"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Fille unique d'un couple de retraités épanouis, exerçant la profession d'audiodescriptrice, Chloé travaille sur des successions de séries télé où s'agitent des personnages de sa génération, mieux définis qu'elle.
Lorsque sa thérapeute lui assure qu'elle souffre sans le savoir d'un lourd secret, que ses parents lui cachent quelque chose, un espoir paradoxal la galvanise. Bercée par l'euphorie que suscite cet accès de complotisme intime, elle passe son passé au crible de ses soupçons tout neufs
Parlons en de la morosité surtout en ce moment dans notre vie actuelle , sur tout se qui se passe , santé, vie, guerre, etc ...on a de quoi être morose parfois un livre à decouvrir avec plaisir
Luc Blanvillain est un écrivain espiègle. Après « Le répondeur » qui était une merveille de malice (notez qu’il vient de sortir en poche), son nouveau roman met à nouveau en mots l’air du temps et les petites tares de notre société.
Chloé a 30 ans et mis à part qu’elle n’arrive pas à se fixer amoureusement, que l’avenir de la planète est angoissant, sa vie est tout ce qu’il y a de plus banal et de lisse. Un job d’audiodescriptrice, des parents même pas divorcés, zéro problème. Cela n’empêche pas la crise de la trentaine. Elle va donc consulter une thérapeute qui rapidement insinue que ses parents lui cachent un lourd secret.
Ou comment se créer des problèmes quand on en a aucun ! Chloé va vouloir découvrir à tout prix son trauma, trouver le truc dans son enfance qui explique son mal de vivre.
Cette histoire va bien sûr dérailler, pour le plus grand plaisir du lecteur. Sa quête va entraîner mensonges, quiproquos et autres situations réjouissantes jusqu’au dénouement qui tutoie le thriller.
Humour, cynisme, désenchantement, clairvoyance…. c’est auteur est un petit malin qui sait inventer des histoires à plusieurs dimensions. Il y a ici autant de couches que dans un oignon ! En tout cas ça pique, ça mouche et à la fin de l’envoi, ça touche.
Un véritable régal, comme si on avait mixé la série « En thérapie » avec un film de Bacri-Jaoui.
«Vos parents vous cachent quelque chose»
Luc Blanvillain nous offre avec Pas de souci une comédie qui va virer au drame, menée par des protagonistes pleins de bonne volonté. À commencer par Chloé qui se dit que consulter une psy est peut-être une bonne idée.
Voilà Luc Blanvillain de retour et au meilleur de sa forme. Après avoir fait une époustouflante démonstration de sa plume allègre et joyeuse dans Le répondeur où il imaginait un auteur qui engageait un imitateur pour répondre à ses nombreuses sollicitations téléphoniques, voici donc Pas de souci. Un titre qui ne va pas tarder à révéler sa douce ironie. Car des soucis, tous les protagonistes de ce roman vont en avoir.
C'est d'ailleurs pour tenter de résoudre les siens que Chloé décide de consulter une psy. Dès la première séance la thérapeute va instiller le doute dans son esprit en lui affirmant que ses parents doivent sans doute lui cacher quelque chose. Mais lorsqu'elle débarque chez ses parents pour tenter d'en savoir un peu plus, Jean-Charles et Véronique ont beau chercher, faire de leur mieux pour aider leur fille, ils ne trouvent pas le début du commencement d'un secret.
Maxime, le confident de Chloé, veut aussi aider son amie. Il entend s'assurer qu'elle n'a pas affaire à une manipulatrice et décide de consulter à son tour la psy en question, persuadé qu'elle utilise la même recette vis-à-vis de tous ses patients. Il va pouvoir constater qu'il n'en est rien et se retrouve lui aussi pris d’un doute au sortir de sa consultation.
L’auteur choisit alors de nous conduire à Vinteuil-sur-Iton, village de Normandie d'où est originaire Chloé et sa famille. C’est là que Gérard fait la connaissance de Lucette, une vieille dame qui refuse de se soumettre au projet de ses brus et d'aller en finir sa vie en Ehpad. Le quinquagénaire va se révéler un soutien de poids pour sa nouvelle amie, n'hésitant pas à voler à son secours. Car ses visites lui apportent un peu de distraction dans une vie bien terne. Il est certes amoureux de Patricia, son aide-ménagère, mais cette dernière est loin d'être sensible à ses avances. Alors, il noie son spleen dans l'alcool.
