"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Pour ce deuxième livre de sa Trilogie new-Yorkaise, Paul Auster met en scène d'autres personnages que ceux de Cité de verre.
Les protagonistes ici se nomment Blanc, Bleu et Noir. Mais deux d'entre eux sont à nouveau des détectives privés et leurs tribulations à New York mettent une fois encore en évidence la précarité de l'identité en même temps que les très pervers effets de miroir du destin. De telle sorte que l'impitoyable filature, à laquelle on demeure suspendu comme dans les meilleurs thrillers, nous ramène aux interrogations du premier livre.
Avec, cette fois, une intensité croissante dans le tragique. On comprend après cela que l'ascension de Paul Auster, parmi les écrivains de sa génération, ait été aussi irrésistible que la métaphysique angoisse où il nous plonge.
Se reconnaître dans un autre…
Dans ce deuxième volet de la « Trilogie new-yorkaise », Paul Auster situe son personnage principal dans la peau d’un privé nommé Bleu, payé par un dénommé Blanc qu’il ne rencontre pas et qui le commandite pour épier les faits et gestes d’un homme nommé Noir.
Bleu qui pensait baisser le rideau dû au manque de clients se réjouit de l’offre honorablement rémunérée contre un rapport mensuel détaillé.
Blanc installe Bleu dans un studio confortable dont la fenêtre donne juste en face de la fenêtre de l’appartement de Noir sur Orange Street à proximité du pont côté Brooklyn.
A sa surprise, Noir reste des journées entières assis à une table. Il semble ne rien faire sinon lire et écrire. Rarement, il sort acheter de quoi se nourrir à l’épicerie du coin et revient s’attabler chez lui.
Bleu qui le suit en profite aussi pour s’acheter quelques victuailles et ses journaux préférés ‘Étrange mais vrai’ et ‘Vrai détective’. De retour au studio, il dévore les histoires de brigades anti crimes et d’agents secrets et découvre un article relatant d’un cold case que son enquêteur à la retraite fait ressortir après 20 ans d’affaire classée. Il admire cet homme et, ne sachant que faire d’autre, il découpe la photo du magazine et la punaise au-dessus de son lit.
Bleu s’ennuie terriblement lui qui rêve d’héroïsme. Ses pensées vagabondent et il se remémore Brun celui qui l’a initié au travail d’enquêteur. Il décide de lui écrire. Un jour enfin, Brun lui répond qu’il est un heureux retraité et pour rien au monde ne reprendrait le travail qu’il aurait dû quitter plus tôt, trop content de passer ses journées à lire et à pêcher. Bleu le regrette et en est déçu.
Avec ses jumelles, il découvre le titre du livre posé sur la table de Noir : ‘Walden’ d’Henry David Thoreau. Il le note dans son rapport. Il ne connait pas ce livre. Cela pourrait peut-être être un indice à des activités subversives de Noir.
Bleu veut faire avancer l’enquête… Il ne s’y passe tellement rien que Bleu se sent obligé d’étoffer un peu ses rapports qu’il dépose dans la boite numéro mille un à l’imposant bureau de poste de Brooklyn comme il lui a été demandé par Blanc…
Un jour, Noir traverse le pont de Brooklyn pour se rendre à Manhattan. Cette balade de presque deux kilomètres à pied rappelle à Bleu la seule fois où, enfant, il avait pris ce chemin avec son père policier qui lui avait raconté la construction du pont et l’histoire de ses malheureux architectes John Roebling et son fils Washington.
Après avoir traversé Chinatown, Noir entre dans une librairie et achète des livres. Sans se montrer, Bleu le tient à l’œil et tombant sur un exemplaire de Walden, il l’achète pour lui d’autant plus que l’éditeur s’appelle Noir, Walter J. Noir… Serait-ce un renseignement utile…
Ensuite, Noir va dans un restaurant où il rencontre une femme. Il n’entend rien mais Noir et la femme ont des mines tristes. Ils sortent et chacun se sépare montant dans leur taxi respectif.
De retour à Orange Street, Bleu trouve son premier chèque pour la somme convenue avec Blanc. Cela durera plus d’un an.
Bleu est furieux d’avoir à lire Walden qu’il ne comprend pas avec ces sornettes de retour à la nature sans aucune aventure.
Le soir, sachant avec le temps, que Noir ne sortira pas, il va boire une bière au bout de la rue puis c’est aussi l’après-midi qu’il file à Manhattan où un jour il rencontre sa fiancée au bras d’un autre. Le reconnaissant, elle l’agresse en pleine rue confirmant qu’elle aussi faisait partie des rêveries de Bleu, de ses multiples fausses persuasions à lui-même.
De retour à Brooklyn, fatigué de cet immobilisme forcé, il décide malgré l’interdiction de ce faire, de se rapprocher de Noir en se servant de son attirail de déguisement divers et varié.
Comment Blanc l’apprit-il ? Est-il épié à son tour ? Noir serait-il Blanc ? Bleu serait-il l’objet de l’enquête de soi ? Fallut-il tous ces rapports écrits pour enfin ouvrir la porte ?
« Lorsque Bleu se lèvera de sa chaise, mettra son chapeau et passera la porte, ce sera la fin. »
Je suis restée accrochée à l’intensité croissante de ce récit, à la recherche de l’autre en soi, fabuleusement bien écrit.
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