"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Le 21 novembre 1991, la galerie Sonnabend, à New York, vernissait la nouvelle exposition de Jeff Koons. elle était consacrée à une installation exposée l'année précédente lors de la Biennale de Venise : Made in Heaven. Mettant en scène les ébats de l'artiste avec la starlette italienne du X italienne connue sous le nom de Cicciolina, celle-ci prenait la forme d'une série de grandes peintures pornographiques, accompagnés de statues représentant des petits chiens et des angelots. Dès le lendemain matin, toute la critique éructa de rage. vendue, infantile, Publicitaire, opportuniste : les spécialistes n'eurent pas de mots assez durs pour ce qu'ils ne pouvaient s'empêcher de considérer comme la plus parfaite incarnation du kitsch petit-bourgeois libidineux. De manière conforme à l'accueil réservé à toutes les pièces de Koons depuis ses débuts, ils ne daignèrent même pas regarder ce qu'il avait fait. Que se serait-il passé, sinon ? C'est la question à laquelle Laurent de Sutter tente de répondre dans cet essai, qui reconstitue le prodigieux écheveau de références et d'idées incarnées par Made in Heaven - écheveau qui pourrait conduire à penser que, plutôt que la forme la plus basse du commerce contemporain de l'art, cette oeuvre a toute les chances de représenter, pour nos époque, ce qu'avait représenté Fountain de Marcel Duchamp pour la sienne : le lieu de sa vérité esthétique. Pas moins.
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