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L'ordre des caïds ; conjurer la dissidence urbaine au Caire

Couverture du livre « L'ordre des caïds ; conjurer la dissidence urbaine au Caire » de Patrick Haenni aux éditions Karthala
  • Date de parution :
  • Editeur : Karthala
  • EAN : 9782845866386
  • Série : (-)
  • Support : Papier
Résumé:

Depuis une trentaine d'années, la dissidence urbaine est l'un des scénarios récurrents des dérives du politique dans le monde arabe : guerre de milices au Liban où les identités de quartier se marquaient à coup de tranchées dans les années soixante-dix, bandes imposant leur loi dans les "... Voir plus

Depuis une trentaine d'années, la dissidence urbaine est l'un des scénarios récurrents des dérives du politique dans le monde arabe : guerre de milices au Liban où les identités de quartier se marquaient à coup de tranchées dans les années soixante-dix, bandes imposant leur loi dans les " ceintures de pauvreté " cairotes lors de la décennie suivante, furie destructrice de la seconde guerre d'Algérie qui s'empara des zones sinistrées des grandes villes dix ans plus tard.
Allant de mal en pis, " la banlieue " dans le monde arabe semble toujours plus incontrôlable et fuyante. Pauvreté et atavisme obligent, elle serait par excellence la terre d'élection pour les appelés de l'islam radical. A la tête des élans rebelles des bas quartiers, on trouve toujours le caïd. Maître chez lui, héros toujours un peu crapuleux, dépositaire de l'honneur du petit peuple, il est historiquement prédisposé à la geste séditieuse et à la protestation sociale qui, avec ou sans islamistes, a toujours emprunté au vocabulaire de l'islam.
Pourtant, " l'ordre du caïd " est un peu plus contrasté, à l'image du personnage lui-même et du rôle que lui confient les opportunités politiques du moment : patron toujours, souvent voyou, militant parfois, le caïd sait aussi, à l'occasion, être notable. Dans ce rôle, il est d'ores et déjà une pièce centrale des nouveaux dispositifs de contrôle politique émergeant avec la poussée néo-libérale dans la région et particulièrement en Egypte, sujet du présent ouvrage.
Ainsi réajusté, " l'ordre du caïd " signe pourtant moins la victoire de l'Etat sur l'islamisme et les bandes que la richesse politique des " cultures de pauvreté ". Car la loi régissant le quartier, qu'elle soit islamiste ou étatique, a toujours été en partie celle du caïd, flexible de nature mais jamais inféodé à quiconque, preuve, s'il en est, que la politique se construit aussi par ceux d'en bas et que, sous le joug de l'injustice, la banlieue peut échapper au dilemme maudit de la soumission ou du sang.

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