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À travers ses souvenirs personnels, son enfance et sa jeunesse, Anne Gallois raconte le roman d'une vie et d'une époque. Trente glorieuses, 1945-1975, le relèvement de la France après la guerre, la société de consommation qui transforme nos vies. La grande histoire à travers la petite histoire, celle d'une famille de six filles, enfants, adolescentes, puis adultes. L'histoire de l'apparition des objets ménagers, des guerres d'Indochine et d'Algérie, de la pilule contraceptive, de mai 68, perçue à travers le regard de la narratrice.
Anne Gallois part des couvertures de Paris Match de son enfance pour faire apparaître les héroïnes et héros qui jalonnent ces trente années, ces trente glorieuses bouleversantes qui sont aussi le théâtre d'un drame familial.
Margot Bourdillon, la narratrice du roman, est la seconde des sept enfants d’une famille de la petite bourgeoisie provinciale de Nevers. Son frère aîné a quitté la maison depuis bien longtemps, ses parents sont des commerçants aisés, catholiques et conservateurs et la vie s’écoule au gré des chamailleries de la fratrie. « J’ai la place, peu enviable, du milieu, enfouie dans un magma de sœurs dont il faut s‘extraire, comme un rescapé des décombres. Condamnée à me faire remarquer à « faire mon intéressante » ». Elle est née en 1942 et nous raconte sa vie de 1954 à 1975. Son enfance, son adolescence puis son entrée dans l’âge adulte marquée par la révolution de 1968 sont l’occasion de mêler l’intime au social, l’histoire à l’Histoire. Chaque chapitre est en effet introduit par la reproduction d’une couverture du magazine « Paris Match » que la petite héroïne va chercher chaque semaine au kiosque. Elle est fascinée par cette revue qui lui permet de s’évader loin de sa vie monotone en s’identifiant aux stars et aux idoles de l’époque et permet à l’autrice de rappeler l’évolution de la société et d’ancrer ses personnages dans le contexte social, culturel et politique de l’époque. Ainsi le premier chapitre s’ouvre sur le célèbre appel de l’hiver 1954 par l’abbé Pierre et le dernier se clôt sur l’élection de Giscard d’Estaing.
L’introduction de ces « unes » est la principale originalité du roman. Au début cela m’a bien plu mais ça devient vite trop systématique et artificiel. J’ai apprécié de découvrir le quotidien d’une famille dans les années 1950, d’autant que ma mère est née deux ans après Margot dans une famille nombreuse régie par les mêmes principes et que j’ai ainsi pu me projeter un peu dans sa jeunesse moi qui suis née peu avant l’élection de Giscard. Mais je déplore que le récit soit trop linéaire et n’ait pas d’épine dorsale. Anne Gallois raconte mais n’adopte pas de véritable fil narratif. On perçoit rapidement le caractère autobiographique du récit puisque la narratrice devient journaliste et a le même âge que l’auteur. Mais, s’il n’est jamais assumé comme tel, il a les défauts d’un livre de souvenirs : elle a visiblement un devoir de loyauté et de mémoire envers sa petite sœur et ne sait pas élaguer. Il y a des redites, trop de détails et de personnages inutiles aussi ; ainsi un parcours qui aurait pu devenir représentatif est constamment renvoyé à l’anecdotique. C’est dommage car ce roman n’est pas exempt de qualités : le portrait des parents avec leurs failles et leur complexité est touchant ; celui de Margot, complexée par sa différence (elle est rousse) et condamnée à son personnage de rebelle, plutôt fin. Le style assez dépouillé est agréable. Avec un vrai fil directeur- comment et pourquoi elle est devenue journaliste par exemple - et l’approfondissement de l’évocation d’autres milieux, que le personnage de Danièle l’amie cachée et ceux des « petites païennes » permettaient, ce récit aurait gagné en épaisseur et en intérêt. Je remercie néanmoins Babelio et les éditions de Borée de m’avoir permis de le lire dans le cadre d’une masse critique privilégiée.
« Mes trente glorieuses » d’Anne Gallois est une autobiographie traitée de façon originale.
Au travers de différentes couvertures de Paris Match, le magazine de son enfance, elle nous délivre des pans de sa vie relatifs à la période du magazine.
