Une fiction historique glaçante et inoubliable, aux confins de l’Antarctique
La pièce de Châteaubrun est l'un des grands succès tragiques du milieu du XVIIIe siècle. Par son sujet, emprunté à l'Antiquité (Euripide, Sénèque, et par delà aux légendes homériques), elle est parfaitement représentative du mouvement de retour à la source antique, prôné et initié par Voltaire, avec Mérope (1743) puis Oreste (1750) : c'est une tragédie dépourvue d'intrigue galante, d'une simplicité absolue, une sorte d'épure néoclassique. Son auteur, à l'inverse d'autres épigones du grand philosophe, ne fait que de timides concessions à l'idéologie des Lumières, alors à l'orée de leur triomphe : visiblement, son but est ailleurs, et sans doute dans la réalisation d'une sorte de prélude à l'Andromaque racinienne, souvent considérée à partir de 1750, comme le premier exemple de tragédie parfaite, après les oeuvres pionnières de Corneille. L'accueil du public et de la critique (Fréron) témoignent du retentissement des Troyennes, que Joseph Vadé, l'immortel inventeur du style poissard, parodia brillamment dans ses Troyennes en Champagne, opéra-comique qui transporte la scène au pays du vin pétillant, assiégé par les Huns.
Ce volume donne à lire ces deux ouvrages oubliés et présente de manière détaillée l'essentiel des réalisations darmatiques, de la Renaissance au début du XIXe siècle, auxquelles a donné lieu le sort des captives troyennes.
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