passe réellement comme ça dans les écoles d'art mais j'ai aimé cette immersion dans le milieu. Ce roman est moderne et réaliste, on s'attache à ce trio avec leurs humeurs, leurs petits cotés obsédés, mystérieux rêveurs et hors du monde particulièrement pour Luc.
C'est aussi une belle histoire d'amitié de soutien d'encouragement que nous raconte ce roman. L'écriture est fluide, précise et agréable j'ai vraiment passé un bon moment. J'ai par contre été déçue par la fin qui m'a semblé un peu trop facile et déja vue.
Lorsque la narratrice s’inscrit aux Beaux-Arts de Lille, la peinture est considérée comme obsolète. Il faut à tout prix utiliser les médias, les nouvelles technologies, l’art est conceptuel et sûrement pas esthétique. On parle de performances, on ne dessine plus, on laisse de côté les tubes de peinture. Alors comment faire lorsqu’on souhaite peindre ? On est relégué dans les sous-sols de l’école… et on est la cible de moqueries…
Voilà un livre qui se lit d’une traite avec jubilation. Le style est enlevé, les nombreux dialogues apportent du dynamisme à l’ensemble. Autobiographique sûrement, peu importe, c’est une critique acerbe des écoles des Beaux-Arts qui imposent une vision de ce que doit être l’art, à ses étudiants. Le texte est à la seconde personne du singulier ou du pluriel quand il s’agit des trois compères, Luc, Lucie et la narratrice. Cela donne vie aux personnages et crée une complicité avec eux pas inintéressante, on est en leur présence, on les observe de près et on a l’impression de vivre ce qu’ils vivent. Et en même temps, cela permet à l’auteure de prendre une distance avec sa narratrice. On éprouve de l’empathie pour ces trois étudiants. Leurs débats sur l’art, leurs façons différentes de le représenter sont passionnants.
J’ai appris plein de choses, j’ai eu envie de découvrir plein d’artistes, de fouiller cette histoire de l’Art. C’est passionnant et touchant. J’ai particulièrement aimé le chapitre dans lequel la narratrice présente les artistes femmes que le professeur n’avait jamais évoquées.
C’est de cette expérience que naitra l’auteure… les mots remplaceront peu à peu la matière picturale.
C’est une surprise pour moi, je ne m’attendais pas à apprécier ce texte de cette manière. Il m’a été conseillé par une libraire et je l’en remercie.
Une histoire d'apprentissage de la vie, au travers d'études aux Beaux-arts pour devenir peintre, une histoire d'amitié entre trois personnages, une histoire sur la difficulté d'exister en tant qu'artiste, une histoire sur les mouvements novateurs en arts plastiques, ce roman raconte tout cela dans un style très épuré, direct, qui nous transmet les émotions simplement mais avec une belle efficacité.
Si j’avais beaucoup apprécié Tenir jusqu’à l’aube de Carole Fives, primé d’ailleurs à plusieurs reprises, j’ai moins accroché à Térébenthine, le dernier roman de cette auteure.
Divisé en quatre parties, les trois premières relatant chacune, une des trois années d’étude aux Beaux-Arts de Lille pour de jeunes étudiants, et la dernière intitulée l’après-Beaux-Arts, qui, comme son nom l’indique conte ce qu’ils sont devenus.
Lucie, Luc et la narratrice sont les trois étudiants, ils sont dévorés par l’envie de peindre, mais en ce début des années 2000, il faut vraiment être passionné car la peinture est déclarée morte. Sur la façade du bâtiment est d’ailleurs inscrit à la bombe « Peinture et ripolin interdits » et « les étages ont été rénovés pour accueillir les ateliers vidéo, son et multimédia ». « les ateliers de peinture pour les derniers résistants , ont été déplacés aux sous-sols, dans les caves ». Les Térébenthine, ainsi seront surnommés avec mépris ces mordus de peinture par les autres étudiants et pendant leurs trois années d’apprentissage ils devront affronter les humiliations et les profs eux-mêmes sont sans pitié.
Même si l’avenir semble bouché, notre trio fera face et après avoir terminé leur troisième année consacrée au mémoire, ils seront diplômés des Beaux-Arts comme tous les autres, l’écrémage se faisant après.
Térébenthine est une autofiction dans laquelle Carole Fives exprime tout son amour pour la peinture et en même temps tout son ressentiment pour cette période où une génération a été sacrifiée. On ressent sa colère, lorsqu’elle raconte les galères rencontrées par ces jeunes à l’issue de leurs études, se trouvant pour la plupart acculés à choisir d’autres voies pour subsister quand ils ne tombaient pas dans l’alcoolisme ou pire se suicidaient.
Lucie et la narratrice que l’on peut, je pense assimiler à l’auteure, s’étant étonnées auprès de leur professeur, du peu d’artistes femmes citées dans le programme d’histoire de l’art, ont obtenu carte blanche pour en parler. C’est un chapitre avec exemples à l’appui que j’ai trouvé magnifique qui montre encore une fois comment le talent des femmes a été longtemps ignoré et volontairement mis à l’index.
Carole Fives, elle-même diplômée des Beaux-Arts nous offre dans ce récit un portrait quasi historique d’une époque, où une génération de jeunes passionnés par l’art ont été sacrifiés. Si, Carole Fives, tout comme le personnage principal de Térébenthine, a fini par écrire plutôt que peindre, les lecteurs s’en féliciteront car nul doute qu’ils se régaleront et apprendront beaucoup de choses sur la peinture et sur la société, comme j’ai pu le faire.
