#RL2017 ça y est, c’est parti ! Découvrez les avis de nos lecteurs sur cette sélection
« Née pour détruire les rois, née pour remodeler le monde, née pour horrifier et briser et recréer, née pour endurer et n'être jamais effacée. Hécate-Médée, plus qu'une déesse et plus qu'une femme, désormais vivante, aux temps des origines ». Ainsi est Médée, femme libre et enchanteresse, qui bravera tous les interdits pour maîtriser son destin. Magicienne impitoyable assoiffée de pouvoir ou princesse amoureuse trahie par son mari Jason ? Animée par un insatiable désir de vengeance, Médée est l'incarnation même, dans la littérature occidentale, de la prise de conscience de soi, de ses actes et de sa responsabilité.
Dans une langue sublime et féroce, David Vann nous offre une relecture moderne du mythe de Médée dans toute sa complexe et terrifiante beauté. Le portrait d'une femme exceptionnelle qui allie noirceur et passion dévorante.
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J'ai trouvé ce portrait de femme particulièrement fort et violent, alternant toujours entre revendications légitimes et folie meurtrière. Médée avait-elle le choix ? Pouvait-elle s'extraire de sa condition de femme de la Grèce antique et acquérir le pouvoir sans faire preuve de cette violence ? L'auteur décrit d'ailleurs très bien le mâle guerrier de ce temps, qui tue avant de vérifier qu'il s'agit bien d'un ennemi. Quand la violence témoigne de la puissance et du pouvoir des hommes, elle est la marque de la folie chez les femmes.
Quant au dernier acte de Médée dans ce texte... acte d'amour ou de folie ? Elle est partie trop loin pour pouvoir se contenter d'une vie ordinaire, et son périple tournera au drame.
Un conseil : lisez ce livre l'esprit disponible... ou accrochez-vous. Mais ne passez pas à côté, c'est un récit remarquable.
Sorcière, magicienne, prêtresse, on peut y aller de tout le répertoire quand il s’agit de Médée, personnage de la mythologie grecque qui a défrayé cette même mythologie par son parcours décoiffant. Figure emblématique de la trahison, fratricide, empoisonneuse, son casier judiciaire ne passerait aujourd’hui aucun portique de sécurité…
Ce qui nous interpelle par-dessus tout, c’est comment après Pasolini notamment, David Vann s’est-il fait ensorcelé à son tour. Rapidement à la lecture de ce nouveau roman, on comprend que la violence physique et psychologique des personnages ainsi qu’une nature ultra présente rappellent en beaucoup de point sa littérature, son style et son univers empreint de noirceur.
Ce roman est magnifiquement écrit sous la forme de ce que l’on pourrait concevoir comme un chœur antique ou encore un poème épique qui se tisse au fil de la fuite de Médée depuis le royaume de Colchide, où elle a décroché la sulfureuse toison d’or pour l’offrir à Jason et ses Argonautes.
Médée est entière, amoureuse, passionnée et donc furieuse quand Jason ne correspond plus à ce qu’elle en attend. Pour lui elle a passé la tenue d’une actrice de film gore, égorgeant son propre frère, le coupant en morceaux qu’elle jette à la mer pour retarder la flotte des poursuivants emmenée par son père. Sauvage, c’est l’adjectif qui vient s’appliquer à l’héroïne et son environnement « Des lieux désolés, demeure des dieux ou d’un désir des dieux ». L’odeur du sang et des viscères parcourent le chemin de cette femme qui sans cesse réagit. Action réaction. Responsabilité et vengeance. David Vann est à son aise, lui qui dans ses premiers romans n’a pas décrit autre chose que des paysages désolés de l’Alaska dans lesquels souvent des membres d’une même famille se déchirent…. Aussi quand Médée parcourt une forêt de nuit pour ramasser toute la pourriture naturelle qu’elle peut trouver et en faire une potion pour les Argonautes, nous sommes en terrain connu. L’eau, la terre, le feu, la rage…Il y a bien un alignement des planètes littéraires. La mythologie grecque inspire David Vann qui la magnifie. Et Médée devient immense.
Le voyage prend fin. David Vann met un terme au poème après avoir suivi son personnage au plus près, nous offrant des images aussi superbes que violentes, éclairées à la torche et à la peur. Dans la dernière partie la tragédie devient politique. Médée qui fait et défait les rois se heurte au silence des dieux et gère avec ses seuls moyens de nouvelles exécutions sanglantes ainsi que la trahison de Jason dont elle est la victime.
Puissant, magnifique, le texte a le rythme du feu. Là où certains metteurs en scène d’opéra pensent revisiter une œuvre seulement en habillant Violetta en tutu vert pomme, David Vann colle à la tragédie d’Euripide en lui donnant un incroyable souffle, tout en respectant l’œuvre originale et son héroïne pour qui il ne cache pas sa fascination. Ici nous sommes au niveau d’un Welles adaptant Shakespeare.
