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Émilienne, surnommée Émile, s'éteint doucement. Son coeur s'est arrêté, quelques minutes trop longues, et malgré la machine qui désormais la maintient en vie tout porte à croire qu'elle ne se réveillera plus. Près d'elle veille la narratrice, son amie, sa presque-soeur. C'est à elle qu'il incombe de raconter Émile, celle qu'elle appelait vingt fois par jour, celle sans laquelle elle ne serait pas la même, celle qu'elle a rencontrée à un groupe de parole du mardi soir.
Émile et la narratrice partagent plus qu'une amitié : un traumatisme, une violence indicible dont elles ont chacune été victime et qui a marqué leur chair autant que leur âme. De ça aussi il faut parler, puisque c'est ce qui les a réunies, qui les a soudées. La narratrice, danseuse classique, a fait découvrir la danse à Émile, ainsi que cette idole de sa jeunesse, la danseuse étoile Sylvie Guillem, qu'on appelle Mademoiselle Non. Émile quant à elle partageait avec son amie ses indignations, ses engagements, cette ferveur qu'elle mettait à se rendre utile pour toutes les personnes qui en avaient besoin - enfants en difficulté, adolescents à problèmes, femmes battues, demandeurs d'asile... Toutes deux aimaient fréquenter la Cinémathèque française où elles ont vu pour la première fois celle qu'elles appelaient la "Petite Fille au Bout du Chemin".
Cette Petite Fille recroise la route de la narratrice privée d'Émile pour la projeter dans la vie dont elle tentait de s'abstraire depuis deux ans, depuis la nuit fatidique de sa presque-mort. Une vie violente où on souffre et où on crie, mais une vie vibrante où on se révolte et où on s'aime, une vie qui aurait un sens, ensemble, pour tous les autres comme pour soi. Par ses excès, par son énergie têtue, la Petite Fille au Bout du Chemin invoque la colère et le feu poétique comme antidotes à l'apathie, à la honte, aux "quand même" pourris de renoncement d'une société abrutie par l'indifférence et la méfiance face à tout ce qui semble étranger ou inconnu.
Dans ce roman palpitant des spasmes de la folie, des doutes du désir et des vertiges du rêve, Lola Lafon proclame l'insurrection nécessaire des jeunes femmes aspirant à la liberté de leur corps, de leurs sentiments, de leurs choix, de leur monde.
Dès le départ, le temps est suspendu - à la température d'Emile dont le coeur s'est arrêté d'abord, puis aux textes d'une fille classée folle, enfin aux possibles d'une révolte qui s'embrase. Face aux violences des hommes et de l'Etat, accrocher des banderoles partout dans la ville, se réfugier sur une île, se tenir la main, porter le feu des émeutes, danser en résistance... Les Petites Filles au Bout du Chemin sortent de leurs gonds, avec Voltairine de Cleyre et le Hamarket Square en mémoire.
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