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Les continents ne sont pas fixes, ils dérivent. Les continentaux sont des migrants qui s'ignorent, des passagers soumis à cemouvement infime comme à l'écoulement insensible du temps. Des passagers en rupture de barre, en rupture d'avenir, incapables d'empoigner le gouvernail pour métamorphoser en destin leur errance misérable.
Les îles aussi dérivent avec leur équipage. Plus vite, plus loin, dans l'urgence et le péril, aspirées par le sillage néfaste des continents. Quand leur microcosme s'ouvre à l'envahisseur, les organismes, les âmes résistent mal au souffle de sesmiasmes, au viol de ses rêves frelatés.Des passagers disparaissent, asphyxiés sous les clichés dont on les affuble.
Quelques-uns se rebellent. D'autres s'adaptent.
Mais tous ont à dire, à faire. Comme les continentaux, les îliens vocifèrent, chuchotent, rient, ou bien se taisent et agissent. Comme eux, ils influencent, du geste et de la voix, la course aléatoire de notre nef des fous. Émouvants et berceurs, cruels et drôles, ces contes des îles forment le troisième livre d'Anne-Catherine Blanc.
Ah Dominique, comme je vous reconnais bien là ! Ces nouvelles sont plus que régionales ou ethnographiques. Je ne suis pas amoureux de Tahiti, je ne rêve aucunement de m'y rendre, mais j'ai aimé les personnages et l'écriture de l'auteure. Je reconnais bien votre exigence en qualifiant un peu vite, à mon sens, ces nouvelles de "tendres sentiments et [de] joliment écrites". C'est sûrement plus que cela, au moins pour les trois premières nouvelles qui devraient pouvoir vous plaire
Il y a des livres "universels" - je parle de bons livres, dont on ressent que son propre jugement puisse être partagé largement ; d’autres qui, par leur thème, leur style, leur format..., s'adressent à un public plus segmenté. J'ai parcouru ce recueil de six nouvelles ayant Tahiti pour théâtre. Elles me semblent chargées de tendres sentiments et joliment écrites mais tellement loin de mes (p)références littéraires - je suis réticent aux nouvelles, et géographiques ou ethnologiques que je passe la main à plus concernés. Aux amoureux de Tahiti, dont je mesure l'enthousiasme à la lecture des commentaires qui précédent celui-ci
La Polynésie de « passagers de l’archipel » n’est pas celle des cartes postales mais celle des pauvres et des petits métiers.
Tantôt triste tantôt jubilatoire, ce livre est un très beau témoignage de la vie hors Tahiti.
Moins visibles, les paysages n’en sont pas moins somptueux et les autochtones à la fois authentiques et intemporels.
Les courants poussent les lecteurs à la rencontre de personnages sympathiques qui acceptent les coups du sort avec une grande capacité d’adaptation et ne sont jamais nostalgiques.
Mais, même si le récit de ses nouvelles (les dernières notamment) est parfois jouissif et l’écriture très plaisante, cette découverte d’une terre inconnue vaut un aller-retour sans susciter l’envie de remonter le courant.
Passagers de l'archipel le troisième livre d'Anne-Catherine Blanc a pour cadre Tahiti, une île que l'auteure connaît bien pour y avoir vécu plusieurs années. Et on retrouve avec plaisir non seulement un univers particulier et des thèmes récurrents mais aussi un style. Une écriture légère et sensible alternant un registre comique et familier et une dimension poétique et philosophique .
Ce recueil de nouvelles offre une vision de cette île mythique très différente de l'image exotique galvaudée encombrant les esprits. S'éloignant des clichés, l'auteure nous fait partager avec humour et empathie la vie quotidienne des Tahitiens , de ces hommes et de ces femmes simples qui «ne sont pas des anges». Elle nous fait découvrir un peuple «stigmatisé» par les dérives de la modernité qui a conservé des valeurs de tolérance et de solidarité car il reste malgré tout adapté à son monde maritime originel.
Anne-Catherine Blanc nous embarque sur un navire voguant sur l'infini de la mer dont nous sommes les éphémères passagers, et de cette errance qui est avant tout intérieure, il émane une sorte de philosophie de l'ancrage et du détachement, comme si chacun devait trouver «sa place» en harmonie avec le monde, pour pouvoir ensuite être prêt à s'en libérer.
Voici une écriture riche, poétique, émotionnelle dans un recueil de six nouvelles. Ce sont des anecdotes, des tranches de vie. Les personnages sont introduits de façon très détaillée, ciselés, créant de véritables rencontres avec ces habitants des îles. Certaines nouvelles sont dures (Poerava ou Raerae) d’autres plus légères (la dernière surtout qui donne une touche finale savoureuse). L’auteur nous guide dans l’intimité d’une culture en parsemant son texte de mots tahitiens (avec un glossaire en fin de recueil). On y apprend la tolérance traditionnelle d’un peuple que l’invasion de la civilisation a gangréné, comme une maladie honteuse. C’est un très joli livre, sans pesanteur, dépaysant et loin des clichés des agences de voyages (il pleut souvent à Tahiti). On découvre l’envers du décor, sans fioriture mais décrit dans une langue impeccable. J’ai passé un très beau moment avec ces passagers de l’archipel.
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