La vie d’Anne et de ses sœurs s’entremêle à l’actualité de ce magazine, que celle-ci soit gaie imagée par le mariage de Sylvie et Johnny ou plus sérieuse, tels la guerre d’Algérie ou mai 1968.
Une bio sous forme d’histoires courtes, rapides, tranchantes, nous racontant ces 6 sœurs si semblables et si différentes aussi, avec leurs doutes et leurs certitudes, leurs rêves et la réalité qui fait redescendre sur terre. Les croyances et les mœurs évoluent et cette famille bourgeoise de province n’y échappe pas.
Ces textes associés aux couvertures peuvent être lus/vus comme des photographies de la société de l’époque : les différences sociales des villes de province qui se font sentir aussi bien à l’école que dans les réunions de famille, les choix politiques qui sur une famille diffèrent forcément, l’apparition de la pilule par opposition à l’avortement de la copine…
Je n’ai personnellement pas accroché à ce style haché très particuliers, et ai très vite eu envie de sauter des pages… d’autres, à qui j’ai prêté cet ouvrage, l’ont adoré. Un livre qui au final ne laisse pas indifférent.
Née en 1942, Margot est la deuxième des six filles d’une famille bourgeoise, catholique et conservatrice, d’une ville moyenne de province. Son enfance, son adolescence, puis son entrée dans le monde adulte sont l’occasion de retracer l’évolution de la société française au cours des Trente Glorieuses, dans un récit ponctué par les couvertures des Paris Match de l’époque.
De l’appel de l’Abbé Pierre en 1954 à l’élection de Valéry Giscard d’Estaing en 1974, ce sont ainsi vingt ans d’actualité française et de ce qui semble une autobiographie de l’auteur, qui s’entremêlent. Cette superposition des aspirations et des apprentissages d’une jeune femme rebelle et passionnée, et d’une rétrospective illustrée des grands événements politiques et sociaux de la période, permet de ressentir au plus près les profondes mutations qui ont transformé une France caractérisée par ses profonds clivages sociaux et sa rigidité morale et religieuse, en une société de consommation aux mœurs libérées, aux femmes émancipées, et bientôt aussi à la recherche de ses repères.
Bourré de réminiscences et de détails authentiques, ce témoignage vivant qui se lit comme un agréable feuilleton, suscitera sans doute autant de nostalgie chez les Boomers que d’incrédulité curieuse chez les moins de vingt ans. (Re)découvrir les unes et photographies des magazines de l’époque est amusant et décuple la puissance des évocations. Une interrogation me vient après cette lecture où le documentaire s’appuie sur l’expérience personnelle : que deviendraient ce regard et ce ressenti, s’ils nous étaient rapportés cette fois par Danièle, cette « amie illégitime », dont le père travaillait à l‘usine, et que la narratrice n’avait pas le droit de fréquenter…
Paris Match ! Une revue qui a bercé mon enfance puis ma jeunesse, comme celle d’Anne Gallois que ce soit chez le coiffeur ou ailleurs. Nous partageons également la traversée, ou une partie de la traversée, des trente glorieuses.
D’ailleurs, chaque chapitre de son livre a pour titre une date et dessous, un extrait d’un article de Match qui lui permet d’égrener ses souvenirs.
Margot Bourdillon, le personnage principal du livre, est la seconde des six enfants d’une famille petite bourgeoisie, commençants aisés, catholiques de droite. « J’ai la place, peu enviable, du milieu, enfouie dans un magma de sœurs dont il faut s‘extraire, comme un rescapé des décombres. Condamnée à me faire remarquer à « faire mon intéressante. » »Elle fréquente une institution catholique, s’inscrit aux Jeannettes, l’équivalent des scouts pour les filles d’alors. Ses parents détestent toujours le Général de Gaulle, lui préférant le maréchal Pétain qui a sauvé la France. Oui, la seconde guerre mondiale est terminée, mais, on ne change pas les us et habitudes des familles bien pensantes de la petite bourgeoisie. Mendès non plus « Mendès, comme l’appellent mes parents et leurs amis, n’est pas en odeur de sainteté. On le dit sectaire, mauvais patriote. « Il n’a de France que le nom », persiflent les antisémites ». Pensez, Mitterrand refuse d’assister à une messe célébrée à la cathédrale par l’évêque ! D’ailleurs, dans la Nièvre, on l’appelle Mitrand. On brûle les livres de Simone de Beauvoir, Sartre mécréants qui ne croient pas en dieu
Question sexe, même à la veille de son mariage, la grande sœur ignore tout « Pour ma sœur aînée, comme pour nous, le mariage ne peut être que d’amour. Un amour lisse, éthéré. Pour avoir des enfants, on s’embrasse et c’est tout. » Les choses ont changé depuis ! Μtiens, les « pédales », que Margot ne connaît pas risquent la prison.
