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1939. Ce devait être pour l'homme quelques heures de solitude au coeur de paysages rudes et escarpés, une parenthèse de fin de journée, une partie de chasse sous le soleil écrasant d'Espagne. Mais l'inconnu en noir apparût au loin, mystérieux et implacable, son fusil à la main. Et l'homme comprit que la cible, c'était lui. Commença alors une curieuse traque, de celle à laquelle on ne peut se soustraire, une poursuite sans issue. Restait à l'homme à comprendre pourquoi, et si un jour, il n'avait pas lui-même, sans le savoir, ouvert cette porte qui menait aux enfers.
Sarasqueta est le récit d'une chute, des secrets enfin révélés et des comptes que l'on doit rendre un jour. Avec ce roman, poétique, hypnotique, Chaïm Helka nous conte l'histoire d'un face à face inexorable avec la mort et des dettes que l'on finit toujours par payer.
Une rumeur d’immortelles
Envahit les cartouchières »
Federico Garcia Lorca
« Romance de la Guardia Civil espagñola »
Romancero Giatano, 1928.
Espagne, été 1936.
« L’insoutenable et si familier soleil déclinait. »
La beauté douloureuse, aride, soulève la poussière brûlante. L’ambiance sauvage de ce récit rude et poétique. Dès l’incipit, la trame est captivante, rebelle et virile.
Alfonso Gutiérrez Carrosco s’éloigne dans l’austère solitude d’un lieu abandonné.
« L’entêtant chant des cigales l’accompagnait. Sonorité diurne qui à la nuit tombée serait remplacée, comme pour une relève de la garde, par la fraternité des grillons. »
Détonation, « Nando acheva sa vie dans un émouvant glapissement. »
Alfonso est armé d’un Sarasqueta. Il pressent un piège oppressant et irrévocable. L’homme en noir, ombre sur le rocher, tire, tire encore. Alfonso se replie, cherche un abri matrice. L’ambiance est d’adrénaline, de fureur et d’inquiétude. Pourquoi cet homme en noir veut-il le tuer ?
Alfonso devine le drame. Le passé resurgit dans cette écriture belle à couper le souffle. L’homme en noir et son salut. Vengeance et adresse, maîtrise et certitude. Alfonso, blessé, se terre dans les replis de sa mémoire. Vaincu et cherchant dans le creuset de ses blessures les raisons de ce combat à la vie à la mort.
« La renonciation contrebalançait la frayeur, et toutes deux s’alliant de traîtresse façon avec un sentiment nouveau et peu soutenable : la culpabilité. »
L’homme en noir, transmutation de la conscience d’Alfonso dans un degré tel que les insistances laissent les vérités advenir immanquablement : parabole.
« Alfonso Gutiérrez Carrasco assistait à la naissance du monde dans sa répétition originelle. »
Traqué, arme contre arme, un sourire froid, maléfique inonde ses pensées. Résiste dans ce texte de forte amplitude, les rappels pavloviens de ses actes passés, « dans le petit jadis personnel. »
« Dans sa somnolence, il perçut une autre présence, celle de la déesse de l’amnésie qui ébréchait la raison. »
Litanie, l’homme vêtu de noir le saluait. Les repentirs écorchés vifs sur les rochers sanglants. L’Espagne relève les conséquences, corbeaux noirs en plein ciel, les repentirs croassent et rôde l’agonie tumultueuse. Ce roman sombre et beau, écrit d’une main de maître par Chaïm Helka est digne d’un génie évident. L’adage de Prosper Mérimée : « Apprendre à toujours se méfier ». Publié par les majeures Éditions La Manufacture de livres.
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