Luc Blanvillain va faire converger ces deux histoires dans un final qui va réserver bien des surprises au lecteur, entre quête existentielle, mensonge aux lourdes conséquences et thriller psychologique de haute volée. Sans oublier bien sûr le côté loufoque de la comédie avec ces personnages pleins de bonne volonté, qui ne vont pas si mal, mais qui vont plonger pour un quiproquo, une parole mal interprétée, un geste déplacé dans le drame le plus noir. Il y a du Bertrand Blier ou de l’Albert Dupontel dans ce Blanvillain. Et comme chez les cinéastes, on adore se faire manipuler, se laisser berner jusqu’à cet épilogue machiavéliquement bien conçu.
https://urlz.fr/k8xv
Que serions-nous sans le secours de ce qui n’existe pas ? Paul Valéry.
Moderne, subtil, irrésistible, « Pas de souci » et sous ses faux airs, un adage : « Apprendre à toujours se méfier » à l’instar de Prosper Mérimée.
Judicieux, trépidant, ce roman est un antidote à la morosité. Luc Blanvillain est un marionnettiste de renom qui tire les ficelles, personnages en action. Le rythme soulève la poussière sous le tapis. L’heure est triomphante, captivante, un peu rebelle. Qu’importe les retombées, la chute sera terrible.
L’histoire enfle dans un crescendo qui prend son temps. Tout est calculé, parfait et grandiose.
Dans ce livre, deux familles gravitent. Véronique et Jean-Charles, parents de Chloé et Cécile et Laurent, parents de Maxime. Dans un pas de côté, Patricia, aide à domicile et Gérard, anti-héros, loser et un peu voire beaucoup filou et c’est peu dire, dévoré de sentiments pour Patricia. Les deux familles sont scellées. Éprises et fusionnelles, dans un entendu qui coule de source en quelque sorte. Maxime et Chloé se connaissent depuis leur plus tendre enfance. Les mères sont alliées et confidentes, les pères, mode action, sport commun, foulées de paroles, cadence siamoise. Ils ont déménagé dans un même tempo de Vinteuil-sur-Iton pour rejoindre la capitale. Chloé est l’élément déclencheur. Celle par qui, les murs fondateurs vont vaciller. Chloé est en analyse. Elle rencontre une thérapeute.
« Sur sa vidéo YouTube, la thérapeute sympa présentait ses méthodes avec franchise et naturel… Oui, en vrai, oui, je pense que je souffre un peu… Ses larmes, en lui confirmant le bien-fondé de la consultation, la rassurèrent et lui permirent d’exprimer par saccades quelques-unes de ses difficultés existentielles. »
La thérapeute appui là où ça fait mal. Ses dires vont percer les pages de ce récit. Nous sommes dans une double lecture. Une trame contemporaine, flirtant entre le raisonnable et les psychologies dévorantes et sournoises. « Vos parents vous cachent quelque chose. » Chloé s’interroge. Elle cherche et rassemble l’épars d’un ordinaire bien trop tranquille pour être honnête. Sous les faux-semblants, les conventions, tout est normal et simple. Peut-être l’arbre que cache la forêt ? « Elle était persuadée qu’aux yeux d Maxime comme aux siens, leurs six cœurs étaient transparents, leurs six vies parallèles. »
Quel est ce secret ? Chloé mène son enquête. Trouve son exutoire dans l’antre familial. Elle bouscule les codes, déplace les meubles, boude, joue à chat-perché. Ses parents cherchent ce secret, ce quelque chose de caché, mais quoi ? Les tiroirs s’ouvrent, claquent, les paroles des uns et des autres vont être révélatrices. Pour l’instant, elles ne sont qu’ombres chinoises, à peine effleurées. Entre le rire et la malice, la gravité des non-dits et des actes manqués, ce roman mélo-dramatique dans l’ombre d’un thriller déguisé est d’une haute intelligence. Dévorant et implacable, il prend le lecteur au sérieux. Nous sommes dans la cour des grands. Dans un décorum de psychologie, de sentiments, le relationnel est dévoilé avec plusieurs degrés de compréhension. Moderne et pétillant, une bulle de savon qui va éclater. Mais quelle prouesse , quel roman agité, délicieux comme un bonbon, sombre et intuitif. Sa morale est un tableau sociologique hors norme. Les hôtes des pages soudés dans le lever de rideau sur leur quotidien qui va (peut-être) vite être une épreuve. Ce livre est une pure délectation ! Sa maîtrise est une gageure. Ce genre de roman qui vous donne le sourire, tout en sachant que la littérature y est souveraine.
Ce puzzle assemblé en pages finales est nos propres secrets enfouis tournés en dérision immanquablement. Il y a dans cette force d’écriture intrinsèque les nuances de nos habitus et de nos convictions . La confiance est parfois un as de pique. Lisez ce livre de suite, bientôt , dans vos nuits d’hiver frileuses et tourmentés, face à vos questionnements ou certitudes, c’est un livre salvateur. Après « Le répondeur » Luc Blanvillain nous offre un lâcher de crayons de couleur et que ça fait du bien ! Publié par les majeures éditions Quidam éditeur.
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !