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Voici un livre qui se joue des genres. On y trouvera en effet des parties philosophiques et littéraires à l'appui d'un propos d'ordre biographique. Des références à Kant alternent avec d'autres à Queneau. Le mélange des tons, léger, grave, comique, scolaire, est encore plus saisissant. Il n'en fallait pas moins pour présenter la vie et l'oeuvre de Pierre perdu dans des choix binaires et tentant de résoudre ses contradictions dans des poèmes au rythme tout aussi binaire. Mais ce complexe d'ambivalence, dont est affecté Pierre, est surtout lié à sa quête tragique d'une impossible conciliation des contraires. L'auteur, militant dans des organisations visant à lutter contre la stigmatisation de la schizophrénie, témoigne du destin d'un ami disparu aux talents artistiques indéniables et évoluant dans le petit milieu des schizophrènes de son arrondissement. Dépassant le récit anecdotique de la vie d'un « fou littéraire » qui se croyait un destin messianique, cet essai biographique explore la notion d'ambivalence dans un registre radicalement autre que celui de la psychiatrie à laquelle elle est ordinairement cantonnée.
Philippe Cado est né en 1965 et est atteint de cette même schizophrénie. Depuis 2009, il a décidé de rendre publique sa maladie. Il mène ainsi une activité de bénévole à l'écoute d'usagers de la psychiatrie et de témoin dans différents séminaires ou colloques sur le rétablissement en santé mentale. Mais c'est l'écriture qui lui permet d'approfondir ce qu'il a pu connaître des manifestations de cette maladie. Il a notamment publié Le Jour où je me suis pris pour Stendhal (Eyrolles, 2012) et L'Enfant de la télé : Abécédaire d'une schizophrénie (Jacques Flament Éditions, 2015).
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