Un grand roman d’aventure, de batailles, d’amour et de mort.
AVIS DONNE DANS LE CADRE DU CLUB DES EXPLORATEURS :
David Vann est un écrivain américain, pétri de culture classique .Ainsi a-t-il suivi un cursus sur le grands ouvrages de la littérature occidentale à Sanford en Californie et aussi participé à un atelier de la pensée féministe tenue par la professeure Leslie Cahoon, classiciste et féministe .Il se définit lui-même comme un auteur néo-classique et a découvert la Médée d’Euripide à ce moment .
La légende de Médée débute par la conquête de la Colchide par les Argonautes qui veulent s’emparer de la toison d’or. Le roi Aeétès est hostile à ce projet mais les Argonautes reçoivent l’appui de Médée, fille du roi qui s’est éprise de Jason .Elle s’enfuit avec Jason , tue et découpe son frère Absyrtos, elle parvient en Thessalie à Iolcos et se livre à des crimes :elle incite les fils de Pélias à découper leur père en morceaux et à le jeter dans un chaudron d’eau bouillante pour le faire rajeunir. Plus tard, Jason abandonne Médée pour Créüse, fille de Créon et roi de Corinthe .Médée se venge en offrant à Créüse une tunique qui brûle son corps, le feu est mis au palais, après quoi Médée s’évade vers Athènes, épouse le roi Egée dont elle a un fils pour retourner enfin en Colchide auprès de son père , après avoir été bannie par le roi de Thésée.
Dans le récit de David Vann, nous n'avons pas affaire à une copie pute et simple de cette légende antique , à une répétition servile du récit ;ce n’est pas un succédané que l’auteur nous dévoile mais une reformulation du mythe en des termes plus contemporains :ceux de responsabilité et de liberté de la femme et de sa place dans un monde d’homme…Le ton est donné dès les premières pages : « Mais l’urgence de Jason est tangible, sa chaleur .Elle l’attire à elle, l’enlace, puise dans ce souffle et dans cecœur.Tout le reste est perdu. Voilà ce qui lui appartient désormais .Elle le maîtrisera. »
L’auteur, dont on sent tout au long du texte la profonde empathie pour Médée, aborde aussi des points capitaux : la signification du sacrifice, la notion de courage, et celui du pouvoir : « Voilà ce que Médée croit : qu’il n’y a pas de dieux. Il n’y a que le pouvoir, et afin de détenir le pouvoir, il faut être issu d’un dieu. » C’est l’un des charmes de ce roman que de nous faire participer constamment à l’élaboration des réflexions de Médée durant ses pérégrinations .L’interrogation sur les liens entre les dieux , la nature humaine et la violence est on ne peut plus actuelle aux yeux de lecteurs du XXIe siècle : « Elle essaie d’imaginer le dieu serein, le dieu jamais craint, sans rage, qui ne détruit jamais.(…) Ce dieu devrait prendre la forme d’un arbre, de l’herbe, d’une fleur quelconque, un élément sans voix ni pensée ni volonté .La rage si inéluctable et si humaine. »
Beau texte, au style travaillé et agréable, innovant dans la récréation d’une légende, tout en se réclamant des sources classiques .A recommander.
David Vann, une plume à la fois brillante et glaçante que j’ai découvert avec le sublime « Sukkwan Island ». Dans « L’obscure clarté de l’air », Vann redonne vie au mythe de Médée la tueuse, la justicière, la vengeresse passionnée. On connait tous son grand amour pour Jason qu’elle va aider à voler la toison d’or. Mais où l’auteur veut-il nous embarquer ? Que va-t-il nous apporter de neuf dans cette tragédie si maintes fois contée ??
Il est vrai que Vann aime tisser des drames de familles névrosées dans une nature hostile. On comprend mieux que la mythologie grecque l inspire. J’avoue être surprise par un début de style plus haché, plus brut que d’habitude. Les phrases sans verbe, texte sans dialogues… les mots crépitent, certainement pour mieux restituer la violence de l’époque. Son écriture est féroce pour raconter la rage de Médée, amoureuse de Jason pour son malheur. La forme ensuite m’a parue moins rude. Le récit plus prenant.
Il n’est pas rassurant, ce voyage épique au bord de l’Argo entre monstres marins et montagnes sombres, avec l’aînée du Dieu Soleil pourtant prêtresse de l’obscurité. Son frère devrait être roi. Elle maudit les rois. Elle rêve d’un monde sans roi et veut supplanter la lignée paternelle. Elle maudit surtout le roi Pélias qui a volé le trône de Jason. Elle méprise les Argonautes sales et ivrognes, elle les terrorise ! Même le roi de Corinthe se méfie d’elle. Princesse trahie elle est obligée de ruser pour se libérer des chaines qu’on lui impose. Pourquoi les hommes ont-il ce désir constant de dominer ? Jason mérite-t-il cet amour démesuré, cette passion qui flirte avec la folie ?