Chronique illustrée à retrouver sur : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
Après avoir lu Tenir jusqu’à l’aube qui plongeait dans la dure réalité affrontée par une femme seule devant élever son enfant, je retrouve Carole Fives dans Térébenthine.
Ici, il s’agit d’une autofiction, pas vraiment un roman comme indiqué par l’éditeur sur la couverture.
Tout commence avec un article de Beaux-Arts magazine de 2019 saluant avec enthousiasme le retour en grâce de la peinture et mettant en exergue un jeune peintre, Luc Chancy, disparu, hélas…
C’est alors le moment de revenir en arrière, au début des années 2000 où la narratrice, à dix-sept ans, passe le concours d’entrée à l’École des Beaux-Arts de Lille.
Débute alors un parcours difficile, compliqué, semé d’embûches, d’incompréhension, de mépris et de solitude pour cette fille qui rêve d’exprimer son talent pour la peinture.
Reléguée dans les caves de l’école, avec ceux qui veulent peindre, dont ses deux meilleurs amis, Lucie et Luc, elle subit les moqueries des autres camarades qui s’épanouissent dans des œuvres plus en vogue à l’époque. Ils surnomment les peintres « Térébenthine » à cause de leur puanteur causée par l’odeur du solvant, plutôt du white-spirit, odeur qui ne les quitte guère. Il faut bien nettoyer pinceaux, palettes et tout le matériel !
En 2003, elle séjourne même à New York, avec Lucie et Luc, pour visiter le MoMA (Museum of Modern Art) où les œuvres de Pablo Picasso, Henri Matisse, Jackson Pollock, Robert Motherwell, Barnett Newman et Mark Rothko tiennent la vedette. Par manque d’argent, ils ne peuvent guère profiter de la ville.
À l’école des beaux-arts, pas de prof de peinture. Elle doit suivre des cours de dessin, le soir, dans les ateliers municipaux.
Alors que les femmes artistes sont vraiment marginalisées, c’est l’une d’elles, sa référente, qui la démolit au lieu de l’aider à préparer l’examen de passage en deuxième année.
Avec Lucie, en fin d’année, elles réalisent chacune une œuvre très sexuelle avec des poupées gonflables puisqu’il faut étonner, surprendre les profs. Hélas, son propre père ne supporte pas, se dit choqué et s’en va…
Ainsi, seconde et troisième année vont suivre et j’ai beaucoup apprécié les interventions des élèves pour mettre en valeur les artistes femmes, forçant même Urius, professeur d’histoire de l’art, à leur céder du temps sur ses cours pour qu’elles présentent Niky de Saint Phalle, Shigeko Kubota, Yoko Ono, Cindy Sherman, Gina Pane, Orlan (Mireille Porte), Annette Messager, Miss. Tic ou encore Marlène Dumas.
En attendant, il faut créer, peindre, recommencer, douter, chercher, subir l’indifférence, le mépris pour aller au bout de la troisième année. Peu satisfaite de ses résultats picturaux, la narratrice s’oriente vers le texte, les mots qu’elle met en scène, phrases qu’elle agence et qui sont la matrice de ce livre que je lis avec beaucoup d’intérêt.
L’après beaux-arts est sûrement le plus difficile pour ces jeunes artistes qui n’arrivent pas à se faire admettre dans les galeries et doivent assumer des petits boulots pour pouvoir manger, payer leur loyer. Certains, comme Lucie, se tournent vers l’enseignement. Luc persévère, offre un très intéressant entretien sur Radio Nova mais n’est finalement pas heureux alors que la narratrice écrit tout en refusant le roman classique.
Térébenthine, son parcours de vie, m’a permis une ouverture passionnante et fort instructive sur un milieu que je ne connais guère. Carole Fives a bien fait de partager son expérience tout en exprimant une fois de plus son talent littéraire vivant, varié et émouvant jusqu’au bout.
Chronique illustrée à retrouver sur : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
Plongée dans la vie étudiante aux Beaux Arts, les caves, les réflexions artistiques, les influences, les courants dont il faut être...ou non...
comment passer de la peinture à l'écriture...histoire d'une amitié d'artistes talentueux qui se cherchent, souffrent des modes .
Un grand merci pour l'envoi de ce livre qui je dois avouer m'as un peu dérouter au début.
L'auteur emploie la deuxième personne dans son écrit et cela m'a un peu interloqué, de plus l'histoire n'était pas ce a quoi je m'attendais.
J'ai été plonger au milieu des beaux arts, au fin fond d'une cave avec des jeunes qui tente de devenir des artistes.
Et puis j'ai eu l'impression au fil de ma lecture de suivre les cours avec eux et je me suis prise au jeu.
J'ai suivi ce trio d'artistes peintres au idées très confondus et aux odeurs de térébenthine mais pas que...
Leurs parcours tout au long des années et leur devenir.
Un livre que je n'aurais je pense seulement regardé mais qui m'a surprise et que j'ai finalement apprécié.
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Merci pour votre commentaire Jean Paul, qui nous apprend beaucoup de choses sur le monde des artistes en devenir . Un livre qui paraît très instructif et bouleversant . Belles lectures . Prenez soin de vous