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Même si on excepte l'Occupation, l'histoire de France au XXe siècle reste jalonnée d'épisodes de violence militante parfois spectaculaires qui ont pu avoir de lourdes répercussions sur la vie politique nationale : émeute du 6 février 1934, grèves "insurrectionnelles" de 1947-1948, manifestation Ridgway de 1952, "journée des tomates" du 6 février 1956, soulèvement du 13 mai 1958, massacre de Charonne en 1962 et bien entendu barricades de mai 68.
Même si cette tension n'atteint pas les pics révolutionnaires du siècle précédent (du Printemps des Peuples à la Commune), elle est remarquable par son ampleur, sa fréquence et son intensité. Ligueurs des années 30, communistes et gaullistes de la Guerre froide, poujadistes, nationalistes OAS puis gauchistes, beaucoup se sont "battus pour leurs idées" au sens propre de l'expression, c'est-à-dire à coup de poings, de cannes-épées et de matraques, voir de grenades et de revolvers.
Le terme "militant" n'est-il d'ailleurs pas issu du vocable latin "milites" qui renvoie au soldat ? La politique semble bien parfois être le prolongement de la guerre par d'autres moyens... Pour autant, en France, si la violence constitue un objet d'étude déjà bien défriché par les politologues, le thème est encore peu exploré en histoire politique. D'où l'intérêt de cet ouvrage collectif qui fait le point sur ce sujet passionnant au travers d'études de cas originales.
L'enquête aborde tous les acteurs de cette violence (militants, service d'ordre, policiers) et pose la question des raisons et origines d'un tel niveau de radicalité (modèle révolutionnaire hérité, brutalisation des sociétés par la violence de guerre, influence d'un cadre de propagande archaïque et accidentogène). On y découvre que ce phénomène a été non seulement plus important et persistant qu'on le pense (débordant les seules formations extrémistes) mais qu'il a été aussi longtemps valorisé par les états-majors de parti et l'opinion considérant la violence comme la forme ultime de l'engagement et de la conviction politique.
Il est certain que le lent reflux de cette tension autant physique que verbale, entre les années 1920 et les années 1970, constitue une des formes de la modernisation de la vie politique française.
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