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On ne saurait assez se méfier des portes fermées : qu'y a-t-il derrière ? Quand il évoque la série de coups durs qu'il a déjà rencontrés en poussant simplement une porte, Bob Slocum panique. Car peut-on vivre sans pousser quelques portes chaque jour ? L'anti-héros de Joseph Heller observe pourtant que les autres, dont il a tellement peur, ont peur aussi de leur côté. Chacun n'est-il pas une porte fermée pour tout le monde, et aussi pour soi ? Que découvre-t-on quand on tente d'avancer dans ses propres ténèbres ? Puisque la panique se révèle universelle, il n'y a plus qu'à en rire - du rire jaune de l'humour noir. La verve de Joseph Heller, moraliste incisif, pessimiste plein d'entrain, est inimitable et convaincante : Bob Slocum est le moins admirable des êtres, c'est sûr, mais nous sommes bien obligés de le reconnaître, c'est tout notre portrait. Au moins dans la mesure où chacun de nous cache dans son coeur un enfant qui ne voulait pas grandir, qui a peur de la vie, et pleure de n'être pas assez dorloté. "J'ai enfin trouvé ce que je voulais devenir plus tard : un petit garçon", dit Bob Slocum.
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