Venant de l’eau et du soleil, de l’obscurité et de la lumière Médée est à la fois une mère, une soeur, une seule et même femme et toutes les femmes. Avec grand talent David Vann défend sa cause. On a le sentiment qu’il veut atténuer sa culpabilité, rendre ses crimes moins horribles. Sa vengeance est à la hauteur de sa souffrance. Livre surprenant, écriture incroyablement belle qui semble ardue au départ et vous fascine au fil des pages…Un livre que je recommande.
l’obscure clarté de l’air : mon rendez vous de la page 100
David Vann :une plume à la fois brillante et glaçante que j’ai découvert avec le sublime « Sukkwan Island »
l’obscure clarté de l’air : VANN revisite le mythe de Médée la tueuse, la justicière, la vengeresse passionnée. On connait tous son grand amour pour Jason qu’elle va aider à voler la toison d’or.
Mais où l’auteur veut-il nous embarquer ? Que va-t-il nous apporter de neuf dans cette tragédie si maintes fois contée ??
Il est vrai que Vann aime tisser des drames de familles névrosées dans une nature hostile. On comprend mieux que la mythologie l inspire …
J’avoue être surprise par ce style plus haché, plus brut que d’habitude. Les phrases sans verbe, texte sans dialogues… les mots crépitent, certainement pour mieux restituer la violence de l’époque, Il écrit avec rage, la rage de Médée amoureuse de Jason pour son malheur.
Il n’est pas rassurant ce voyage épique au bord de l’Argo entre monstres marins et montagnes sombres avec l’aînée du Dieu Soleil pourtant prêtresse de l’obscurité. Son frère devrait être roi. Elle maudit les rois. Elle rêve d’un monde sans roi et veut supplanter la lignée paternelle. Elle maudit surtout le roi Pélias qui a volé en Thessalie le trône de Jason. Elle méprise les Argonautes sales et ivrognes, elle les invective, ils sont terrorisés !
Princesse violente elle est obligée de ruser pour se libérer des chaines qu’on lui impose. Pourquoi les hommes ont-il ce désir constant de dominer ? Va-t-elle être obligée de tuer pour être libre ?.Et Jason l’aime-t-il autant ? A découvrir ..
Nathalie Bullat
Le 19 aout 2017
Fidèle lectrice de David Vann, je sais depuis longtemps qu’en ouvrant un de ses livres, je ne m’embarque pas dans une aventure où la vie est belle, parsemée de bons sentiments et autres mièvreries littéraires. J’ai l’habitude d’être malmenée sous la plume d’un auteur que je considère comme l’un des meilleurs de la littérature américaine.
Cette fois ci, ma souffrance a été d’une toute autre nature, en découvrant qu’il me proposait le mythe de Médée, sorte de femme fatale de la mythologie grecque. Ignorant absolument tout du sujet, j’ai dû dans un premier temps aller glaner sur Wikipédia quelques précieux renseignements pour appréhender plus sereinement ma lecture. Pas à pas, laborieusement, j’ai découvert cette femme descendante du soleil, mais adorant l’obscurité dans ce qu’elle a, à la fois de terrible et de fascinant.
Ce qui m’a frappé dans ce livre est la profusion des détails fournis par l’auteur. L’écriture est minutieuse et violente. Rien ne nous est épargné dans la description des meurtres, des tortures et du sang versé. Certaines scènes m’ont parues insoutenables, me laissant à la limite de la nausée.
Une souffrance, oui, cette lecture me fut douloureuse, mais, n’est- ce pas le propre des grands livres et des grands écrivains d’emmener le lecteur au-delà de là où il pense être capable d’aller ? Je ne peux que regretter mes lacunes qui ne m’ont pas permis d’apprécier pleinement un roman qui m’a cependant beaucoup appris et dont je ressors avec la curiosité d’approfondir mes connaissances pour reprendre dans quelques temps cette « Obscure clarté de l’air » et en goûter pleinement la mortelle saveur.
Mon avis à la page 100 :
En ouvrant ce roman, j’ai eu la surprise d’y découvrir le mythe de Médée, sorte de femme fatale de la mythologie grecque.
Ignorant absolument tout du sujet, j’ai dû dans un premier temps aller glaner quelques renseignements sur Wikipédia pour appréhender plus sereinement ma lecture.
Au bout de cent pages, je m’habitue peu à peu à cette histoire, bien aidée en cela par la qualité de la plume de l’auteur toujours aussi percutante.
Quel que soit mon verdict final, je crois que cette lecture m’aura beaucoup appris.
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