Margot, dans sa foi d’enfant et son éducation religieuse se posent des questions : « pourquoi doit-on croire aux miracles et pas aux contes de fées ? » Question qu’elle n’osera poser. Il y a également le chapitre Bernadette Soubirou, Sainte Bernadette dont le corps embaumé est exposé à Nevers, qui aurait subi quelques sévices et vexations de la part des sœurs du couvent. OH NON !! pas de ça chez nous, faux, faux, archi-faux… Les sœurs ne peuvent qu’être exemplaires
Il y a un grand écart, un mur entre les bourgeois et les ouvriers. Margot ne connaît pas d’ouvriers, hormis ceux de son père qui n’ont l’air « ni méchants, ni malheureux ». Les filles de l’école publiques sont, automatiquement, des délurées, enfin une surnommée « La Brigitte Bardot de Nevers »
Le samedi, il est de bon temps d’arpenter la rue du Commerce, de faire les arrêts chez le pâtissier, le boucher, les boutiques de mode.
Puis, mai 68 arrive avec sa « libération », l’espoir d’une vie plus libre. Le monde change.
Avec ce livre, j’ai revécu mon enfance, mon adolescence et je me suis quelque fois, reconnue dans Margot. Je n’habitais pas bien loin de chez elle, enfin dans le département limitrophe, en ville comme elle. A l’époque, d’ailleurs, il y avait une grande différence entre les urbaines et les rurales et il y avait quelques moqueries. Nous n’étions pas du même côté, je fréquentais l’école laïque, mais j’allais au cathé et… Je n’étais pas délurée.
Au fait, maintenant, je n’habite pas loin de Nevers et je l’ai suivie dans les rues, au bord de la Loire.
« Mes trente glorieuses » offre des pages de l’histoire contemporaine à travers une famille française bien comme il faut. Une jolie madeleine pour moi, non plutôt, une tranche de pain beurrée avec une barre de chocolat Poulain.
Dans MES TRENTE GLORIEUSES Anne Gallois nous parle d'un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître ….....celui des Trente Glorieuses.
Elle confie à une narratrice : Margot Bourdillon, le soin de faire vivre ou revivre au lecteur cette période où la France,sortie de la guerre, était en pleine croissance, où les conditions de vie s'amélioraient .
Margot a une dizaine d'années lorsque son récit commence en janvier 1954.
Elle est la 2e des 6 filles d'un couple de commerçants catholiques aisés de Nevers, et c'est au travers de son regard d'enfant plutôt rebelle que nous partageons le quotidien de cette famille trop conformiste à son goût.
Vie domestique, vie scolaire, rapports avec les voisins, avec les oncles, chamailleries au sein de la fratrie......tout cela est rapporté de façon très vivante par une Margot qui chaque semaine dévore l'hebdomadaire Paris Match et, s'identifiant aux héros et héroïnes qui en font la une, s'arrache à sa vie de petite provinciale étriquée .
Et en 20 ans, de 1954 à 1975, il s'en passe des choses pour les membres de ce microcosme familial !
Les enfants grandissent et entrent dans la vie d'adulte, les parents vieillissent .
En parallèle, la société change, les mœurs évoluent. Arrive bientôt « la folie soixante huitarde » avec ses rêves libertaires. Ce monde là est fait pour Margot !
Anne Gallois mêle ici habilement l'intime et le public, le feuilleton familial avec l'histoire politique de la France. Elle montre la transformation des valeurs sociétales, le passage progressif d'un monde corseté à un monde plus ouvert, plus tolérant .
Lire cette chronique d'une société en devenir, c'est comme feuilleter les pages d'un album de photos en noir et blanc .
Le roman a eu pour moi un effet « petite madeleine » . La babyboomer que je suis a retrouvé , avec attendrissement mais sans nostalgie, les images, les parfums et les sons qui ont bercé son enfance .
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