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C'est dans le quartier populaire d'Enghien-les-Bains que Jeanne Bourgeois voit le jour le 3 avril 1875. Fascinée par le luxe des belles villas qui entourent le lac et la vie mondaine qui s'étale au Casino, elle caresse des rêves de gloire. Cédant à son désir de quitter l'école pour devenir artiste, ses parents lui font prendre des cours de violon à Paris. Les trajets en train sont l'occasion de nouvelles rencontres, notamment d'un auteur de spectacles qui la baptise "Mistinguette'. C'est sous ce nom qu'elle débute au café-concert, en 1893, dans les salles de quartier de la capitale. Elle ne sait pas bien chanter, ni danser, mais montre des dispositions pour jouer la comédie. Au fil des ans, elle perdra le "e' final de son nom et apprendra sur le tas tout ce qu'il faut pour tenir en scène... Ses refrains sont peu spirituels, mais son entrain plaît au public. C'est en 1908, aux Bouffes-Parisiens, qu'elle crée son personnage de la gosse des faubourgs. Max Dearly la choisit ensuite pour être sa partenaire au Moulin-Rouge. En quelques années, Mistinguett multiplie les expériences : cinéma muet, théâtre de boulevard, music-hall. Elle devient successivement vedette des Folies-Bergère, de la Scala, des Ambassadeurs... Partenaire de Maurice Chevalier en 1911 aux Folies-Bergère dans la "valse renversante', elle s'amourache de ce gosse de Ménilmontant et lui enseigne l'élégance. Incarnant la modernité du spectacle, le couple vedette est à l'affiche des Folies-Bergère, de Ba-Ta-Clan et bientôt du Casino de Paris. Mais bien vite, les orages secouent le couple : Chevalier en a assez de servir de faire-valoir à Mistinguett. La rupture professionnelle précède la rupture sentimentale. Dès 1919, Mistinguett songe à conquérir le public américain. Avec la complicité de la presse, c'est aux États-Unis qu'elle fera naître le mythe de ses jambes assurées pour 1 million de dollars. Directrice artistique du Moulin-Rouge de 1925 à 1929, elle dirige également l'atelier de costumes de l'établissement. Véritable légende vivante, Mistinguett marque de son empreinte l'histoire du spectacle parisien de façon indélébile. Elle revient ensuite au music-hall comme pour prouver à son public qu'elle n'a rien perdu de son énergie, qu'elle est encore capable de porter de lourds costumes et de danser avec des partenaires beaucoup plus jeunes qu'elle. Elle se produira ainsi jusqu'à l'âge de soixante-quinze ans. Sa dernière revue, "Paris s'amuse', montée en 1949 à l'A.B.C., tiendra l'affiche pendant neuf mois. Mais à bout de force, Mistinguett finira par s'arrêter. Privée de scène, privée de public, elle se fanera ensuite très vite pour s'éteindre le 5 janvier 1956 à Bougival."La présence de Maurice Chevalier ne m'a jamais apporté grand-chose, mais son absence a dominé le reste de ma vie...' a écrit Mistinguett dans ses mémoires. Chevalier est en effet le seul homme qu'elle ait vraiment aimé. Leur correspondance, échangée jusqu'à la fin, montre que leur amour ne s'est jamais éteint. À la mort de Mistinguett, Maurice a déclaré : "J'ai perdu l'amour de ma vie. Mistinguett m'a donné les deux plus grands bonheurs de ma vie : l'amour et le succès' Ses chansons : C'est vrai;, La java, La Parisienne, Je cherche un millionnaire, Mon homme, On m'suit, Ça c'est Paris, Il m'a vue nue...
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