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La saga des Messieurs de Saint-Malo commencée sous Louis XIV s'est poursuivie sous Louis XV avec le Temps des Carbec.
Après les remous de la Révolution, leurs descendants se retrouvent périodiquement dans la propriété familiale de la Couesnière, l'ancien manoir légué par Clacla à sa filleule Marie-Thérèse Carbec qui avait épousé le capitaine de Kerelen. En juillet 1914, la grand-mère Léonie Carbec décide de renouer avec les traditions et d'organiser le premier rendez-vous du siècle à la malouinière : il y a là deux fils de Léonie, Jean-Marie armateur à Saint-Malo et Guillaume grand chirurgien parisien, leurs femmes et leurs enfants, le compte et la comtesse de Kerelen, Helmut von Keirelhein dont les arrière-grands-parents avaient émigré en Poméranie en 1792, David Carbeak de Kansas City et toute la jeune génération insouciante et rieuse que le tocsin du 1er août 1914 sonnant la mobilisation générale va brutalement projeter dans le XXè siècle, ses drames et ses changements radicaux.
La famille Carbec n'échappe pas aux massacres, les survivants reviennent désabusés ou pacifistes, les jeunes filles vont devenir garçonnes.
Certains s'établissent au Maroc comme architecte, officier des Affaires indigènes ou tel Roger Carbec colon dans le bled tandis que les Carbec parisiens participent à la vie facile des années folles, celles des illusions nées d'une victoire payée trop cher, tout en scrutant le ciel européen où apparaissent troubles sociaux, tentation des fascismes, déclin des vieilles démocraties. De 1920 à 1940, il ne s'est écoulé qu'un petit espace de vingt ans, le temps de faire un garçon, de l'élever et de le voir partir à son tour...Les Carbec auront eux aussi leurs héros et leurs martyrs.
Le dernier rendez-vous à la malouinière a lieu l'été 1946, Saint-Malo a été détruit, les Carbec qu'ils soient Parisiens, Marocains, Nantais, Malouins, Américains, sont à nouveau présents, bien décidés à reconstituer leur famille comme les Malouins ont juré de rebâtir leur cité foudroyée.
Dans cette vaste fresque historique où les qualités littéraires et l'acuité d'observation prennent appui sur la mémoire personnelle, Bernard Simiot réussit à camper des personnages très attachants, émouvants et durs, lucides et désemparés, à l'image d'une époque fiévreuse et bouleversée, sans jamais perdre de vue leur implication dans l'histoire, l'aveuglement du moment et la frénésie de vivre.
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